Fonds de tiroir


Le Conseiller municipal (radical de gauche) Sthéphane Guex-Pierre avait interpellé le Conseil administratif de la Ville de Genève à propos de l'instal-lation d'une crêche de noël et d'une menorah de Hanouka sur la place du Molard, en décembre dernier, installations qu'il considérait comme contradic-toires de la neutralité religieuse à laquelle l'Etat et la commune sont tenus par la constitution genevoise. Le Conseil administratif a répondu qu'il ne voyait pas la contradiction : l'Etat (et donc la commune, puisque la Constitution confond les deux) n'est tenu que de ne pas « faire montre d'une quelconque préférence religieuse » et ses représentants de ne pas « faire l'apologie d'une religion, quelle qu'elle soit (...) dans l'exercice de leur fonction », que la jurisprudence cantonale et fédérale instaure un droit pour les mouvements religieux (pour autant naturellement qu'ils ne soient pas considérés hors-la-loi) « d'occuper l'espace public pour promouvoir leur mouvement et/ou activité ». Comme les partis politiques. Mais avec aussi le droit de célébrer sur le domaine public un événement du calendrier liturgique. Donc on résume : une crêche à Noël ou une menorah à Hanouka au Molard, il n'y a aucune raison de les interdire. Egorger des moutons sur la place publique pour l'Aïd, par contre, ça serait pas autorisé. Ni d'ailleurs de célébrer une messe, un culte, une prière collective sur la voie publique. Ou une action de grâce en remerciement de la Saint-Barthélémy. Ou de tenir un stand de recrutement djihadiste. Nous voilà rassurés. la paix religieuse est préservée. Allez en paix, et n'oubliez pas la collecte à la sortie, c'est pour les bonnes oeuvres. Amen.

Le « Matin Dimanche » d'avant-hier nous l'apprend : les bookmakers britanniques prennent pour un million de livres (1,25 million de francs) de paris sur le résultat des présidentielles françaises. C'est à peu près l'équivalent d'un tournoi de golf professionnel. Et qu'est-ce qu'on peut gagner ? Pas grand chose si c'est Macron qui gagne (comme prévu), un saladier si c'est Hamon (comme pas prévu). Pour un franc misé, on gagne 1,57 franc si c'est Macron qui gagne, 4 francs si c'est Le Pen, 6 francs si c'est Fillon, 51 francs si c'est Mélenchon, 151 francs si c'est Hamon. La majorité des parieurs parient sur Marine Le Pen parce qu'ils estiment qu'il y a un risque qu'elle gagne, et qu'un pari sur elle puisse être intéressant : on parie pas grand chose et on gagnerait quand même cinquante fois plus. Alors que sur Macron, donné gagnant, on gagne pas grand chose même si on parie beaucoup. C'est beau, le goût du risque. Beau et con à la fois...

La « Tribune de Genève » a interrogé 22 femmes et hommes politiques genevois, de tous les partis représentés au Grand Conseil, au Conseil municipal de la Ville ou aux Chambres fédérales, pour leur demander pour qui ils voteraient (ou pour qui ceux qui le peuvent voteront) à la présidentielle française. Le quotidien constate «l'absence d'enthousiasme» des interrogés, et donne le résultat : cinq voix pour Fillon (une UDC, 3 PLR, un ex-MCG), quatre voix pour Hamon (une Verte, 3 socialistes), deux voix PDC pour Macron et deux voix « Ensemble à Gauche » pour Mélenchon, une voix MCG pour Le Pen, une voix UDC pour Dupont-Aignan, une voix EàG pour Poutou, une voix PDC pour Asselineau. Et rien pour Arthaud, Cheminade et Lassalle (sont sûrement très vexés), mais cinq votes blancs (2 Verts, 2 MCG et un PDC). Bon, l'échantillon n'est pas franchement représentatif, alors on se gardera de pronostiquer un deuxième tour entre Fillon et Hamon, mais sondage pour sondage, celui-là est plutôt rigolo. Non ? Surtout si on y ajoute cette forte pensée de l'udéciste Céline Amaudruz : « François Fillon, c'est le moins pire ». Ouais, lui, il a au moins le sens de la famille, des beaux costards et des jolies montres.

Election présidentielle française (on ne s'en lasse pas). Les onze candidat-e-s ont chacun un programme. Si, si, c'est comme on vous le dit. Alors on va pas vous les détailler les onze, mais on peut relever deux ou trois trucs intéressants. Ainsi, François Asselineau, candidat de l'Union populaire républi-caine (on savait même pas que ça existait, ce truc) qui propose à la fois le retour au franc et une coopération accrue avec l'Afri-que. La synthèse s'impose : le retour au franc, d'accord, mais CFA. Il propose aussi la sortie de l'OTAN, Asselineau. Com-me Nicolas Dupont-Aignan («Debout la France»), mais à moitié : seulement du comman-dement intégré) et Jacques Cheminade. de « Solidarité et Progrès » (un habitué, il était déjà là il  a cinq ans). Qui propose d'ailleurs aussi le retour au franc, mais sans proposer lequel. Le franc suisse, sûrement: comme la majorité des candidates et candidats, il propose l'instauration du référendum d'initiative popu-laire -enfin, lui, c'est pas tout de suite l'instauration, c'est seu-lement la réflexion sur l'instau-ration. C'est plus prudent. Mais la plupart des autres y vont, au référendum d'initiative popu-laire, à partir de 500'000 signatures pour Asselineau, Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen (Front National, au cas où vous l'ignoreriez), 450'000 pour Benoît Hamon (PS), sans précision de nombre pour Jean Lassalle (hors parti) et Jean-Luc Mélenchon (« La France insoumise »), qui propose en outre le droit populaire de révocation des élus en cours de mandat. Ouala. C'est tout pour l'instant. On notera quand même dans ce catalogue des propositions,  Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) et Jacques Poutou, au moins, ne mégotent pas : ainsi, Arthaud propose le renversement du capitalisme, la disparition des frontières, la révolution mondiale et l'instau-ration des Etats-Unis socialistes d'Europe (parce qu'il y aura encore des Etats ? coupable demie-mesure !)

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