Fonds de tiroir


Tout fout le camp, on vous dit : tenez, la jeune délinquance... ben c'est plus ce que c'était : dans les années '80 du siècle défunt, plus du tiers des actes de délinquance et de criminalité étaient le fait de mineurs. Dans les années '90, cette proportion est tombée à un quart. Et en 2015, à un misérable, ridicule, 15 %... Bon, heureusement, quelques fondamentaux résistent : la masculinité de la délinquance juvé-nile, par exemple : plus de 80 % des actes de délinquance violents sont le fait de jeunes mecs. Mais même chez eux, ces actes sont en diminution, même plus forte que chez les filles. Et malgré cette réduction de la délin-quance juvénile, on s'est obstiné à renforcer les dispositifs pénaux frappant les jeunes, en multipliant par quatre la dureté des sanctions les frappant. Pour rassurer les vieux. Qui d'ailleurs se mettent à délinquer plus souvent. Et ouais, dans les années soixante et septante, on avait l'image du vieux flic expérimenté qui s'occupait des jeunes délinquants, on voit venir celle du jeune flic débutant s'occupant des délinquants à l'AVS... Ah ouais, d'ailleurs : si on est à l'AVS et qu'on se retrouve en prison, on continue à la toucher, l'AVS, hein ? C'est juste pour savoir... Au cas où... on sait jamais...

On a commis un tiers d'exécutions capitales en moins dans le monde en 2016 qu'en 2015, selon Amnesty Internatio-nal -qui ne comptabilise pas la Chine dans ses statistiques, car il est impossible de savoir combien d'exécutions y sont perpétrées, les autorités ne rendant pas publique cette information (on sait seulement qu'à elle seule, la Chine exécute plus que tous les autres Etats pratiquant la peine de mort réunis...). Mais si on exécute moins hors de Chine, et si les USA ont pour la première fois depuis dix ans quitté le « top 5 » des Etats exécuteurs, le nombre d'Etats pratiquant la peine de mort ou envisageant de la pratiquer à nouveau après l'avoir abolie, est en hausse : ce serait le cas en Turquie si le président Erdogan arrive à faire avaliser cette proposition par le peuple, en référendum, c'est déjà le cas aux Philippines (où le président Rodrigo n'a même pas attendu le rétablissement de la peine de mort pour procéder à des liquidations sommaires : 7000 personnes ont ainsi été liquidées en six mois au nom d'une « croisade antidrogue »), aux Maldives (où la peine de mort est même désormais applicable à des mineurs, et même des enfants dès 7 ans, avec exécution à leurs 18 ans après emprisonnement jusque là), au Tchad et en Tunisie, dans le cadre de la lutte « anti-terroriste». Ouala, c'était notre chronique optimiste sur les progrès des Lumières dans l'ordre pénal. Rappelons que la peine de mort a été abolie à Genève en mai 1871, en même temps qu'au Tessin, et après Neuchâtel et Zurich, mais que c'est pas parce qu'on s'en passe fort bien depuis bientôt un siècle et demi qu'on n'entend pas (et qu'on ne lit pas, notamment sur les rézosociaux...) des trépanés en réclamer le retour.

On vous annonçait hier que le gouverneur républicain de l'Arkansas avait l'intention d'exécuter huit condamnés à mort en dix jours pour épuiser les stocks du produit utilisé pour les injections létales (en clair : le poison utilisé pour tuer les condamnés). Ben il a pas pu commencer ses meurtres en série, le gouverneur : un juge fédéral a bloqué l'exécution, après qu'un juge local en ait fait autant sur demande d'une entreprise à qui les autorités pénitentiaires avaient acheté le poison sans dire à quoi il allait servir. Ouala, c'était notre série édifiante « la vie des bêtes dans le Trumpland »...

A l'occasion de la Marche des Femmes du 18 mars à Zurich, cinq militantes de la JS ont posé seins nus (mais cachés d'une main) sur une affiche invitant à la manif. L'UDC (notamment le Conseiller national glaronnais Glarner et l'alors encore président de l'UDC neuchâteloise Yvan Perrin) a bondi sur l'occasion et sur Facebook, en y postant l'affiche, même pas pour dénoncer l'initiative mais pour se lâcher sur le physique des militantes, ce qui a évidemment suscité une avalanche de commentaires les traitant de «putes», de « thons », d'« horreurs » -bref, le b-a-ba du sexisme tribal ordinaire. Bref, si le but des jeunes socialistes était de confirmer le niveau intellectuel spéléologique des vieux udécistes, en tout cas, il est atteint.

A Onex, la commune (le Conseil administratif et le Conseil municipal) projetaient d'installer, pour une période de dix ans, des logements modulaires pour 184 migrants, sur une parcelle herbue bordant des tours d'habitation, et qui devait à l'origine accueillir une salle polyvalente et des commerces, selon un plan d'aménagement datant des années nonante du siècle dernier. Trois riverains, dont la présidente de l'UDC locale, ont fait recours contre le projet municipal (forcément, loger des... pouah... migrants). Et leur recours a été accepté par le Tribunal administratif. Qui ne s'est pas prononcé sur le fond (il n'a rien contre le logement de migrants, lui, et reconnaît même au projet sa capacité à répondre à un « important besoin »), mais sur la forme : le respect du plan d'aménagement initial. Le canton, l'Hospice Général (qui sont partie prenante du projet) et la commune ont fait recours contre la décision du tribunal, car il n'y a pas de solution de remplacement à leur projet, et qu'une « pesée d'intérêts » allant au-delà du respect formel d'un plan d'aménagement qui ne correspond plus à rien. L'UDC, de son côté, a évidemment crié victoire, en expliquant que la construction des logements pour migrants diminuerait (forcément, des... pouah... migrants) la « qualité de vie du quartier ». A quoi le Conseil administratif a répondu qu'il ne s'agissait que de savoir « que de déterminer la prédominance des règles » d'utilisation de la parcelle, et que toute autre interprétation de la décision du tribunal ne relevait que de l'« instru-mentalisation xénophobe ». Ouala. Comme quoi, c'est pas parce que Gominator a été viré de la Municipalité d'Onex que les mauvaises odeurs ont disparu de la commune. Pas plus que d'autres communes, d'ailleurs. C'est le problème, avec les mauvaises odeurs : c'est difficile de les confiner.

Une polémiquette bien genevoise : une binationale franco-suisse (donc aussi une Suissesse...) habitant en France a été nommée directrice générale adjointe de l'administration fiscale genevoise. Et des députés (de droite et de gauche) ne sont pas contents, mais alors pas contents du tout, comme le PLR Yvan Zweifel : « il s'agit d'un poste délicat avec accès à des données sensibles » concernant tous les contribuables du canton, personnes comme entreprises. Et la chips de s'inquiéter : « que se passerait-il si elle perdait son téléphone portable en France » ? Ben, la même chose que si un haut cadre de l'administration habitant en Suisse perd son téléphone en France en allant comme tout bon Genevois qui se respecte faire ses courses en France... Et que se passerait-il « si son ordinateur était hacké une fois passé de l'autre côté de la frontière? »... Ben, la même chose que s'il était hacké du bon côté (le nôtre) de la frontière... faut encore lui expliquer au député que le hacking d'un ordinateur, désormais, se fait sans contact physique avec ledit ordinateur, et sans que le lieu de résidence de l'utilisateur (l'utili-satrice) de l'ordinateur ait la moindre importance ? Ah la la, la mise des zélus du peuple à niveau des nouvelles technologies, c'est un apostolat...



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