Genève : quatre référendums municipaux contre des coupes budgétaires


Pour le principe

"Ensemble à Gauche" a déposé un peu moins de 20'000 signatures (au total) pour les quatre référendums (nécessitant chacun 4000 signatures valables) que la coalition a lancés contre les coupes budgétaires votées par la majorité de droite du Conseil municipal de la Ville de Genève ce printemps. Ces coupes, portant pour 2,5 millions de francs sur le budget (de près de 1,2 milliard) en cours, pourraient ainsi être soumises au vote populaire en septembre prochain, si les signatures valables sont en nombre suffisant. On appellera alors, évidemment, à voter "non" aux restrictions budgétaires dans des domaines aussi essentiels que la politique culturelle (en l'occurrence, dans l'accès à la culture), la solidarité internationale ou l'aide sociale. Compte tenu de la date de la possible votation, et du montant des coupes, on peut se dire que ce vote ne sera pas le combat du siècle (ni les Verts, ni le PS, ni Culture lutte ne faisaient d'ailleurs partie du comité référendaire) -mais il s'agit surtout de réaffirmer une position qu'on veut constante : on ne lâche rien de ce qui justifie l'existence même d'une commune, ses prestations à sa population. D'ailleurs, référendums ou pas, le PS lancera deux initiatives populaires pour pérenniser l'engagement de la Ville dans l'accueil des immigrants et la formation professionnelle.


Le bel optimisme de gauche : en appeler à l'intelligence de la droite municipale genevoise

La droite municipale genevoise a une obsession : couper dans le budget. Et un projet pour satisfaire cette obsession : couper 50 millions dans le budget d'ici à 2020. Et une déraison à ce projet et cette obsession :  la situation financière de la Ville serait catastrophique. Les comptes sont bons, obstinément bénéficiaires ?  c'est que "la chance a été au rendez-vous". Tous les ans depuis douze ans. A ce niveau d'obstination chanceuse la droite coagulée devrait dénoncer la partialité gauchiste de la chance, et la  seule chose que le Conseil administratif pourrait faire pour satisfaire son opposition de droite, serait de présenter des comptes calamiteux, avec un trou profond, un gros déficit, une impasse abyssale -enfin, les comptes les plus mauvais possibles. En attendant cette thérapie, la droite coupe donc dans le budget. Sans que cela soit nécessaire à l'équilibre du budget, mais parce que c'est indispensable à son équilibre à elle.

Les coupes budgétaires opérées par la droite coagulée (du PDC au MCG en passant par le PLR et l'UDC) en Ville de Genève ont été cette année plus réduites que celles qu'elle avait imposée l'année dernière, et qui lui avaient valu de se prendre dans la gueule un référendum victorieux, et une votation municipale victorieuse : elle avait alors coupé à la hache. Cette année, elle a troqué la hache contre les ciseaux à ongle, mais si l'instrument changeait, l'exercice restait : couper pour couper. De plus petits morceaux, on passait de l'équarissage boucher au rabotage menuisier, mais l'essentiel n'était, pas plus en 2017 qu'en 2016, de se livrer à un exercice utile, et moins encore intelligent : il n'était pour la droite que de prouver qu'elle était capable de s'y livrer. Nul n'en doutait, d'ailleurs : il suffisait pour y parvenir d'additionner des votes, sans se préoccuper outre de mesure d'en donner des raisons plausibles.

Dans ces conditions, un "non " aux coupes budgétaires municipales doit être pris comme un appel à retrouver un minimum d'intelligence politique dans l'exercice budgétaire. On dit bien un minimum, car qui s'inflige l'écoute des interventions et la lecture des propositions de la droite coagulée en Ville de Genève conviendra que lancer un tel appel relève d'un optimisme qui pourrait paraître excessif : on a tout de même affaire à des gens qui trouvent judicieux de tenter de substituer au XXIe siècle des bons d'achat à des allocations, puis, quand ils (et elles) s'aperçoivent que cette idée n'est qu'une ânerie inapplicable, proposent d'y substituer le remboursement d'achats sur présentation des tickets de caisse... En attendant sans doute le retour des carnets du lait, des timbres d'escompte de la Coop et du kilo du chômeur.

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