Fonds de tiroir


Vous êtes déprimés ? Vous trouvez que tout va mal, et de mal en pis, et de pis en pire encore ? Une bonne nouvelle pour vous remettre d'aplomb : l'année dernières, les cinq principales banques privées genevoises (Pictet, Lombard Odier, UBP, Safra Sarasin et Rotschild) ont à elles seules dégagé un bénéfice cumulé de 1,038 milliard, en gérant 1080 milliards de francs d'actifs (en bon français, ça sonne encore mieux : mille quatre-vingt milliards de francs). Soit une fois et demie le produit intérieur brut de la Suisse entière. Et l'UBS fait encore deux fois mieux. Entre 2014 et 2016, la fortune totale gérée par les cinq banques genevoises a progressé de 7,5 %, grâce notamment à leur dévelop-pement à l'étranger. Alors, ça va mieux, maintenant, on broie plus du noir ? Bon, à part ça, un tiers des autres banques suisses sont en déclin et une sur dix risque de disparaître dans les prochaines années. Mais c'est sûrement la faute à la gauche. Forcément, la faute à qui ce serait, sinon ?

Nouvelles des marches de l'est : un ancien député russe, passé à l'opposition à Poutine et réfugié en Ukraine, Denis Voronenkov, a été abattu devant un hôtel à Kiev, par un homme (lequel a été à son tour abattu par le garde du corps de Voronenkov). A peu près au même moment, un dépôt d'armes et de munitions de l'armée ukrainienne sautait dans l'est du pays, et l'Ukraine et accusait la Russie. Et l'autre jour, Marine Le Pen s'est invité pour boire le thé avec Vladimir Poutine et en est revenue toute fiérote. La routine, quoi...

Selon une étude de deux chercheurs de l'Université de Genève, ce n'est pas l'éruption, en 1257, du volcan Samalas en Indonésie qui serait à l'origine de la crise sociale et économique  mondiale qui a marqué la deuxième moitié du XIIIe siècle. L'étude de plus de 200 documents historiques confirme la catastrophe climatique que l'érup-tion a provoquée (obscurcissement du soleil, chute des températures, pluies incessantes), avec à la clef moissons catastrophiques et, fami-nes, mais l'innocente du merdier socio-économique et politique qui a suivi. Ouf ! Il n'aurait plus man-qué à l'affadissement du sentiment national que le Serment du Grütli en 1291 soit la conséquence du mouvement d'humeur d'un volcan carrément métèque.

Nouvelles de l'égalité (avant de se demander si on va la réaliser en repoussant l'âge de retraite des femmes d'un an pour le mettre au niveau de celui des hommes) : sur trois postes à plein temps rémunérés à moins de 4000 francs brut par mois, près de deux étaient occupés par des femmes en 2014. selon l’Office fédéral de la statistique (OFS), qui n'en affirme pas moins que "les inégalités salariales entre femmes et hommes continuent de se réduire progressivement dans le secteur privé" : de 23,6% en moyenne en 2010, elles sont passées à 19,5% en 2014. Parmi ces différences de salaire, 39,1% restent "inexpliquées". C'est-à-dire qu'elles ne s'expliquent que parce que celles qui en souffrent sont des femmes.
Dans le secteur privé, les femmes gagnaient en moyenne 19,5% de moins (moyenne arithmétique) que leurs collègues masculins en 2014 (23,6% en 2010). Cet écart ne s’explique qu'en partie par des différences de niveau de formation, d'années de service ou de fonction. On constate cependant que le différentiel salarial entre les femmes et les hommes est d’autant plus grand que la fonction de cadre est élevée, et qu'il varie fortement d’une branche économique à l'autre, passant de 9,3%, dans l’hôtellerie-restauration à 18,6% dans le commerce de détail, 23,9% dans l’industrie des machines et 33,2% dans les activés financières et d’assurance. Et si la majorité des postes du secteur privé pour lesquels le salaire brut à plein temps était inférieur à 4000 francs par mois étaient occupés par des femmes (64,1% contre 65,2% en 2010), 73,3% des postes rémunérés à plus de 8000 francs brut par mois, étaient occupés par des homme, qui occupaient 84,8% des postes rémunérés à plus de 16'000 francs brut par mois.
Dans le secteur public (Confédération, cantons et communes), l’écart salarial entre femmes et hommes se montait en moyenne à 16,6% en 2014 (2012: 16,5%).
Quant à la part "inexpliquée" de l'inégalité salariale, c'est-à-dire ce qui, dans cette inégalité, relève de la pure et simple discrimination de genre, elle se montait dans l'ensemble du secteur privé à 39,1% en 2014 (40,9% en 2012 et 37,6% en 2010). ce qui représentait en moyenne chaque mois 585 francs de salaire en moins (mais jusqu'à 1133 francs par mois (27,2%) dans les activités financières et d'assurance) pour une femme que pour un homme, à travail égal. Dans l’ensemble du secteur public (Confédération, cantons et communes), elle représentait 41,7%, soit 608 francs par mois. Voilà. Alors la prochaine fois qu'on vous justifiera la fixation de l'âge de retraite des femmes au niveau de celui des hommes au nom de l'égalité, vous pourrez demander qu'on vous sorte un autre argument : celui-là est faisandé.

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