Fonds de tiroir


Une organisation de défense de l'environnement, la Fondation Greina, a déposé un recours auprès de la Chancellerie fédérale pour faire invalider le référendum lancé par l'UDC contre la « stratégie énergétique 2050 », référendum qui a péniblement abouti, mais au prix d'un gros mensonge : faire croire que ladite « stratégie énergétique » coûtera en moyenne 3200 francs par année à chaque ménage du pays, alors que l'Office fédéral de l'énergie évoque, lui, un coût d'une quarantaine de francs annuels (ou de quatre francs mensuels). Et si son recours n'est pas admis (la Chancellerie n'ayant que la compétence de vérifier le nombre de signatures valides), la Fondation Greina envisage d'en déposer un au Tribunal Fédéral. Alors là, quand même, c'est trop : accuser l'UDC de mentir, quand même... l'UDC ne ment pas. D'ailleurs, plus personne en politique ne ment plus, depuis l'élection de Trump (et la campagne de Fillon). On ne ment plus, on distille des « vérités alternatives ». Comme dans en 1984 dans le calendrier d'Orwell. Comme quand l'UDC annonce que la naturalisation un peu facilitée des petits-enfants d'immigrés va transformer des djhadistes arabes en burqa en Suissesses. C'est pas un mensonge, c'est une « vérité alternative ». Compris ? C'est bien, circulez, y'a rien à croire.

Pour gagner le vote sur la natu-ralisation un peu facilitée des « étran-gers de la troisième génération », il fallait, après trois votes négatifs du peuple ou des cantons, convaincre cinq ou six cantons ou demi-cantons qui avaient jusque là voté  « non » de cette fois, voter « oui » : Les Grisons, Zurich, le Valais, Lucerne, Nidwald, Appenzell Rhodes-extérieures. L'objectif a été atteint, et 19 cantons et demi-cantons ont voté  « oui  » comme plus de 60 % de la population du pays. Mais du côté des opposants (de l'UDC, donc) défaits, on rumine une vengeance : le Conseil-ler national argovien Andreas Glarner propose l'obligation pour les personnes souhaitant se naturaliser de renoncer à leur nationalité d'origine (et les Suisses qui veulent acquérir une nationalité étrangère, ils devront aussi abandon-ner leur nationalité suisse ?) Punir les étrangers du vote des Suisses parce qu'on ne peut pas en punir les Suisses, c'est courageux, rationnel, intelligent. Et patriotique. C'est UDC, quoi.

Les propriétaires de villas (regroupés dans l'association «Pic Vert») s'inquiè-tent, à Genève. Et de quoi ils s'inquiè-tent, les propriétaires de villas ? ils s'inquiètent de la construction prévue dans le canton de 39'000 logements d'ici 2030 pour accueillir 84'000 nouveaux habitants. C'est pas qu'ils soient contre les logements, les proprié-taires de villas. Ni qu'ils soient contre les nouveaux habitants. Non. C'est qu'ils ont peur que d'entre ces nou-veaux logements et ces nouveaux habi-tants, y'en a qui osent s'approcher trop près de leurs villas. 11 % de la zone villas actuelle (qui représente 50 % de la zone à bâtir, mais n'accueillle que 10 % de la population) pourrait passer en zone de développement. Avec des loge-ments et des gens. Et mêmes des gens qui viennent d'ailleurs (une «immigra-tion effrénée», qu'ils disent. Comme depuis 500 ans à Genève, quoi). Et avec des écoles (ouais, va y aviur des gniards, aussi) . Et des routes. Et tout ça près des villas. Un scandale, on vous dit. Mais là où ils sont désopilants, les propriétaires de villas, c'est quand ils couinent que « c'est la qualité de vie de l'ensemble des habitants de Genève » qu'ils défendent. Ils sont très contents, les habitants des Libellules ou des Minoteries : les propriétaires de villas ne défendent pas, mais alors pas du tout, leur qualité de vie de propriétaires de villas qui veulent pas que des gueux s'installent près de chez eux.

Des évangélistes américains (les «Gédéons» -dans nos souvenirs, Gédéon, c'était un canard dessiné par Benjamin Rabier... il a dû avoir la révélation) ont  distribué des Nouveau Testament (mais pas l'Ancien, trop juif...) aux élèves du Cycle d'Orientation de Drize. Sans doute titillé par la concurrence, un créationniste turc a, lui, distribué son catéchisme dans les boîte aux lettres de plusieurs quartiers de la Ville. Bon, ben on va s'y mettre aussi : qui pourrait nous financer une distribution massive de la «Philosophie dans le Boudoir» de Sade, disons à la sortie des églises ? On pourrait même commencer petit, avec « Français encore un effort pour être républicains », au Conseil municipal...

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