Politique d'asile : le flux de réfugiés diminue


L'invasion migratoire : un fantasme qui peut se soigner ou se cultiver

Après la fermeture partielle au mois de mars 2016 de la route des Balkans, le nombre d’arrivées de réfugiés sur le continent européen a nettement baissé. En 2016, sur 65 millions de personnes chassées de chez elles, seules 1,3 millions ont demandé l'asile en Europe (soit moins de 0,5 % de la population européenne). Et d'entre toutes les personnes qui ont demandé l'asile en Europe, seules 2 % l'ont fait en Suisse, où le nombre de demandes d'asile déposées a reculé de 31,2 % entre 2015 et 2016 (alors qu'il avait augmenté de 66 % en 2015). Parmi les 27'207 demandes enregistrées en Suisse, 1'656 ont été attribuées au canton de Genève (2'184 en 2015), au cinquième rang des cantons suisses. A Genève, les personnes ayant déposé une demande d'asile sont principalement originaires d'Érythrée, de Syrie, d'Afghanistan, du Nigéria, de Somalie et de Guinée. 7'741 personnes relèvent du domaine de l'asile à Genève, à la fin 2016 (7'241 à fin 2015). Parmi elles, on compte 2'051 requérants d'asile titulaires d'un permis N, 2'342 bénéficiaires d'une admission provisoire (permis F) et 2'566 personnes reconnues comme réfugiées (permis B ou C). Pour les 782 personnes restantes, qui bénéficient d'un soutien à l'exécution du renvoi, la procédure d'asile est terminée. D'entre les 4'393 personnes qui se trouvent dans le processus d’asile (permis N et F), seules 270 exercent une activité lucrative dans le canton. Bref, l'"invasion de réfugiés" est un fantasme. Qui a la vie dure, comme tous les fantasmes. Un fantasme, ça peut se soigner, mais aussi se cultiver. Celui-là se cultive : ceux qui l'entretiennent doivent y trouver intérêt.


Le coût de l'asile ? le prix d'un sucre dans le café au bistrot

Lors du débat parlementaire sur le budget 2017 de la Confédération, en décembre dernier, la proposition du Conseil fédéral d'accorder 852 millions de francs supplémentaires au domaine de l'asile avait été refusée par la majorité de droite, ce qui avait contribué au refus, dans un premier temps, de tout le budget. Après d'âpres négociations, une majorité coupera 344 millions de francs dans la proposition de budget du Secrétariat d'Etat aux migrations : le Conseiller fédéral Ueli Maurer avait plaidé pour que le financement de la politique d'asile ne soit pas déterminé par les besoins, mais par les ressources disponibles dans le cadre d'une politique d'austérité budgétaire. La politique d'asile ne pèse pourtant pas très lourd dans les dépenses de la Confédération  : 3 % de ses finances en 2016, moins de 1 % du produit intérieur brut, en additionnant les coûts du traitement des demandes d'asile,  de l'hébergement des requérants, du renvoi des déboutés (plus on en renvoie, plus ça coûte...), les subventions aux cantons pour l'aide sociale et pour les mesures d'intégration... L'économiste Cédric Tille résume : sur "le prix d'un bon repas au restaurant, le coût de l'asile ne représente même pas le prix du sucre servi avec le café". Et ce coût est encore artificiellement grossi par les incohérences de la politique d'asile elle-même : ainsi de la difficulté, voire de l'impossibilité (de l'interdiction) pour les requérants d'asile d'exercer légalement une activité rémunérée. Résultat : 80 % des personnes issues de l'asile sont dépendantes de l'aide sociale pendant au moins les cinq premières années de leur séjour, et moins de 30 % des réfugiés reconnus, et en âge de travailler, ont une activité rémunérée, alors que des secteurs entiers, privés ou publics, de l'économie, manquent de main d'oeuvre et doivent l'importer de l'étranger -les réfugiés, eux, sont là, disponibles...

Disponibles, mais discriminés : Selon un avis de droit commandé par la Commission fédérale contre le racisme au Centre de compétence pour les droits humains de l'Université de Zurich, le traitement des réfugiés par la Suisse contient de si nombreuses restrictions aux libertés fondamentales (interdiction d'accès à des lieux publics ou à des quartiers entiers, couvre-feux, confinement dans des zones restreintes etc...) qu'il en est anticonstitutionnel, faute de reposer sur des bases légales, et du fait qu'ils ne sont pas prononcés à l'encontre de personnes précises, mais de groupes entiers, comme des punitions collectives. La Commission fédérale contre le racisme a tiré de ce constat des recommandations aux autorités cantonales (puisque ce sont elles, mais avec l'aval des autorités fédérales) qui décident de ces mesures), en particulier celle de ne plus "prononcer d'assignations et d'interdictions territoriales collectivement contre les requérants d'asile". Eh oui, on est dans un Etat de Droit où il faut toujours rappeler à l'Etat qu'il doit respecter son propre Droit. Sinon, c'est le droit individuel à l'insoumission qui devient un droit fondamental. C'est plus clair, comme ça, non ?

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