Quatre référendums contre les coupes budgétaires en Ville de Genève : Pour la cohérence du geste


Les socialistes de la Ville de Genève et les Verts sont invités par leurs assemblées générales respectives à signer les quatre référendums lancés contre les coupes budgétaires opérées par la droite coagulée (PLR, PDC, UDC, MCG) dans le projet de budget du Conseil administratif, fin avril dernier*. Ce soutien des socialistes et des Verts à un quadruple référendum décidé par "Ensemble à Gauche" toute seule, sans consultation des autres formations de gauche du Conseil municipal (PS, Verts), ni des milieux culturels qui avaient été des acteurs déterminants du référendum lancé il y a un an contre les précédentes coupes budgétaires imposées par la droite coagulée, est logique : même si en l'occurrence l'arme référendaire n'est pas la plus efficace (si les référendums aboutissent, on ne votera qu'en novembre, un mois avant d'entrer dans un nouvel exercice budgétaire, ce qui relativise considérablement l'effet concret de l'exercice référendaire), elle n'exprime après tout que la même opposition que celle que les élues et élus socialistes au Conseil municipal avaient exprimée lors des débats d'avril, comme lors de ceux de l'année dernière. Un soutien pour la cohérence du geste d'opposition, en somme. Après quoi, les socialistes lanceront (nous en déciderons fin mai) des initiatives municipales pour ancrer dans la durée des allocations budgétaires auxquelles la droite a pour réflexe pavlovien de s'attaquer. Là encore, la cohérence du geste, et là encore, la sollicitation d'un arbitrage de la population, mais non plus sur le mode défensif propre aux référendums : sur le mode offensif, contenu dans la démarche même de l'initiative populaire.

* le premier référendum est lancé contre une coupe linéaire de un million de francs (sur un budget de près de 1,2 milliard) sur les dépenses de fonctionnement de chaque département municipal (y compris celui du seul magistrat de droite, Guillaume Barazzone); le deuxième contre une coupe de 340'000 francs dans la solidarité internationale, le troisième contre une coupe de 963'000 francs dans l'encouragement à la culture, le quatrième contre une coupe de 150'000 francs dans le financement de l'allocation de rentrée scolaire, que la droite tente de transformer en aumône délivrée sous forme de bons en monnaie de singe. Le délai de récolte des signatures est au 19 juin : il en faut 4000 pour chaque référendum.

Du rabot à la lime à ongles : changement d'outil, constance de l'inanité


En avril dernier, la droite municipale, majoritaire avec l'apport du MCG, avait imposé au projet de budget présenté par le Conseil administratif des coupes aussi inutiles et absurdes que celles qu'elle avait tenté d'imposer l'année précédente, et qui lui étaient revenues dans le figure après que la gauche et les milieux culturels ("La Culture Lutte"en tête) eurent lancé un référendum victorieux dans les urnes. Des coupes aussi inutiles et absurdes, mais faites à la lime à ongles plutôt qu'au rabot. L'instrument change, pas l'inanité de l'exercice. Le fonctionnement de la commune, la culture, l'action sociale, la solidarité internationale se retrouvent ainsi à nouveau victimes de la déliquescence politique de la droite locale. Il fut un temps où cette droite avait une pensée, un projet, une culture. Elle n'a plus que des réflexes et des aigreurs.  "Il fallait frapper un grand coup", expliquait déjà en 2016 la cheffe du groupe PLR au Conseil Municipal. Frapper qui, donner à un grand coup à qui ? Au Conseil administratif ? Mais ce sont les prestations culturelles et sociales qui le prennent, ce coup, et donc les acteurs culturels et les bénéficiaires de l'aide apportée par la Ville aux plus démunis de ses habitants. Et faute d'avoir pu "frapper un grand coup", d'en avoir été empêchée par un vote populaire, la droite se rabat donc sur de petits coups...

Et tout ça pour quoi ? Pour équilibrer le budget ? Équilibré, le projet du Conseil administratif l'était déjà... Parce que la Ville est en crise financière ? Ses comptes sont bénéficiaires depuis plus de dix ans, période pendant laquelle sa fortune a triplé pour atteindre le milliard (en étant d'ailleurs sous-estimée) et sa dette a diminué de 10 %... (de toute façon, comme disait le Conseiller d'Etat radical Robert Ducret, "La plus grande partie de la dette (doit) être considérée comme un investissement"). La Ville de Genève couvre ses charges, elle est capable de payer l'intégralité de ses investissements avec ses recettes propres, de réduire au maximum la part de ses recettes fiscales qu'elle consacre au paiement des intérêts de sa dette et de maîtriser ses dépenses courantes. En réalité, acteurs culturels, associations d'entraide, solidarité internationale, bénéficiaires des aides municipales sont pris en otage d'un règlement de compte politicien : Elle a un défaut impardonnable, le Ville de Genève, celui de s'obstiner à élire une Municipalité de gauche. C'est cela que la droite et le MCG veulent lui faire payer -un peu comme le Conseil d'Etat veut faire payer aux usagers des transports publics, par une réduction des prestations des transports publics, le vote réitéré de la population contre les hausses de tarifs TPG...
La rancune en guise et à défaut de projet politique, en somme...

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