Journée internationale d’action pour Nekane Txapartegi


Nekane Askatu !

Nekane Txapartegi, militante basque, est détenue depuis un an en Suisse, parce qu'accusée par le gouvernement espagnol d’avoir collaboré avec l'organisation indépendantiste armée ETA (elle lui aurait fourni des faux passeports et rencontré à Paris des militant-e-s de l’organisation). En 1999, Nekane est arrêtée au Pays basque. Durant cinq jours, elle sera détenue à l’isolement, battue, électrocutée, torturée et violée par des agents de la Guardia civil, qui l'ont soumise à un simulacre d'exécution, rappelant celui auquel fut soumis Artur London en Tchécoslovaquie stalinienne (souvenez-vous de l'"Aveu"...). En 2008, elle est condamnée à 6 ans et 9 mois de prison. En violation de la Convention européenne des droits de l'homme et de la Convention des Nations Unies contre la torture, cette condamnation se fonde presque exclusivement sur les « aveux » que Nekane a exprimés sous la torture, ce qui ne semble guère avoir posé problème au Tribunal. Avant de connaître le jugement, Nekane avait pris la fuite pour finalement, depuis 6 ans, se retrouver à Zürich, avec sa fille. Elle y a été arrêtée le 6 avril 2016, et mise en détention, suite à la demande d’extradition formulée par l'Espagne. Le vendredi 24 mars, l’Office fédéral de la justice a autorisé l’extradition de Nekane vers l’Espagne, l'Etat dont les agents ont été ses tortionnaires... mais que la Suisse officielle considère comme un "pays ami et de confiance" qui, en tant que tel, ne saurait commettre des actes de torture. Raisonnement au terme duquel non seulement la demande d'extradition de l'Espagne a été acceptée, mais la demande d’asile de Nekane a été refusée. "La Suisse se couche devant l'Espagne", résume le collectif "Free Nekane"... Des recours contre les deux décisions sont lancés. En attendant, jeudi, on manifestera en Suisse, dont à Genève (18h Place Neuve), contre son extradition, pour sa libération et son droit d'asile politique : Nekane Askatu !


Nekane Txapartegi, victime des règlements de compte de l'Etat espagnol

En Euzkadi, le processus de paix engagé par ETA et le gouvernement basque est bloqué par le refus du gouvernement espagnol de laisser ETA procéder à son propre désarmement, sous le contrôle du gouvernement basque : Madrid ne veut pas que s'engage un processus de paix, comparable à celui qui a été mis en oeuvre en Irlande du nord, mais veut forcer ETA -et au-delà d'ETA, le mouvement indépendantiste tout entier- à une capitulation sans condition. De son côté ETA a annoncé une action de désarmement « immédiat et total" le 8 avril. Dès dimanche prochain, elle sera donc, par sa propre volonté une organisation désarmée, au sens militaire du qualificatif -c'est d'ailleurs précisément parce que ce désarmement est le choix d'ETA que Madrid refuse de laisser ETA y procéder elle-même. Madrid ne veut pas un désarmement, mais une capitulation, et continue à faire du Pays basque sud la région la plus militarisée d’Europe, avec 15’000 policiers et militaires pour une population d’environs 2,5 millions d’habitant-e-s. Et c'est à un règlement de comptes que se livre toujours le gouvernement espagnol, contre tous ceux et toutes celles qui, au Pays Basque, se sont engagés dans le combat de la gauche indépendantiste, qu'ils et elles l'aient fait les armes à la main ou dans une action politique légale et pacifique, comme Nekane Txapartegi, élue Conseillère municipale dans les rangs de Herri Batasuna lorsque ce parti était légal, et soutenu par des dizaines de milliers de citoyennes et de citoyens aux élections auxquelles il participait -y compris des élections nationales, puisque HB fit élire des députés aux Cortes, le parlement espagol. Herri Batasuna fut dissout par le pouvoir central en 2000, mais le pouvoir central ne pouvait pas dissoudre la base électorale de Herri Batasuna, qui se reporta sur des partis créés pour remplacer le parti interdit.

Pour ne pas froisser des pays "amis" (ici, l'Espagne) l'Office de la Justice et le Secrétariat aux Migrations posent des exigences de preuves excessives, souvent impossibles à remplir, pour toute personne invoquant les tortures subies dans une procédure d’extradition ou d’asile. Malgré des lésions constatée par des certificats médicaux, des expertises établies par des experts internationaux reconnus, un diagnostic de troubles de stress post-traumatique, une procédure d’enquête clairement défaillante en Espagne (où la pratique de la torture, constatée par les organismes internationaux notamment contre les militantes et des militants basques, est rendue possible par la possibilité de détenir au secret pendant cinq jours les personnes accusées de "terrorisme" ou de complicité avec le "terrorisme), les autorités suisses ont affirmé (contrairement à Amnesty International) que Nekane n’avait pas rendu vraisemblable ses accusations, ne les ont pas vérifiées, et se sont calées sur le sophisme odieux, exprimé par le porte-parole de l'Office fédéral de la Justice : l'Espagne est "un Etat ami et de confiance", un Etat ami et de confiance ne peut pas nous mentir. L'Espagne nie avoir torturé Nekane ? la Suisse n'a aucune raison de mettre en doute la parole de son Etat ami et de confiance, n'a pas besoin de mener une enquête et sait que Nekane n'a pas été torturée puisque l'Etat espagnol affirme qu'elle ne l'a pas été. Nekane Txapartegi n'a donc pas droit à l'asile politique et doit donc être extradée. Nekane se retrouve ainsi victime de la complicité de l'Etat suisse avec les pratiques policières de l'Etat espagnol, entre les mains de qui l'Etat suisse veut la remettre.

Rendez-vous à Genève jeudi 6 avril 18h sur la Place Neuve pour dire, dans une marche bruyante et visible : Libérez Nekane Txapartegi, Nekane Askatu !

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