Fonds de tiroir


Interdire la mendicité est à la fois une connerie et une saloperie. Une connerie parce que ça ne sert à rien à moins d'imposer à la police de s'y consacrer toute entière, et une saloperie parce que ça ne consiste qu'à s'en prendre aux pauvres faute d'avoir la volonté de s'en prendre à la pauvreté. Mais en les temps que nous traversons, une connerie doublée d'une saloperie, et lourdement teintée de racisme (anti-rom) pour faire encore plus gluant, ça peut rencontrer un assentiment dans une part non négligeable de l'« opinion publique ». Et donc, la droite vaudoise a réussi, grâce à l'abstention des Verts, à faire passer au Grand Conseil l'interdiction et la répression de la mendicité. Ce que la droite genevoise avait elle aussi réussi à imposer au bout du lac. On a rapidement pu vérifier l'inanité de cette mesure : les amendes infligées aux mendiants sont impayées, les procédures de mise aux poursuite coûtent un saladier sans rien rapporter, la police est distraite de fonctions utiles pour assumer la fonction des anciens «chasse-gueux» médiévaux, la police vaudoise n'a jamais été confrontée à des cas de mendicité relevant de l'existence d'un réseau ou d'une mafia, qui se foutent d'ailleurs des interdictions puisqu'ils en vivent,  mais les promoteurs de cette interdiction n'en démordent pas : les mendiants, ça fait désordre, ça gâche le paysage pour les touristes et ça embête les commerçants. Sus donc aux mendiants, dans le canton de Vaud comme à Genève ! « La  pensée descend les fleuves », écrivait Ramuz. Apparemment, la connerie, elle, remonte le Rhône le long des rives du lac qu'il a formé.

Le mouvement (il aime pas qu'on le considère comme un parti politique, même si c'en est un...) solidaritéS a tenu fin septembre à Lausanne son « troisième congrès interrégional ». Et y a réaffirmé « la subordination de nos activités parlementaires à la priorité des mobilisations sur le terrain ». C'est légitime. Et accessoirement précautionneux, quand on frise la limite du quorum et qu'on est donc constamment menacé de se faire lourder des parlements faute d'un nombre suffisant d'électrices et teurs.

Vous vous souvenez qu'on a perdu en votation fédérale sur l'initiative « AVS+ », qui proposait d'augmenter les rentes vieillesses ? C'est pas si vieux... bon, on avait quand même gagné en Romandie (sauf en Valais et à Fribourg) et au Tessin, mais au plan national, on avait perdu. Et on se demandait pourquoi, vu que d'habitude, sur l'AVS, on gagne. Alors voila un élément de réponse : les deux tiers des annonces payantes publiées dans la presse dans le cadre de cette votation, et il y en avait 50 % de plus qu'en moyenne pour les votations fédérales, ont été payées par les adversaires de l'initiative (partis de droite et syndicats patronaux). Et on dit qu'il n'y a plus d'argent pour l'AVS ? En tout cas, il y en a assez contre...

Or donc, l'union européenne, la Suisse et la Russie, se sont unies pour expédier sur Mars une sonde, en espérant y découvrir une trace de vie, même réduite à des bactéries. On pourrait aller moins loin pour une telle recherche : à Alep, par exemple. Parce que les formes de vie y semblent de plus en plus rares.

Après la grève du rasage (ils se laissaient pousser la barbe)  et la grève du pantalon (ils portaient bermudas), les policiers genevois ont choisi une nouvelle arme de lutte : la grève des langues étrangères. Ils ont donc décidé de ne plus parler que le français en service, et de faire appel à des traducteurs externes pour dialoguer avec des allophones, en réponse à une directive horaire qu'ils combattent.  Après tout, pourquoi pas : le soutien à la francophonie peut prendre des formes inventives...

Dans un long papier (une page entière, même) sur les affres politiques en lesquelles est supposé se débattre le Conseiller d'Etat MCG Mauro Poggia, coincé entre sa fidélité à Gominator et son intérêt à ce que le parti qui l'a présenté (et fait élire) au gouvernement genevois (le MCG, au cas où vous prendriez Poggia pour un PDC...) soit le moins atteint possible par les foucades du susdit Gominator, on fait état d'un énervement croissant à son égard (celui de Poggia, donc) de la part de militants et élus du MCG : qu'il ne veuille pas rompre avec Stauffer, un  « élu anonyme » (et courageux) s'en étonne et s'en énerve :  « après le problème Stauffer, il y a un problème Poggia »... Le luminescent Conseiller national MCG Roger Golay trouve que la position de Poggia est  « beaucoup plus affective que rationnelle » (et Dieu sait si on aime la rationalité, au MCG). Des militants lui reprochent de  « penser plus à sa réelection qu'à son parti »... et Gominator lui-même lui reproche de  « ménager la chèvre, le chou, la ferme et le pré ». Bon, les élections, c'est même pas l'année prochaine, c'est dans deux ans, d'ici là, tout ce beau monde a le temps de recoller les morceaux, mais en attendant, ce foutoir est plutôt réjouissant. On est bon public. Mais faut dire aussi que les règlements de compte à droite de la droite, ça nous change des règlements de compte au sein de la gauche de la gauche. Une sorte de petite respiration bienvenue, quoi.

S'exprimant dans la « Tribune de Genève » contre la proposition de la gauche municipale genevoise de doter la Ville d'un « maire de la nuit » pour renforcer la prise en compte politique des spécificités de la vie nocturne, la conseillère municipale PLR Michèle Roullet proclame qu'on n'en a pas besoin car on a déjà un maire de Genève de jour et de nuit « élu démocratiquement par les urnes ». Rappelons donc (de nuit) à la conseillère municipale PLR qu'à Genève, le (ou la...) maire n'est pas « élu démocratiquement par les urnes » mais désigné par ses collègues du Conseil administratif, pour une année, et par tournus, chaque membre du Coneil administratif à son tour. Ouala. C'était notre rubrique « alpha-bétisation politique des zélu-e-s ». Si on peut y contribuer...

Dernières nouvelles de la sonde (dont on vous causait hier) que l'Union européenne, la Suisse et la Russie ont expédiée sur Mars pour tenter d'y découvrir une trace de vie, même réduite à des bactéries : finalement, il semble que l'engin se soit éclaffé en tentant d'amarsir (c'est pas comme ça qu'on dit pour « atterrir sur mars »?). Bon. Ben maintenant, l'Union européenne, la Suisse et la Russie peuvent s'unir pour ce qu'on leur suggérait hier : envoyer une sonde sur Alep, paraît qu'il y reste une forme de vie.



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