Fonds de tiroir


Un référendum municipal a abouti à Onex. Lancé par le MCG et l'UDC. Contre un projet de pataugeoire. On a les priorités qu'on mérite, mais c'est pas un peu suicidaire pour l'extrême-droite de s'en prendre à son propre écosystème ?

Le Conseil administratif (c'est-à-dire le Conseiller administratif Guillaume Barazzone) a présenté une proposition de contre-projet à l'initiative populaire pour des « Fêtes de Genève plus courtes et plus conviviales ». Le Conseil municipal a jusqu'à la mi-octobre pour se prononcer sur cette proposition, et le cas échéant l'amender. S'il la refuse, l'initiative sera seule soumise au vote populaire, sans contre-projet, et la majorité du Conseil municipal craint que dans ces conditions, elle soit acceptée. Donc tout indique qu'il y aura un contre-projet et qu'il sera celui du Conseil administratif, éventuellement amendé, mais à la marge. Au fond, le contre-projet reprend une grande partie des exigences de l'initiative, en les atténuant : les Fêtes devraient durer dix jours (l'initiative propose une semaine), sur un ou deux week-ends, devraient être conviviales, ne pas s'adresser qu'aux touristes, valoriser les produits et les savoir-faire locaux, être accessibles à tous, y compris aux handicapés, préserver la végétation, les accès au lac et à la baignade et comprendre toujours un feu d'artifice (ce que l'initiative garantit aussi). Donc, avec un tel contre-projet, l'initiative, même si elle devait être repoussée au vote (ou retirée avant) aurait déjà réussi à infléchir la dérive des Fêtes de Genève, et à leur redonner un caractère moins bling-bling, et précisément plus festif. Pas parce que la majorité du Conseil municipal en serait convaincue, mais parce qu'elle a peur que l'initiative soit acceptée. Comme quoi la peut n'est pas toujours, forcément, mauvaise conseillère. Même que des fois, elle peut faire réfléchir. Des fois.

Finalement, 2017 ne s'annonce au pas pire que 2016 : c'est une année sans mondial de foot, sans eurofoot non plus, et sans Jeux Olympiques. Ouais, bon, on trouvera bien un décervelage de masse à se mettre entre les deux oreilles, mais au moins, on échappera à ceux-là. Nous restera quand même le Tour de France, et ses sportifs d'élite ne carburant qu'au jus de carotte et aux petits pains à l'épeautre.

L'année 2017 a commencé comme l'année 2016 a fini : deux femmes, un chien et un chat sont expulsées de leur logement au 1er janvier, l'immeuble étant promis à la démolition et le service social leur ayant déclaré qu'il ne pouvait rien pour elles (et eux) tant qu'elles (et eux) n'étaient pas à la rue. Pendant quoi, à Genève une mère et son bébé de 11 mois ont fêté le réveillon dans le quartier de haute sécurité de Champ-Dollon parce que la prison de la Tuillière, à Lonay, est pleine et que la maison d'arrêt pour femmes de Riant-Parc, à Genève, est fermée. Ouala. Bonne ânée.

On a eu tort de retrospectiver 2016 comme une « année de merde ». Bon, les apparences semblaient aller dans ce sens, de Brexit en Trump, de Poutine en Fillon, d'Alep à Alep, mais pour quelques uns, cette année a été une excellente année. Si, si. Tenez, par exemple, les détenteurs des 500 plus grosses fortunes mondiales : ils ont gagné. 237 milliards de dollars en un an, et détiennent ensemble 4400 milliards de dollars, soit 5,7 % de plus qu'à la fin 2015. Warren Buffett a gagné 11,8 milliards de plus, Bill Gates 10 milliards de plus (sa fortune en totalise désormais plus de 91, de ces milliards de dollars). Alors, heureux ?

On s'amuse presque autant au PDC valaisan qu'à « Ensemble à gauche » de Genève : un représentant de l'aile droite, catho conservatrice, du parti, Nicolas Voide, a fait alliance avec l'UDC dans le Valais Romand, pour emmerder lors de l'élection du Conseil d'Etat un autre candidat PDC (dans un autre district), Christophe Darbellay, ancien président du PDC suisse, qu'il n'avait pas osé affronter dans la « primaire » de 2016, et qui l'avait battu dans celle de 2008. Dragué par le Génie des Alpages, Voide figurera donc sur une liste « Ensemble à droite » (ça ne s'invente pas), aux côtés préci-sément d'Oskar Freysinger. Manque plus qu'Ueli Windisch pour que la fête à neuneu soit complète. Même qu'il parait qu'Eric Stauffer pense à déménager en Valais.

Feuilleton Ensable à Gauche (c'est genevois, les métèques peuvent pas comprendre) : donc, deux conseillers municipaux élus en 2015 en Ville de Genève  sur la liste «Ensemble à Gauche» (Pierre Gauthier et Stéphane Guex-Pierre) ont été exclus du groupe formé par les élus de cette liste au Conseil Municipal. Comme le règlement dudit Conseil municipal prévoit que les élus démissionnaires ou exclus d'un groupe devront siéger en tant qu'indépendants, le Bureau du Conseil Municipal les a requalifiés en élus indépendants, ne pouvant plus siéger dans les commissions du Conseil mais seulement en séance plénière, Sauf qu'ils n'ont pas été élus ni n'ont prêté serment en tant qu'in-dépendants mais en tant que candidats d'Ensemble à Gauche et que selon eux, le Bureau du Conseil Municipal ne peut pas défaire ce que le peuple a fait en les élisant (et ce qu'Ensemble à Gauche avait fait en les présentant). Pierre Gauthier, par ailleurs également député (toujours membre du groupe Ensemble à Gauche, puisque le Bureau du Grand Conseil, contrairement à celui du Conseil Muni-cipal, n'a pas décrété l'indépendance contre leur gré des députés « frondeurs » d'EàG), a donc fait recours contre la décision du Bureau auprès de la Chambre administrative de la Cour de Justice. Qui l'a débouté en estimant que le Bureau n'avait pris qu'une mesure organisa-tionnelle, alors qu'elle implique en réalité une perte de droits et de pouvoirs puisqu'elle exclut les deux élus des commissions du Conseil municipal. Et que de plus, elle n'a pas été formalisée correctement, en ouvrant des voies de recours. Donc l'un des deux élus a fait recours au Tribunal fédéral en lui demandant de contraindre la justice genevoise à se saisir de son cas. Voila. C'est clair ? Non, mais c'est genevois. N'empêche, on se dit (in petto) qu'être considéré comme indépendant, c'est pas en soi une injure, et que ce serait plutôt un compliment. Même que l'indé-pendance (d'esprit, au moins), ça devrait être une condition de l'éligibilité. Mais bon, nous, hein, ce qu'on en dit...

Le 4 janvier ont eu lieu à Genève les obsèques de Jean-Paul Barbier-Mueller, régisseur (fondateur de la Société Privée de Gérance) et collectionneur d'arts premiers (entre autres activités). L'hebdo des milieux immobiliers chante, dans son édition du 9 janvier, son dithyrambe comme il convient à un homme sans défaut, puisqu'il est mort. Et chante aussi les vertus innombrables de l'assistance à ses obsè-ques : personnalités du monde de l'art, professionnels de l'immobilier etc... «La vraie Genève pleure Jean-Paul Barbier-Mueller» titre « Tout l'Immobilier ». Qui note a contrario que « la presse locale était absente. Tout comme les au-torités de la Ville ». D'où précisément l'usage de l'expression «la vraie Genève». Dont les autorités de la Ville ne sont forcément pas, puisque gau-chistes élues par inadvertance par une «pas vraie Genève». Vu que la « vraie Genève », c'est celle de la SPG et de «Tout l'Immobilier». Limpide, non ?




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