Union des Villes Genevoises : Que peste la droite rupestre !

On se souvient que la création de l'Union des Villes Genevoises, non pas concurremment mais parallèlement à l'Association des Communes genevoises (qui regroupe les 45 communes du canton, de la plus petite à la plus grande, de la moins peuplée à la plus peuplée) avait donné des boutons à la droite (et aux droites municipales, à quelques exceptions près), qui y voyait une entreprise sournoise de la gauche pour affaiblit la vieille Association des communes genevoises, où la droite, précisément, et en particulier la droite des villages, est hégémonique. Certes, l'initiative de créer l'UVG avait été prise par des magistrates et magistrats de gauche, mais elle était ouverte (et l'est toujours) à toutes les magistrates et magistrats, de gauche, de droite, du centre ou d'ailleurs, membres des exécutifs municipaux y ayant adhéré. Les élus de droite des six exécutifs membres de l'Union y participent d'ailleurs activement, et si l'UVG ne rassemble que des exécutifs à majorité de gauche (ceux de Genève, Vernier, Lancy, Meyrin, Carouge et Onex), c'est que ceux à majorité de droite ont refusé d'y adhérer. Et c'est donc maintenant les droites municipales des villes qui demandent aux exécutifs municipaux de quitter l'Union des villes. Pour inciter les membres de ces exécutifs à créer à la place une Amicale des Conseiller-e-s Administratif-ves des Villes Genevoises ?


"Aimons nos montagnes, nos Alpes de neige, aimons nos campagnes que Dieu les protège"...


Les boutons que la création de l'UVG avait donné à la droite genevoise n'ont pas disparu. A peine se sont-ils un peu encroûtés -ils ne demandaient qu'à suppurere pour peu qu'on les gratte : à Lancy et Carouge et en Ville de Genève , des élues et des élus de droite et d'extrême-droite proposent aux Conseils municipauxde demander aux Conseils administratifs de se retirer de l'Union des Villes. Sans doute ces textes sont-ils sans grand effet possible, même s'ils étaient adoptés (celui proposé à Carouge a été refusé par le Conseil municipal), puisque la décision d'adhérer ou non à un groupement dont la forme est celle d'une association de droit privé, qui n'est pas un groupement intercommunal et auquel l'adhésion n'entraîne aucune conséquence financière, est de la compétence exclusive du Conseil administratif, mais tout de même : les démarches de la droite témoignent surtout de son incapacité à admettre les spécificités des villes, et le changement du cadre politique qu'entraîne la transformation d'une commune anciennement rurale, ou rurbaine, en une commune urbaine. Dans les communes les plus récemment devenues officiellement des villes, c'est-à-dire ayant dépassé la dizaine de milliers d'habitants, tout se passe comme si les droites municipales continuaient à croire agir dans des villages, avec des problèmes de villages, des enjeux de villages et des sociabilités de villages. On peut comprendre ce retard à l'allumage urbain, mais que de telles démarches soient tentées dans des villes qui le sont depuis aussi longtemps que Carouge (depuis deux siècles) ou Genève (depuis un peu plus de 1500 ans...) est évidemment un peu surprenant d'amnésie ou de nostalgies rupestres -mais que la droite des villes se rêve encore en droite des campagnes tient finalement plus de la fable que de la ligne politique. Laissons pester la droite rupestre...
Il se trouve que les villes n'ont pas les mêmes problèmes, les mêmes responsabilités, les mêmes charges que les petites communes -mais qu'à la seule différence de la Ville de Genève, elles ont le même poids au sein de l'Association des Communes Genevoises, interlocutrice institutionnelle d'un canton qui se satisfait fort bien de la marginalisation politique des villes en général (et de la Ville de Genève en particulier) au sein de cette interlocutrice, laquelle a d'ailleurs précisément été érigée en interlocutrice institutionnelle pour cette raison : contraindre les villes. Autant dire que la proposition cosmétique de la droite municipale genevoise de demander au Conseil administratif de proposer à l'ACG de modifier ses statuts pour y accroître les "prérogatives" des villes en général et de la Ville de Genève en particulier tient un peu de la bouffonnerie : demander à l'ACG de se défaire de ce qui la tient, c'est-à-dire la sur-représentation des petites communes (de droite) naguère rurales et désormais résidentielles et la sous-représentation des principales villes et de la Ville de Genève, a autant de chances d'être suivi d'effet qu'une supplique aux syndicats patronaux de se rallier à l'autogestion socialiste.
Qu’attend-t-on de la Commune ? nous en attendons la concrétisation des principes mêmes de la démocratie, ce qu’elle seule peut offrir sans appareil de contrainte et ce que les vieux socialistes résumaient en une formule : « passer du gouvernement des hommes à l’administration des choses ». Passer de l’ordre public au service public, la Commune étant (si les moyens et les compétences lui en sont donnés, ou si elle fait l’effort de se les accorder, même lorsqu’ils lui sont refusés) l’exemple même, et le seul en tant qu’institution politique, d’une collectivité définie par les services qu’elle rend à la population (et pas seulement à la sienne : la commune de Genève offre des services à la population de toute la région, des bibliothèques à la voirie, du Grand Théâtre au Service d’incendie et de secours). Par définition, la commune est le service public en actes : n’étant pas fauteuse de lois, sa seule réalité politique est celle de la mise à disposition de services, de la concrétisation de droits fondamentaux, de la matérialisation des discours politiques. La commune est le service public, parce qu’elle n’est rien d’autre –sauf à se nier en tant que commune. Ce que d'ailleurs la droite genevoise n'a cessé de faire  : la commune de Genève lui a été imposée par une révolution, du temps où les radicaux étaient radicalement de gauche.
Ce qui ne rajeunit pas leurs héritiers présomptifs.

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