Fonds de tiroir


La députée PDC Geneviève Arnold a dénoncé la distribution dans les casiers des enseignants de plusieurs établissements scolaires d'un tract du cartel intersyndical de la fonction publique, appelant à voter « non » à la réforme de l'imposition des entreprises (RIE III), et, furieuse du contenu du tract, réclame des sanctions contre ses auteurs et distributeurs syndicaux. En revanche, elle trouve apparemment tout à fait normal que le Conseiller d'Etat PDC Dal Busco glisse dans la lettre d'accompagnement des déclarations d'impôt envoyées à tous les contribuables du canton un appel à voter « oui » à la RIE III. Pour la députée, il est donc scandaleux que des syndicats transmettent à leur base un mot d'ordre pour une votation, mais parfaitement normal qu'un conseiller d'Etat squatte la déclaration d'impôt pour transmettre le sien, de mot d'ordre. Suffit que le Conseiller d'Etat soit du même parti que la députée et lui ait demandé de faire un chti contrefeu à la polémique suscitée par sa lettre aux contribuables. Finalement, le Conseil d’Etat a rejeté le recours formé contre les prises de positions publiques de Serge Dal Busco. Pour le Conseil d'Etat, profiter d'un envoi officiel à tous les contribuables pour faire passer un mot d'ordre de votation n'est pas critiquable. C'est marrant, mais on n'est pas vraiment surpris que le Conseil d'Etat soutienne le Conseiller d'Etat quand il exprime une position identique à celle de la majorité du Conseil d'Etat. Meuh non, il est pas juge et partie, le Conseil d'Etat, meuh non... Il a juste un peu les foies dans l'attente du résultat de la votation...
Qu'est-ce qu'on s'amuse, dans cette campagne sur le RIE III...

Le Conseil d’Etat a constaté la validité de l’initiative populaire «pour le remboursement des soins dentaires», lancée par le Parti du Travail et déposée en juillet dernier avec plus de 18'000 signatures. Le Conseil d’Etat appelle le Grand Conseil à rejeter l'initiative, n' « étonne guère » les initiants, qui ne disent pas  « surpris non plus de l’inanité des arguments » que le gouvernement cantonal oppose à leur texte, qui a pour pour objectif de  « lutter contre les effets médicaux de l'exclusion des soins dentaires de certaines couches paupérisées de la population » et qui demande à l'Etat de mettre en place une assurance obligatoire pour les soins dentaires de base ainsi qu'un dispositif de prévention en matière de santé bucco-dentaire. Pour s'opposer à cette demande, le Conseil d'Etat appelle à se concentrer sur la « prévention ». Ouais, mais l'initiative aussi appelle à renforcer la prévention. Sauf que ça ne suffit pas. Et qu'il y a quand même des gens qui, prévention ou pas, renoncent pour des raisons financières à se faire soigner les dents (l'assurance-maladie ne remboursant pas ces soins), ce que confirme une étude de l’Unité d’épidémiologie populationnelle des HUG, parue en 2012, qui constate qu’« une personne sur cinq renonce à se faire soigner pour des raisons financières » et que cette proportion atteint « une personne sur trois dans les ménages les plus pauvres ». L'initiative sera soumise au Grand Conseil, puis au peuple. Il y a de bonnes chances qu'elle soit finalement acceptée, parce qu'elle relève tout simplement de l'évidence sociale. Même si cette évidence peine à être perçue comme telle par le gouvernement genevois.

Carnet rose (nimbé de larmichettes): Olivier Jornot et Rita Sethi-Karam ne sont plus ensemble. Vous vous en foutez ? Bande de sans-coeurs : c'était quand même une belle histoire que celle du Procureur général de la République (de Genève) et de la Procureure (pas générale) de la même République. Ils avaient acheté un appartement ensemble, et leur liaison avait été apparentée à un ménage commun par le Conseil supérieur de la magistrature, qui avait rappelé qu'une telle situation était un motif d'incompatibilité (et de récusation de l'un ou de l'autre, voire des deux), la loi ne permettant pas à deux magistrats de la même juridiction (le Parquet) de faire précisément ménage commun. Le Procureur et la Procureure ont donc été priés (ou sommés) de se conformer à la loi. Et donc soit de se séparer, soit, pour l'un-e des deux, de changer de juridiction. Ils se sont séparés. On ne dira jamais assez la dureté de la vie sentimentale dans la Justice genevoise. Comme disait Maïakovski, «la barque de l'amour s'est fracassée contre la vie couran-te». Après avoir glissé sur le Parquet.

Selon une  « étude » commanditée par EconomieSuisse (ben voyons...), en cas de rejet de la RIE III, il faut s'attendre dans les trois ans au départ des entreprises très mobiles, ce qui entraînerait une perte de PIB d'environ 34 milliards de francs (-5,6%) et la destruction de 190'000 emplois (-4,9%). Pas moins. On rappellera simplement qu'en cas de rejet de la RIE III, on en reste au statu quo. C'est-à-dire à la situation actuelle. Qui satisfait pleinement les  « entreprises très mobiles » (la preuve : elles sont ici...). Dès lors, on ne voit pas pourquoi elle fuiraient. A part peut-être pour ne pas que EconomieSuisse et ses experts commandités aient l'air trop cons.

Le président du PS suisse, Christian Levrat, va se rendre aux Etats-Unis (en tant que président de la commission de politique extérieure du Conseil des Etats) pour rencontrer des parlementaires américains et se faire sur place une image de la politique de Trump. Bonne idée. Mais il est sûr qu'il va pas être refoulé à la frontière, histoire justement de lui permettre de se faire une image réaliste de la politique de Trump ?


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