De qui et de quoi Macron est-il le nom ?


Scrutin scruté

A la comparer avec celle de ses prédécesseurs depuis 1995, l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République française a suscité à l'étranger un engouement inédit. Saluée (évidemment) par l'Union Européenne, la victoire du seul candidat dont les meetings (et la fête de victoire) étaient fleuris de drapeaux bleus à étoiles, l'a aussi été par le Parti communiste chinois. Et même Trump et Poutine ont félicité Macron, alors qu'il était de notoriété publique que le premier avait les yeux de Chimène pour Marine Le Pen et que les préférences du second hésitaient entre elle et Fillon.  "Pourquoi Macron est-il aussi important pour le monde entier ?", s'interrogeait le "Financial Times" ? Qu'est-ce qui fait qu'un scrutin dans une puissance moyenne soit aussi scruté par les puissances majeures (et pas seulement elles : 3000 journalistes étrangers s'étaient rendus en France pour le suivre -un record depuis 1981- et le résultat a fait les "unes" de tous les principaux quotidiens du monde) ? Sans doute parce qu'il avait pris l'apparence d'un "référendum sur l'Europe et la mondialisation", comme on pouvait le lire sur le site américain "Politico", et qu'il était une première défaite dans un pays important (malgré le score historique de Le Pen) du populisme nationaliste et ouvertement xénophobe, après le Brexit et le trumpisme qui semblaient avoir donné le ton politique des élections à venir... avant que l'inépuisable singularité française ne change la gamme...


"Il est intolérable d'être toléré" (Pier Paolo Pasolini)


"Comment dit-on "ouf" en chinois", se demande le chroniqueur du "Monde" en lisant, dans un organe en anglais du PCC, "Global Times", que l'élection de Macron "sera accueillie comme la manifestation que la France peut encore être une source d'inspiration pour le monde entier", et qu'en l'élisant, la France a fait "un choix crucial pour la civilisation". Pas moins. Alors quoi ? Une victoire de la "mondialisation heureuse" contre la rétraction rogneuse ? Pas si vite : il n'y a pas plus nationalistes que les Chinois, chantres de la mondialisation quand elle sert la Chine, qui saluent l'élection de Macron, et le populisme nationaliste et xénophobe pèse, globalement, 15 % de l'électorat européen...
Sans doute le choix de Macron avait-il été rendu plus facile par la configuration du deuxième tour de l'élection. On avait prédit que quelque soit le candidat qui serait opposé à Marine Le Pen au deuxième tour, en partant du principe qu'elle y serait (mais il s'est avéré qu'elle aurait fort bien pu ne pas y être, Fillon et Mélenchon n'étant finalement pas arrivé si loin d'elle), serait élu, mais il n'était ni évident que ce candidat serait Macron, ni évident qu'il serait élu avec une telle majorité, même compte tenu de l'abstention et du vote blanc.

N'empêche qu'à la place de Macron, on s'inquiéterait : "Il est intolérable d'être toléré" maugréait Pier Paolo Pasolini.

Et puis, n'oublions pas que derrière tout ce qui se passe, il peut y avoir un complot. Enfin, il peut... il y a forcément un complot. Il y a toujours un complot. Tout peut, doit, s'expliquer par un complot. Un Protocole des Sages de Sion ou de Davos ou de Wall Street ou de Pekin -d'ailleurs, ce sont les mêmes. Et Macron lui-même n'a-t-il pas confirmé qu'il était le fruit empoisonné d'un complot, en choisissant pour son onction populaire, au soir de son élection, la cour du Louvre, avec en arrière plan la Pyramide de Pei. Un triangle. Le symbole des Illuminati. Doublé d'un symbole maçonnique, celui du croisement de l'équerre et du compas lorsque Macron lève les deux bras. N'était-il pas soutenu par le Grand Orient, Macron ? Ne fut-il pas banquier chez Rotschild, Macron ? Que vous faut-il de plus pour être convaincus que derrière lui, il y a le complot, portant des noms différents au gré de l'histoire, mais toujours fondamentalement le même, celui d'une oligarchie cachée où, coalisés pour détruire les fondements de la société, la grande finance, les grandes entreprises, la classe politique, les media, le "système", quoi, tirent les ficelles ?

A tout ce qu'on comprend mal, il faut une explication unique, simple, immédiatement efficace. Car tout est ordonné et coordonné, le hasard, l'opportunité, l'improvisation, rien de tout cela n'existe. Il y a un ordre, et il est secret. C'est une idée fausse du monde ? Certes, mais c'est une idée efficace. Que demander de plus ? Peut-être d'essayer de comprendre les vraies raisons de l'élection d'un homme qu'on présentait (et qu'on présente parfois toujours) comme un pantin, un ectoplasme politique, une créature de modernes docteurs Frankenstein -et qui est en train de faire exploser le paysage politique français...

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