Proclamer nos villes "villes de refuge" : Plus qu'une rhétorique : des actes !


Un appel soutenu par 10'000 personnes a été remis le 20 juin à une représentante de la Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga : il demande à la Suisse d'accueillir rapidement 50'000 réfugiés. "Les frontières ne doivent plus tuer", a proclamé la présidente du syndicat Unia, alors que, du même syndicat, Alessandro Pelizzari, à l'origine des pétitions, rappelait que la fermeture des frontières européennes avait pour conséquence des milliers de morts en mer et des dizaines de milliers de morts-vivants entassés sur terre dans des conditions inacceptables. "Nous ne serions pas ce que nous sommes devenus sans les gens venus de l'extérieur", a enfin résumé le rappeur Greis. Voila. C'est ce qui s'appelle être à contre-courant. Et c'est la preuve qu'on est vivants : le sens du courant, c'est bon pour les poissons morts. L'appel pour l'accueil de 50'000 réfugiés invite également les villes suisses à se proclamer "ville de refuge" pour accueillir concrètement les réfugiés. Et qu'est-ce qu'une ville-refuge ? A Genève, où une motion déposée au Conseil municipal demande que la Ville soit toujours ville de refuge", si on ne s'autosatisfait pas  de la nostalgie des temps héroïque du Refuge huguenot, ou d'une autoproclamation idéaliste, ce peut être l'accueil de réfugiés par des familles d'ici. Et cela se fait déjà. Et cela peut se faire plus.


"Genève fut cité du refuge. Elle doit le rester -ou le redevenir"

L'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR), qui avait lancé à Genève un projet-pilote de "familles d'accueil" de réfugiés (des projets comparables ont également été lancés en Argovie, à Berne et dans le canton de Vaud, et en tout, dans les quatre cantons,
800 familles s'étaient déclarées, au moment du lancement du programme, prêtes à y participer) est très heureuse de la manière dont ce projet a été reçu (avec "enthousiasme") par la population genevoise : bien plus de familles se sont déclarées prêtes à accueillir des réfugiés que l'OSAR et l'Hospice Général ne pouvaient l'espérer, et que le cadre contraignant imposé à cet accueil ne le permettait. 24 réfugiés ont certes pu être accueillis par des familles par l'intermédiaire de l'OSAR et 34 par l'intermédiaire de l'Hospice Général, mais, de l'avis même du Conseiller d'Etat (MCG) Mauro Poggia, Genève pourrait faire mieux. L'hébergement dans des familles n'a en effet que des avantages, même du trivial point de vue financier : il coûte en effet bien moins cher que le stockage des réfugiés en sous-sol dans des abris de protection civile, comme le subissent encore 400 personnes à Genève. Mais surtout, il assure une intégration bien plus rapide, et bien plus réelle, des immigrants concernés. Non seulement ils et elles sont hébergés dans un cadre normal, familial, mais ils et elles y apprennent la langue et les habitudes sociales du lieu, et sont bien plus facilement acceptés par les habitants des communes où ils et elles sont hébergés que si elles l'étaient dans des centres d'accueil spécifiques.

La Suisse reçoit 3 % de l'ensemble des réfugiés arrivant en Europe. Genève, quelques pourcent de plus de l'ensemble des réfugiés arrivant en Suisse. On est bien loin d'une invasion. Bien loin de la proportion et du nombre de réfugiés qu'on avait su accueillir en des temps plus (les guerres de religion) ou moins (la Hongrie de 1956, la Tchécoslovaquie de 1968...) passés. On conclura ici par les mêmes mots que se conclut la motion déposée au Conseil municipal de la Ville de Genève  : "Genève fut cité du refuge. Elle doit le rester -ou le redevenir. Genève est le siège du Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés. Elle doit en assumer autre chose que l'image. La Convention internationale de 1951 instituant le droit d'asile et le devoir de protection des réfugiés porte le nom de Genève. Cet honneur se mérite".

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