Budget 2017 de la Ville de Genève : Vive le quatrième débat !


Le budget municipal genevois a donc été voté. Huit mois pour ça ? Il aura fallu huit mois, du dépôt du projet de budget du Conseil administratif à l'adoption (quatre mois après le début de l'année budgétaire) par le Conseil municipal de ce qui va tenir lieu de budget à la Ville de Genève. Huit mois et trois jours. Et trois débats. On aurait même pu en rajouter un quatrième, comme l'année dernière, dans une campagne référendaire close par un vote populaire rétablissant un budget qui ait un sens. Compte tenu du délai référendaire, des dates de votations déjà agendées, on pouvait se retrouver à voter le budget de la Ville de Genève pour 2017... juste avant noël 2017... A vrai dire, le jeu n'en valait pas la chandelle. En revanche, relancer par voie d'initiatives populaires municipales le combat pour renforcer les engagements solidaires de la Ville, sa politique culturelle, sa politique sociale, malgré la droite coagulée qui sévit au Conseil municipal, ça a du sens politique*. Finalement, c'est tout de même dans les urnes, dans la rue et dans les têtes que se régleront comme il se doit, dans un quatrième débat démocratique, les comptes politiques sur ce qui importe.

Un état se situant "entre l'idiotie et la simple débilité mentale"...

On avait déjà pris quatre mois de retard pour doter la Ville de Genève d'un budget (on pouvait donc y perdre encore trois jours), après que la droite coagulée (PDC, MCG, UDC, PLR) ait renvoyé le projet du Conseil administratif à son expéditeur, en le suppliant de faire à sa place son boulot de conception d'un budget de droite. Ce que, forcément, le Conseil administratif n'a pas fait : il n'a pas été élu à majorité de gauche pour faire le travail que la droite est incapable de faire. Bref, en avril, personne ne s'est découvert d'un fil et on a tous repris, gauche et droite, nos habits et nos positions de décembre : "faut couper" (refrain de droite), "y'a pas de raison de couper" (refrain de gauche). Les coupes budgétaires opérées par la droite coagulée l'ont été sans débat, sans concertation avec leurs victimes potentielles, sans analyse ni des besoins, ni des situations. Des coupes arbitraires, aveugles, absurdes, qui n'avaient au fond qu'un seul but : manifester l'existence d'une majorité de droite et d'extrême-droite au Conseil municipal. Et quelle majorité : celle qui voit le PDC, seul parti de droite à avoir gagné des sièges aux élections municipales, et seul parti de droite à être représenté à l'exécutif municipal, se coller non seulement au PLR, mais aussi à l'UDC et au MCG pour leur accorder à eux la satisfaction d'être majoritaires -sans savoir quoi faire de cette majorité.

Quelques amendements sortis de la commission des finances, et combattus par des amendements en sens contraire déposés par la gauche, ont tout de même permis de mesurer la cohérence des positions, des propositions et de l'alliance de la droite et de l'extrême-droite : ainsi a-t-on vu le PDC, caporalisé par ses "partenaires", voter une coupe dans la solidarité internationale et refuser un financement de l'accueil des migrants, le MCG proposer de financer un poste à l'Association de Défense des Chômeurs et voter la suppression de la ligne budgétaire du Fonds Chômage, le PLR couper dans des subventions à des lieux culturels (mais des petits, faut pas prendre de risques), et les uns et les autres voter, pour le principe, des économies de bouts de chandelle dans le fonctionnement de l'administration, des services et des lieux publics et de la préparation des projets d'aménagement et de travaux,

Les tripatouillages des lignes budgétaires affectées à l'accueil des migrants et à la solidarité internationale resteront un moment exemplaire de ce qui nous a tenu lieu de débats pendant trois jours : pour pouvoir accorder à la Croix-Rouge genevoise une subvention qu'elle n'avait pas demandée, dont elle n'avait pas besoin, et que la droite voulait affecter à "une aide au retour" (à leur point de départ) des migrants sans statut légal (en pleine opération "Papyrus" de régularisation, qui plus est...), la majorité du Conseil municipal a donc refusé une ligne budgétaire que le Conseil administratif voulait affecter à l'accueil des migrants, et réduit de plus d'un demi-million l'engagement qu'il proposait dans la solidarité et la coopération internationales. L'exercice habituel consistant à déshabiller Paul pour habiller Jean est déjà passablement absurde, en soi -mais là, on dépasse le stade de l'absurdité pour atteindre celui du cynisme. Non pas au sens philosophique -Diogène n'est pour rien dans les postures du PLR, du PDC, du MCG et de l'UDC-, mais au sens commun, trivial.

Si dans le champ de la politique culturelle la droite s'est contentée de cultiver son péché mignon : le bricolage sans projet, le rabotage sans programme, il y a donc tout de même, ne soyons pas injustes, un champ politique dans lequel elle s'est essayée à mettre en oeuvre un projet, un programme et une stratégie : le champ de la solidarité internationale et de l'immigration. Là, on va faire payer aux arrivants le retour des partants. Et il convient de féliciter les porteurs de ce projet, de ce programme et de cette stratégie, de s'être trouvés des alliés pour former une majorité. On félicitera donc, sans aucune arrière-pensée, l'UDC et le MCG d'avoir réussi à faire avaler au PLR et au MCG un solide investissement politique -ni dans l'"aide au retour", encore moins dans l'accueil des immigrants, mais dans la dégradation des conditions de leur accueil et de leur intégration. Et il est précisément là, l'investissement politique, dans cette dégradation dont vivent et prospèrent dans toute l'Europe (et au-delà) les forces d'extrême-droite. De la part de celles d'ici, l'exercice consistant à faire payer le retour des uns par la précarisation du séjour des autres est assez malin. De la part de la droite démocratique, s'y rallier relève d'une forme d'aveuglement qui confine à l'imbécillité, au sens originel du mot, dont la première occurrence trouvée par notre bon vieux Robert nous vient de 1355 (c'est en dire la constance), et qui, ajoute-t-il, désigne en médecine un état se situant "entre l'idiotie et la simple débilité mentale"...

*communiqué du Parti socialiste de la Ville de Genève
Budget 2017 de la Ville de Genève : des coupes injustifiées de la droite qui font mal à Genève.
Le PS annonce le lancement d’initiatives.
Le Parti socialiste de la Ville de Genève condamne les coupes que la droite élargie a imposées au budget 2017 de la ville ce vendredi. Sans aucune vision ou projet politique pour Genève, le PDC, le PLR, l’UDC et le MCG ont attaqué les prestations, mettant à mal la cohésion sociale.
Pour rappel, en juin 2016, la population avait très nettement sanctionné la politique budgétaire menée par la droite municipale. En refusant les coupes dans le budget 2016 de la Ville, les habitant-e-s avaient, à plus de 60%, plébiscité des services publics forts, le maintien des prestations, afin de répondre aux besoins grandissants et de soutenir les associations locales.
Ce message populaire très clair vient d’être bafoué par la droite.
Malgré des comptes 2016 bénéficiaires, avec une logique de petits comptables déconnectés de la réalité, la droite élargie a coupé dans ce qui bénéficie pourtant directement aux petites entreprises locales et aux salariés genevois-e-s : des projets d’aménagement, de constructions, et de soutien à la scène culturelle locale (bibliothèques, musique, danse, théâtre).
Face à la bonne gestion financière de la Ville, portée par nos magistrats Sandrine Salerno et Sami Kanaan, la droite avait déjà joué la carte de la mauvaise foi en décembre. Elle s’était alors engagée dans un processus dilatoire en refusant d’étudier sérieusement le projet du Conseil administratif. Cette manoeuvre a déjà coûté des millions de francs à la collectivité ! Bien plus que ce que la droite prétend économiser au nom d’une prétendue rigueur budgétaire. C’est une volonté pure de nuire aux associations ainsi qu’à l’administration municipale qui a été actionnée par la droite.
Le PS Ville de Genève s’est opposé avec vigueur à ces coupes lors du débat budgétaire. Malheureusement, la droite, majoritaire depuis 2015 au Conseil municipal, a maintenu ses coupes contreproductives pour Genève.
Le Parti Socialiste appelle les citoyen-ne-s à prendre bonne note de la volonté destructrice de la droite qui prétend avoir plein de projets, mais dans les faits coupe dans les budgets. Le Parti socialiste Ville de Genève annonce, sous réserve du vote de son Assemblée générale, le lancement d’initiatives populaires pour inscrire à long terme nos priorités politiques dans le budget municipal.

Commentaires

Articles les plus consultés