Fonds de tiroir


Petite chronique de la pauvreté dans une ville riche : à Genève, le Vestiaire social, institution gérée par Caritas et le Centre social protestant, et qui permet à celles et ceux qui n'ont pas les moyens de se payer des vêtements de se vêtir tout de même, a vu le nombre de ses bénéficiaires doubler en dix ans pour atteindre 5650 personnes en 2015. Il faut d'ailleurs rappeler que le forfait mensuel accordé, pour l'achat de vêtements, aux personnes bénéficiant de prestations sociales, a été courageusement supprimé en 2007. C'est vrai quoi, si  les gueux ne se contentent plus de guenilles, comment est-ce qu'on va les distinguer des gens normaux, hein  ?

On salue comme elle le mérite -et elle le mérite- la démarche de la gauche genevoise (PS, Verts, Ensemble à Gauche) consistant à proposer au parlement cantonal l'abrogation de l'article de la Loi sur le mendicité, interdisant de faire la manche. Une disposition qui, s'attaquant aux pauvres et non à la pauvreté, renforce la précaité de ceux qui font la manche, en les repoussant dans l'illégalité, sans même réduire leur nombre. Une disposition stupide, discriminatoire, inefficace et coûteuse,  Une disposition qui a donc beaucoup plu à la droite de la droite genevoise, et dont la droite vaudoise s'est  d'ailleurs inspirée pour la reprendre à sa sauce, et contre laquelle la gauche vaudoise a tenté, sans y parvenir, de lancer un référendum. Faut dire que ça plait à une bonne partie de l'opinion publique, de s'en prendre aux mendiants. Surtout s'ils sont Rroms. Que ça serve à quelque chose ou à rien, on s'en fout: ça montre au moins à ces gens là ce qu'on pense d'eux.

Il faut reconnaître au député-promoteur-propriétaire MCG Zacharias au moins une qualité : la suite dans les idées. Enfin, LES idées... disons L'idée. Une idée,'est déjà ça. L'idée, c'est de faire chier l'Asloca. Et si possible la désarmer. Dernière tentative en date : un projet de loi (co-signé par l'UDC et le PLR, histoire de bien situer politiquement la démarche) déniant à l'association de défense des locataires la qualité pour agir (que le Tribunal fédéral lui reconnaît) lorsqu'un propriétaire vend un logement à son locataire. Il s'agirait pour Zacharias de réserver ce droit à l'Etat (qui ne s'en sert pratiquement pas) et au locataire lui-même. Surtout s'il n'est pas en situation de faire recours, ou qu'il ignore qu'il peut le faire. Franchement, ça serait pas plus simple de supprimer carrément et une bonne fois pour toute tout droit de recours de qui que ce soit contre une décision du propriétaire? Et de mettre celui-ci au-dessus des lois ? parce que le respect des lois, finalement, c'est bon pour les gens d'en-bas, pas pour les gens d'en haut, merde, quoi, faut dire les choses comme elles sont...

Finalement, après quelques tentatives avortées, les Vaudois l'ont, leur MCG à eux. ça s'appelle le Parti libéral-conservateur et ça été fondé par des udécistes (dont le roboratif Claude-Alain Voiblet) virés de l'UDC pour avoir salopé les affiches électorales d'autres udécistes, Et ça annonce vouloir lancer une initiative de « préférence indigène » instituant un impôt frappant les employeurs de nouveaux immigrés. C'est libéral, ça, un nouvel impôt frappant les employeurs ? euh...

La Conseillère nationale UDC gene-voise Céline Amaudruz, vice-pré-sidente nationale de l'UDC, a été inter-pellée par la police dans la nuit du 9 au 10 décembre alors qu'elle conduisait en état d'ivresse, avec 1,92 pour mille d'alcool dans le sang (quatre fois plus qu'autorisé), en revenant d'un concours hippique, et en ignorant les mises en garde de plusieurs personnes tentant de la dissuader de prendre le volant dans son état et d'appeler plutôt « Nez Rouge » pour être reconduite chez elle y cuver paisiblement.  Bon, elle n'est pas la première personnalité politique (de droite ou de gauche) à se faire gauler torchée au volant. Sauf que dans son cas, ce qui interpelle quelque part au niveau de la crédibilité politique, c'est qu'après avoir refusé d'obéir aux injonctions de la police qui lui demandait de s'arrêter de rouler (en zigzag), puis refusé de se soumettre à l’alcootest en se revendiquant de sa qualité de Conseillère nationale, elle a d'abord tenté (sans succès)  d'appeler le procureur général Jornot, puis condui-te au poste de police, a appelé carré-ment, le Conseiller fédéral Guy Parmelin, qu'elle a tiré du pieu à quatre heures du matin pour qu'il l'aide se sortir du merdier dans lequel elle s'était mise. Et c'est donc le ministre fédéral de la Défense qui a réussi finalement à la convaincre de se calmer et de se conformer aux exigences des forces de l'ordre. Elle a du pot d'être conseillère nationale et vice-présidente de l'UDC. Elle serait requérante d'asile, elle se retrouvait fissa en rétention avant expulsion. Au lieu de quoi, elle a pondu un commu-niqué lénifiant dans lequel elle remercie son parti de lui maintenir sa confiance. Emus, on est. Aux larmes. D'ailleurs, on reprendrait bien une larmichette de quelque chose. « Elle garde toute ma confiance », déclare donc le président de l'UDC genevoise (alors que l'UDC suisse se contente de déclarer qu'elle «analysait la situation» et attendait la fin de la procédure pour « prendre des décisions »...). Avec le taux d'alcool dans le sang qu'elle se trimballait, elle risque tout de même 100 jours-amende, plus une amende immédiate, plus le retrait de permis (déjà effectué à titre préventif). Et politiquement ? Ben, bof, avec un électorat du genre à voter ce qu'il vote habituellement, elle risque pas grand chose... D'ailleurs nous aussi, si on se retrouvait à l'UDC, on se bourrait la gueule pour oublier...

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