Prestations en baisse, tarifs en hausse, personnel à bout : Les TPG dans la nasse
Le nouvel horaire des Transports publics genevois vient d'entrer en
vigueur. Et après une réduction de 4 % de leurs prestations depuis deux
ans, c'est une nouvelle réduction de 0,5 % qui leur a été imposée par
leur direction (et leur ministère de tutelle, le département des
Transports), alors qu'elle annonçait en octobre qu'elle opérait une
"relance" après ces deux ans de "baisse contrainte". Contrainte par qui
? Ben, par la direction, avec l'aval du Conseil d'administration de la
Régie et du département de tutelle (celui de Lulu). Et c'est la même
méthode, éminemment politique (politicienne, plutôt) qu'il y a deux ans
qui est utilisée : à l'époque, il s'agissait de punir les ingrats
citoyens qui avaient voté une baisse des tarifs. Aujourd'hui, il s'agit
de les convaincre d'en accepter la hausse, décidée par le Grand Conseil,
mais combattue par un référendum. La rancune, c'est pas beau. Le
chantage, non plus. Et surtout, ni la réduction des prestations ni la
hausse des tarifs ne donneront aux TPG les moyens d'assumer à la fois à
leur mission de service public, et leur responsabilité d'employeur. Les
TPG sont dans la nasse : pendant que la direction dirige, que le
Conseil d'administration conseille, que le ministre de tutelle enfume et
que la majorité de droite du Grand Conseil refuse d'augmenter la
subvention à la Régie, le personnel (les conducteurs, les mécaniciens)
trinque. Et menace d'une nouvelle grève. Et cette menace là est légitime.
"Stabiliser" les postes, c'est se résigner à leur insuffisance
Pendant que les TPG et leur tutelle politique réduisent leurs prestations pour pousser les usagers (et les citoyen-nes non-usagers) à accepter une hausse des tarifs, le personnel de l'entreprise publique trinque, et les syndicats déposent un préavis de grève. Ils avaient obtenu de la direction, après la grève de novembre 2014, une stabilisation des effectifs. Mais seulement une stabilisation. Aujourd'hui, il ne suffit plus de "stabiliser", c'est-à-dire de renoncer à supprimer des postes. Il faut en créer. "Stabiliser" les postes, c'est se résigner à leur insuffisance. Les syndicats estiment à 120 le nombre de postes nécessaires pour à la fois répondre aux besoins de la clientèle et au droit du personnel à des conditions de travail supportables, mais la direction ne prévoit que d'en créer une trentaine, ce qui ne ferait qu'en revenir à la situation de la fin de l'année 2014. Or "les employés n'en peuvent plus d'être en sous-effectifs", dénonce la syndicaliste Valérie Solano, du SEV : en témoigne un taux d'absentéisme de 10 %, dont la moitié relève de congés de longue durée. Les heures supplémentaires s'accumulent, le service se dégrade, mais le Département des Transports et la direction des TPG, soutenue par son Conseil d'administration, persistent à se défausser de leur responsabilité sur le vote populaire du printemps 2014, refusant une hausse des tarifs et donnant au parlement (et le cas référendaire échéant, au peuple) la compétence de se prononcer sur les tarifs. Ce discours, le personnel ne peut plus l'entendre -et il a quelque solides raisons, concrètes, de terrain, de travail, de le rejeter. Et peut-être d'aller jusqu'à la grève pour dire qu'il en a ras-le-bol de ce genre de prétextes.
Les situationnistes considéraient déjà il y a cinquante ans que dans notre monde "la circulation est l'organisation de l'isolement de tous. C'est en quoi elle constitue le problème dominant des villes modernes. (...) en fait, on n'habite pas un quartier d'une ville, mais le pouvoir. On habite quelque part dans la hiérarchie. Au sommet de cette hiérarchie, les rangs peuvent être mesurés au degré de circulation. (...) On pourrait caractériser le haut dirigeant moderne comme un homme à qui il arrive de se trouver dans trois capitales différentes au cours d'une seule journée". Et le dirigé moderne comme un homme ou une femme à qui il arrive de prendre trois lignes différentes de bus ou de trams en une seule journée dans la même ville. Ou d'y conduire bus ou tram en ayant accumulé les heures supplémentaires parce que l'entreprise publique de transport qui l'emploie n'a pas pu ou pas voulu engager suffisamment de personnel pour répondre aux besoins, et n'a pas reçu du parlement les moyens qui lui sont nécessaires.
"Stabiliser" les postes, c'est se résigner à leur insuffisance
Pendant que les TPG et leur tutelle politique réduisent leurs prestations pour pousser les usagers (et les citoyen-nes non-usagers) à accepter une hausse des tarifs, le personnel de l'entreprise publique trinque, et les syndicats déposent un préavis de grève. Ils avaient obtenu de la direction, après la grève de novembre 2014, une stabilisation des effectifs. Mais seulement une stabilisation. Aujourd'hui, il ne suffit plus de "stabiliser", c'est-à-dire de renoncer à supprimer des postes. Il faut en créer. "Stabiliser" les postes, c'est se résigner à leur insuffisance. Les syndicats estiment à 120 le nombre de postes nécessaires pour à la fois répondre aux besoins de la clientèle et au droit du personnel à des conditions de travail supportables, mais la direction ne prévoit que d'en créer une trentaine, ce qui ne ferait qu'en revenir à la situation de la fin de l'année 2014. Or "les employés n'en peuvent plus d'être en sous-effectifs", dénonce la syndicaliste Valérie Solano, du SEV : en témoigne un taux d'absentéisme de 10 %, dont la moitié relève de congés de longue durée. Les heures supplémentaires s'accumulent, le service se dégrade, mais le Département des Transports et la direction des TPG, soutenue par son Conseil d'administration, persistent à se défausser de leur responsabilité sur le vote populaire du printemps 2014, refusant une hausse des tarifs et donnant au parlement (et le cas référendaire échéant, au peuple) la compétence de se prononcer sur les tarifs. Ce discours, le personnel ne peut plus l'entendre -et il a quelque solides raisons, concrètes, de terrain, de travail, de le rejeter. Et peut-être d'aller jusqu'à la grève pour dire qu'il en a ras-le-bol de ce genre de prétextes.
Les situationnistes considéraient déjà il y a cinquante ans que dans notre monde "la circulation est l'organisation de l'isolement de tous. C'est en quoi elle constitue le problème dominant des villes modernes. (...) en fait, on n'habite pas un quartier d'une ville, mais le pouvoir. On habite quelque part dans la hiérarchie. Au sommet de cette hiérarchie, les rangs peuvent être mesurés au degré de circulation. (...) On pourrait caractériser le haut dirigeant moderne comme un homme à qui il arrive de se trouver dans trois capitales différentes au cours d'une seule journée". Et le dirigé moderne comme un homme ou une femme à qui il arrive de prendre trois lignes différentes de bus ou de trams en une seule journée dans la même ville. Ou d'y conduire bus ou tram en ayant accumulé les heures supplémentaires parce que l'entreprise publique de transport qui l'emploie n'a pas pu ou pas voulu engager suffisamment de personnel pour répondre aux besoins, et n'a pas reçu du parlement les moyens qui lui sont nécessaires.
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