La Teuf de Piogre


Encore un enjeu mobilisateur dans la Parvulissime République...
   
On en a, des enjeux mobilisateur, dans la parvulissime république : ses fêtes, par exemple, les Fêtes de Genève -oh pardon : le Geneva Lake Festival... -on aurait préféré la Teuf de Piogre, mais on nous a pas demandé notre avis, on ne pantoufle pas à Genève Tourisme. Donc, une initiative populaire a été lancée pour changer le concept des Fêtes de Genève. Le dépoussiérer. Lui donner un peu plus de sens qu'en peut avoir le bastringue mercantile en quoi elles se réduisent. En faire des fêtes, des vraies, en somme. Doutent de rien, les initiants. Même pas du sens de la fête des Genevois en général, et de leurs zautorités en particulier. Parce que quand la capitale mondiale du monde mondial fait la fête, elle veut que ça lui rapporte. Et que ça dure. Et que les touristes friqués (les autres, on s'en fout) en aient pour leur argent -ou plutôt, la petite part de leur argent qu'ils vont laisser dans les caisses indigènes. On n'est pas dans le potlatch amérindien, ou la Fête des Fous, on est dans l'investissement.


Des fêtes pas sages, des fêtes pas propres, des fêtes pas rentables.  Des fêtes, quoi, merde !


L'initiative populaire "pour des Fêtes de Genève plus courtes et plus conviviales" propose de limiter à une semaine la durée de l'exercice festif, de déplacer les forains à Plainpalais, et qu'un "comité culturel" soit chargé de donner du sens à tout cela. Une semaine ? C'est trop court pour autofinancer les fêtes, leur répond-on -mais les initiants ont proposé de tenir les Fêtes une fois tous les deux ans, en alternance avec une autre manifestation, et de les tenir pendant deux semaines, histoire de les rentabiliser -comme si c'était un critère : est-ce qu'on se demande si la Fête de la Musique est rentable ? Les forains à Plainpalais ? Inconcevable, a-t-on clamé. Pourtant, il nous semble bien qui deux ou trois fois l'an, la Plaine se transforme en champ de forains... L'initiative propose en fait que la Ville de Genève organise elle-même les Fêtes de Genève. Hurlements : elle sait pas faire ça, la Ville. Et c'est pas à elle de le faire. Et ça va coûter des sous. Et le comité culturel que propose l'initiative pour donner du contenu aux Fêtes, c'est pas possible. Et on a beau renvoyer à ces détracteurs l'exemple de la Fête (gratuite) de la Musique (organisée par la Ville, justement, avec un comité d'organisation) et de ses centaines de milliers d'auditeurs-spectateurs, rien n'y fait : les Fêtes de Genève, la Ville de Genève ne saura pas les organiser. Bon, si c'est pour faire aux Fêtes de Genève la même chose que ce qui a été fait ces dernières années, c'est vrai qu'on n'a pas besoin de la collectivité publique, "Genève Tourisme" suffit.

Le Conseil municipal, après avoir refusé l'initiative (on n'a été qu'une poignée à l'accepter) a décidé de charger le Conseil administratif de lui présenter un contre-projet. Dont on ne sait rien, mais dont on suppute qu'il ressemblera fort à ce qu'ont été les Fêtes de Genève cette année. Or nous (et ce n'est pas, pour une fois, un pluriel de majesté), on veut autre chose.  On veut des fêtes, Des vraies. Des Fêtes pour toutes et tous. Des fêtes où il y aurait de tout, un peu partout (et pas seulement autour de la rade -pardon : du Lake...). Des fêtes sans quartiers VIP pour les feux d'artifice. Des fêtes comme celles dans lesquelles on est tombé à Bilbao cet été, avec un feu d'artifice tous les jours, et gratuit. Avec des stands et des scènes tenus par les milieux culturels et politiques alternatifs, aux côtés des stands et des scènes habituels. Des fêtes qui occupent tout le centre-ville, toute la nuit. C'est pas ce que propose l'initiative, mais c'est ce qu'elle rendrait possible si elle était acceptée : des fêtes qui ressembleraient à des fêtes de Genève que les Genevois et voises se seraient appropriées. Des fêtes pas sages, des fêtes pas propres, des fêtes pas rentables. Des fêtes comme des émeutes gentilles.
Des fêtes, quoi, merde !

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