Convention de mise en oeuvre cantonale de la RIE III : Tais-toi et signe ?




Un peu plus d'une centaine de socialistes réunis en assemblée générale ont décidé lundi soir de ne pas signer la "convention" entre partis gouvernementaux favorables au projet du Conseil d'Etat de mise en oeuvre cantonale de la RIE III (ouf, ça, c'est de la phrase !). Mais on a quand même mis trois bonnes heures pour savoir si on disait NON à la convention ou NON à la signature de la convention...  Finalement on a, péniblement, dit NON à la signature de la convention. Du moins pas maintenant. On aurait évidemment préféré dire carrément NON à la Convention elle-même (et donc au projet du Conseil d'Etat), voire même qu'une majorité lui dise OUI (être minoritaires ne nous déprime pas vraiment), et avoir une position claire à défendre ou à combattre (on se serait gênél, tiens...) mais on fera avec ce simple refus de signature : comme la Convention entre partis gouvernementaux n'était supposée être valide que si tous la signaient hier, et que ni le PS ni les Verts ne l'ont signée, il ne devrait plus y avoir de convention, sauf entre le PLR, le PDC et le MCG, ce qui ne changerait pas grand-chose aux front en présence. A moins que les entreprenants auteurs du papier que le PS n'a pas signé hier (pas plus que les Verts)  ne décident finalement de la mettre au frigo en attendant le résultat du vote de février prochain sur la réforme fédérale sur laquelle s'appuie la réforme cantonale.  C 'est clair ? Bon, d'accord, ça mérite peut-être une chtite clarification...


Chantage et bondage : pervers, maladroit ou insignifiant ?

Au Conseil municipal de la Ville de Genève, hier soir, la droite dilatée, du PöDC au MCG, a exprimé son soutien à la RIE III fédérale (celle soumise au vote dans un mois), après avoir tenté de faire se prononcer le parlement municipal sur la RIE III cantonale (celle dont on ne sait pas si elle sera soumise au peuple, puisque cela dépend précisément du sort qui sera réservé à la RIE III fédérale) : Intéressante précipitation, la même que celle dont témoignait le projet de "convention" engageant les partis gouvernementaux à se mettre au garde-à-vous devant le Conseil d'Etat, en en rang par cinq derrière, pour soutenir son projet de mise en oeuvre cantonale de la réforme fédérale.
Le texte de la Convention dont nous disposions, et que nous avons d'ailleurs diffusé, portait en filigrane le mot "confidentiel". A vrai dire, on aurait tout aussi bien pu y lire "providentiel". Providentiel, il l'est pour illustrer la méthode dont entendent user les partis de droite pour faire avaler aux Genevois, le cas échéant (c'est-à-dire si la réforme fédérale passe le cap du vote populaire) : quelque chose qui tient à la fois du chantage et du bondage, et qui s'ajoute au tripatouillage par l'Usam de déclarations de socialistes (ou d'une banderole socialiste) à qui ont fait dire le contraire de ce qu'ils prônent, ou l'utilisation par le ministre genevois des Finances de l'envoi des déclarations d'impôt pour inviter à soutenir son projet de RIE III). Le chantage, c'est "si vous ne soutenez pas notre projet, on en adoptera un pire encore". Et le bondage, ça consiste à ficeler et empaqueter les partis gouvernementaux avant un éventuel vote cantonal, pour s'assurer de leur soutien à ce qui sera soumis au vote.  Le texte que les socialistes ont refusé de signer devait donc les engager à soutenir, au parlement et en votation, le projet du Conseil d'Etat de mise en oeuvre cantonale de la réforme fédérale de l'imposition des entreprises, la désormais fameuse RIE III. Il équivalait donc à leur faire prendre position sur un projet cantonal dont on ne sait pas s'il survivra à la votation fédérale sur laquelle il repose (celle de février prochain) et de donner un d'ordre pour une votation dont on ne sait pas si elle aura lieu (si le projet fédéral est refusé, il n'y a plus de projet cantonal).

Au fond, on ne savait trop si le texte proposé à notre signature était maladroit, pervers ou insignifiant.
Maladroit, en dressant contre lui des socialistes qui après tout, et par crainte d'un projet de réforme cantonale encore pire que celui que le texte voulait leur faire soutenir prématurément, étaient prêts à le signer comme un moindre mal.
Pervers, en faisant croire à d'éventuels signataires de gauche qu'il garantissait que les prestations publiques (et la fonction publique) ne seraient pas attaquées pendant un lustre. Les belles promesses rendent certes les fous joyeux, mais la folie n'étant pas ce dont les socialistes et les Verts souffrent de plus, il n'ont pas accordé la moindre foi à cette promesse de maquignons.
Insignifiant, enfin, parce que n'engageant (et encore...) que les partis signataires, et nullement les organisations sociales, économiques, syndicales, qui leur sont proches. Le PLR peut bien signer un engagement de ne pas proposer de nouveaux cadeaux fiscaux, il suffit aux syndicats patronaux de le faire à sa place. Il en va d'ailleurs de même pour nous : même si le PS avait signé, sa signature n'engagerait que lui (et encore : le temps avant qu'une Assemblée générale ne décide de la révoquer), et pas plus les syndicats que l'Asloca.

Au président du PLR qui pestait contre les socialistes qui s'apprêtaient à ne pas signer (de leur sang ?) le pacte gouvernemental qu'il leur proposait, la présidente du PS avait répondu "on ne peut pas avoir tout faux quand on fâche le PLR". On n'aurait cependant pas pour autant "tout juste" si on s'en tenait là : fâcher l'adversaire, c'est bon pour le moral, mais un peu insuffisant pour gagner un vote aussi important que celui de 12 février (la réforme fédérale de l'imposition des entreprise, donc). Alors fâchons encore plus les fâcheux, en nous mobilisant pour le meilleur résultat possible lors de ce vote.
Et le meilleur résultat possible, c'est de le gagner.

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