Fonds de tiroir


Campagne crypto-UDC contre la naturalisation un peu facilitée des petits-enfants d'immigrants : « Le Matin Dimanche » est parti à la recherche de la fille en niqab figurant sur l'affiche appelant à voter « non » (sous-texte : si vous votez « oui », vous faciliterez la naturalisation de djihadistes). La socialiste vaudoise Ada Marra, à l'origine de la proposition combattue par l'UDC, a promis 2000 balles à quiconque lui présenterait précisément une fille en niqab pouvant bénéficier d'une naturalisation facilitée pour  étrangère de la «troisième génération» et donc répondant aux conditions posées pour en bénéficier: il faut avoir entre 9 et 25 ans, être née en Suisse et y vivre, y avoir accompli au moins 5 ans d'école obligatoire, être la fille de quelqu'un qui a vécu au moins 10 ans en Suisse et y a suivi lui ou elle aussi 5 ans d'école obligatoire, et être la petite fille de quelqu'un qui est né en Suisse ou y a séjourné légalement. Et même si toutes ces conditions sont remplies, la naturalisation ne sera pas automatique : il faudra la demander, et si la commune ou le canton concerné-e estime que la candidate n'est pas « intégrée » à la société suisse (ce qui serait le cas si elle portait niqab), la commune ou le canton pourra s'opposer à la demande. Donc « Le Matin Dimanche » est parti à la recherche de l'oiselle rare et voilée figurant sur l'affiche. Et n'a trouvé personne qui lui ressemble. Comme quoi, en Suisse comme ailleurs, c'est plus facile de trouver des abrutis croyant aux fantômes que de trouver les fantômes auxquels ils croient.  Il est vrai que comme disait en substance un publicitaire, ce genre de campagne ne s'adresse qu'aux imbéciles..

Au Conseil municipal de la Ville de Genève, la droite coagulée (PDC, PLR, UDC, MCG) a déposé et fait envoyer en commission un projet de délibération pour créer une « réserve conjoncturelle » (réserve comptable assimilée à un fonds propre) pour parer aux «risques de pertes fiscales importantes liées à l'introduction de RIE III». Parce que l'introduction de RIE III risque de provoquer des « pertes fiscales importantes » ? Nooon, sans blââââgue ? C'est bien le moment de s'en rendre compte ou de l'avouer, après nous avoir bassiné pendant des mois sur les évidentes pluies de nouvelles ressources fiscales qu'elle allait forcément,  à terme, assurer, promis, juré...

Genève est de tous les cantons suisses celui où la vie est la plus chère, selon une étude du Crédit Suisse. Bâle-Ville et Vaud suivent. En pourcentage de leur revenu brut, c'est donc à Genève que le revenu librement disponible des ménages est le plus bas. Faute aux coût du logement et de l'assurance-maladie, plus élevés qu'ailleurs, et, pour les ménages qui en paient, aux impôts : la charge fiscale est plus élevée dans les centres urbains que dans les régions rurales, les premiers finançant des infrastructures dont bénéficient toutes leurs périphéries alors que dans les secondes, les cantons et les communes ne financent que ce qui bénéficie à leurs propres habitants. Mais ce serait une illusion de croire qu'on augmenterait son revenu disponible en passant d'un centre urbain à une commune rurale, du moins si on continue à travailler dans le premier tout en habitant dans la seconde, puisqu’alors il faudrait assumer des frais supplémentaires liés au trajets pendulaires rendus nécessaires pour se rendre à son travail, ou à un lieu de spectacle, voire de soins, et qu'on perdrait en revanche les allocations, les aides et les services fournis par les centres urbains. Bref, il ne suffit pas de comparer la charge fiscale, il faut aussi comparer les prestations qu'elles financent. Maintenant, si vous voulez vous enterrer dans un bled paumé, hein, on vous retient pas... nous, la ville, on aime.

L'USAM fait fort dans le bidouillage, pour sa campagne en faveur de la réforme de l'imposition des entreprises. Elle a commencé par faire dire, dans son « tous ménages », à des magistrats socialistes et des Vert qu'ils soutenaient cette réforme fédérale alors qu'ils la combattent, et elle a continué à traficotant la photo d'une banderole socialiste proclamant « RIE III NON » pour lui faire proclamer «Des emplois ? On s'en moque». Bon, faut dire aussi que quand on essaie de faire passer la RIE III pour une réforme favorable aux PME, aux budgets publics et aux contribuables, on a déjà amorcé le déblocotron, alors faire dire à des gens ou des banderoles le contraire de ce qu'ils et elles disent, après ça, c'est plus qu'une formalité... Et on peut même comme Dal Busco squatter la déclaration d'impôts pour faire passer le message de voter « oui » à la RIE III fédérale. Suffit d'oser. Et il a osé. Pourquoi se gêner, en effet.

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