Transition énergétique, énergie nucléaire, énergies renouvelables : Dimanche, on sort du fossile. Ou pas.


La France a désormais son ministre de la "transition écologique", dimanche la Suisse aura, si le peuple en décide ainsi, sa loi de "transition énergétique". De transition de quoi à quoi ? pour résumer : des énergies fossiles aux énergies renouvelables. L'année dernière, le peuple avait refusé une sortie rapide du nucléaire. Cette année, on lui en propose une plus lente -mais l'objectif reste d'en sortir, et de réduire le plus massivement possible la part prise par les sources fossiles (le charbon, le pétrole, et donc l'uranium) dans la production d'énergie, en augmentant la part des sources renouvelables (solaire, éolien, hydrique). "Et si c'était non à la transition énergétique ?", s'interrogeait la "Tribune de Genève"... à la proposition soumise au peuple, il y a deux alternatives : le statu quo et la fuite en avant... relancer le nucléaire et gonfler les importations de courant étranger, l'un n'excluant d'ailleurs pas l'autre. Dimanche, on saura donc quel choix aura fait le Souverain helvétique. Au fait, vous l'avez envoyé, votre bulletin de vote ? Parce que sinon, c'est avant midi au local de vote que vous pourrez exercer votre droit d'aider la Suisse à sortir de l'âge du fossile.

"Il n'est rien de plus puissant qu'une idée dont le temps est venu" (Victor Hugo)


La proposition de loi de "transition énergétique" soumise au vote après-demain n'est pas celle que le Conseil fédéral avait soumise au parlement : la droite de la droite (l'UDC, un bout du PLR) et le lobby nucléaire avaient réussi à l'édulcorer, ce qui ne les avait d'ailleurs pas empêchés de lancer un référendum, aidés de quelques climatosceptiques et de quelques éolophobes. Le Conseiller national Roger Nordmann résume : "la vraie motivation des référendaires, c'est de pouvoir un jour reconstruire des centrales nucléaires"  -d'ailleurs, le président de l'UDC, qui a lancé le référendum, est aussi président du lobby nucléaire AVES, et même de celui du lobby mazoutier, Swissoil.

Si le "non" l'emporte, le lobby nucléaire ressortira de ses cartons quelques projets de nouvelles centrales,  le développement des énergies renouvelables sera entravé, et l'indispensable transition vers des modes de production et de consommation énergétiques plus économes en ressources, indépendants des sources fossiles et moins nuisibles à l'environnement, sera retardée. Or cette transition est indispensable, et le développement de nouvelles technologies de production énergétique, en particulier photovoltaïque et éolienne, la rend plus aisée à mettre en oeuvre. Encore faut-il en avoir précisément la volonté. Le programme proposé par la loi soumise au vote témoigne de cette volonté, comme l'opposition à ce programme témoigne de la volonté d'en rester le plus longtemps possible dans la situation actuelle -quitte à ne pas tenir les engagements pris par la Suisse lors de la COP21 de Paris.

"Il n'est rien de plus puissant qu'une idée dont le temps est venu" (Victor Hugo) : On n'échappera pas à la transition énergétique -on n'a guère que le choix de la maîtriser, ou de devoir la subir sans s'y être préparés. On peut préférer les centrales nucléaires aux éoliennes, l'importation de courant étranger de source nucléaire ou charbonnière à la production indigène par des sources renouvelables. On peut. Mais alors, qu'on le dise clairement, sans bourrer le mou du bon peuple en lui prédisant le retour aux cavernes, au feu de bois et aux douches froides.

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