Tarifs des transports publics genevois : On re-re-revote...



Le 21 mai, on votera à Genève sur les tarifs des transports publics.On commence à en avoir l'habitude, après tout ça ne fera que la troisième fois en trois ans, la quatrième en neuf ans si on compte le vote (qu'on avait perdu) sur la gratuité. En septembre, le parlement cantonal a voté, par une majorité PLR, UDC, PDC et Verts contre le PS, Ensemble à Gauche et le MCG, une hausse de 4 %  (en gros) du prix des billets et des abonnements TPG pour compenser la perte de recettes dues à la baisse des tarifs imposée par le peuple en 2013, et confirmée en 2014. Or cette compensation peut se faire autrement qu'en faisant payer les seuls usagers : en augmentant la subvention cantonale aux TPG, c'est-à-dire en faisant payer tout le monde par l'impôt, en partant du principe que tout le monde, même ceux qui ne les utilisent pas, bénéficie d'un réseau de transports publics efficace. On votera donc,. pour la troisième fois, NON à la hausse des tarifs -en attendant le moment d'imposer la gratuité. Gratuité dont bénéficient d'ailleurs déjà les députés qui votent les hausses de tarifs (pour les autres) au parlement...

Il n'y a pas que la vitesse commerciale des TPG qu'il faut accélérer, il y a aussi celle de la compréhension par les gouvernants des messages délivrés par les gouvernés.

Ce qui est proposé aux Genevois et voises, et qui a été combattu par un référendum largement signé (trois référendums s'additionnant, en fait : un lancé par "Ensemble à Gauche", un lancé par le PS, et un lancé, symboliquement, par le MCG), c'est une hausse de tous les tarifs des TPG, les cartes journalières mises à part, et c'est la suppression des abonnements hebdomadaires et des cartes "dès 9 heures". Les partisans de cette hausse (le Conseil d'Etat, le PLR, l'UDC, le PDC, les Verts) expliquent qu'il s'agit de compenser la baisse des rentrées de billetterie et d'assurer le maintien, et une petite amélioration de l'offre, mais ils proposent de faire payer d'abord les usagers, et d'entre eux d'abord les usagers captifs, les plus démunis, ceux qui ne peuvent se déplacer autrement qu'en transports publics. Petite cerise sur le gâteau : on punit aussi ceux qui ont choisi de renoncer à se déplacer en bagnole : belle illustration de la sincérité des discours officiels sur le "transfert modal" nécessaire à la qualité de la vie... La prochaine fois, on s'en prendra à qui ? au personnel, pour le punir d'avoir fait grève ?

On est dans une logique punitive que rien, financièrement, ne justifie : la seule limitation des déductions fiscales pour frais de transport, acceptée en votation populaire, ramène largement plus (35 millions de francs par an) de ressources au canton que les six millions que la gauche (et le MCG, mais sans les Verts) propose comme augmentation de la subvention pour éviter une augmentation quasi générale de tous les tarifs...

Argumentant pour refuser une augmentation de la subvention aux TPG plus forte que celle acceptée par la droite (et à laquelle les Verts se résignaient), le Conseil d'Etat explique que le canton n'en a pas les moyens. C'était déjà le prétexte avancé  fin 2014 pour réduire l'offre de transports publics : lignes de bus raccourcies, périodes à cadences soutenues réduites, suppression de passages aux heures creuses... les prestations reculent de 4 % en deux ans (2015-2016). Et le même Conseil d'Etat menace de les réduire encore de 7,5 % (réduction de la desserte d'un tram 12 sur deux hors des heures de pointe, horaire réduit fin juin etc...) si le bon peuple ne fait pas le bon choix (celui de la hausse des tarifs). Il ne manque plus qu'exiger qu'il demande pardon à genoux d'avoir eu l'impudence de voter une initiative qui lui donne le droit de se prononcer sur les tarifs, et d'avoir ajouté à cette impudence celle d'avoir voté leur diminution sans celle des prestations.

On serait pas un peu rancuniers, dans la Tour Baudet et dans la salle du Grand Conseil ? Parce que nous, on est un peu butés : on a déjà voté deux fois contre la hausse des tarifs, on va revoter une troisième fois dans le même sens. Il n'y a pas que la vitesse commerciale des bus et des trams des TPG qu'il faut accélérer, il y a aussi celle de la compréhension par les gouvernants des messages délivrés par les gouvernés.

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