Le Plaza ne doit pas mourir !


Une initiative populaire législative à signer

C'est, ou c'était (mais il peut -il doit-renaître) le plus beau cinéma genevois : "Le Plaza", à Chantepoulet. Aujourd'hui, le projet de ses propriétaire (qui n'ont jamais eu la moindre intention de reprendre son exploitation comme salle de cinéma, après que le groupe Metrociné l'ait abandonnée) est de le détruire pour y reconstruire à la place un centre commercial, et sous le centre commercial un parking (et sur le centre commercial, histoire de diluer un peu les objectifs purement financiers de l'exercice, des "logements pour étudiants" qu'on pourrait d'ailleurs parfaitement créer au-dessus du cinéma sans l'avoir détruit). Ce projet a obtenu l'autorisation de construire -et donc celle de détruire la salle- qui lui était nécessaire. Il l'a obtenue malgré toutes ses tares (à commencer par celle de nécessiter, pour pouvoir être autorisé, une dérogation générale à quasiment toutes les lois qu'un projet de ce genre est supposé respecter). Sous réserve du sort qui sera réservé à une opposition déposée contre cette autorisation de démolir et de construire, et compte tenu de la passivité, de la résignation et de l'inertie des autorités cantonales et municipales dans ce dossier*, il ne reste donc que la voix populaire qui puisse être assez forte pour sauver le Plaza et en faire le centre d'un véritable "quartier du cinéma". C'est cette voix que nous sollicitons, par une initiative proposant l'expropriation, pour cause d'utilité publique et au bénéfice de la Ville de Genève, de la société propriétaire de la salle. Alors on a assez râlé, assez protesté, assez recouru : maintenant, on signe !

Listes de signatures à télécharger et signer :
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Se battre pour sauver le lieu d'un miracle.

Nous voulons "Sauver le Plaza". Mais si cette volonté s'appuie sur la valeur patrimoniale de la salle, elle suppose d'avoir pour elle un projet : si considérable que soit sa valeur patrimoniale, elle ne se réalise pleinement que par un projet d'utilisation -nous ne voulons pas d'une belle sale vide et inutilisée. Ce projet, nous l'avons : c'est celui d'un "Quartier du cinéma" autour du Plaza, pouvant aussi englober les salles du "Central" et du "Broadway" actuellement fermées. S'ajoutant à la valeur patrimoniale du Plaza, seul un tel projet, que les qualités architecturales du Plaza rendent possible, peut justifier l'intervention de la Ville et du canton. Mais pour que cette intervention se fasse, il n'est plus qu'un moyen possible l'expropriation pour utilité publique. Cette expropriation pourrait être décidée par le parlement cantonal, mais le rapport des forces politiques qui y règne laisse peu de chances à une telle solution. Ne reste donc que la décision populaire, par voie d'initiative législative. Et donc, on l'a lancée.

Que faire du Plaza ? On peut en effet en élargir la fonction, le rôle, la place, sans attenter ni à son histoire, ni à sa configuration architecturale. Le sauvetage de l'ex-Manhattan, oeuvre lui aussi de Marc-Joseph Saugey, devenu l'Auditorium Arditi-Wilsdorf, prouve qu'il est possible de réaffecter au cinéma une salle de cinéma emblématique, et patrimoniale, en respectant son architecture tout en la rénovant et en la rééquipant. L'Auditorium sert toujours de salle de cinéma, mais pas seulement. Il peut être loué, et modulé : l'écran est amovible, les sièges peuvent être installés et désinstallés au gré des besoins. Le sauvetage de la salle a été rendu possible par une mobilisation citoyenne contre un projet de la démolir pour faire place à un centre commercial, ce qui ne peut que nous rappeler la menace pesant sur le Plaza. La salle sera classée en 1993 grâce à cette mobilisation, et à l'intervention de la commission fédérale des monuments historiques. La Fondation Arditi rachète la salle, qui se lie à l'Université, et est finalement remise au canton.

Un cinéma n'est plus seulement (à supposer même qu'il ait jamais été que cela)  un lieu de projection : c'est un espace social -et c'est peut-être de l'avoir oublié que des salles ont périclité. La programmation joue ici un rôle déterminant : plus l'offre est large, plus le public est large, et plus facilement une partie de ce public se rendra dans une salle non seulement pour y voir un film, mais aussi pour tout ce que la salle peut, autour du film, à son propos ou son prétexte ou non, proposer.

"Se retirer du monde, dans le noir et en silence, avec des inconnus autour (de soi), (en se concentrant) pendant deux heures sur une seule activité, où le corps et la pensée ne sont pas divisés : seule la fascination du cinéma peut réaliser cela", même pour des "jeunes (qui) ont pris l'habitude de regarder plusieurs écrans en même temps, et sans tenir en place",  explique le directeur de la Cinémathèque Suisse, Frédéric Maire. C'est le "miracle du cinéma". Or  même les miracles ont besoin de lieux pour se produire. Et celui-là ne se produira jamais dans un centre commercial (pour citer un exemple au hasard).
Et c'est ainsi qu'à Genève, se battre pour sauver une salle aussi emblématique (et aussi belle) que celle du Plaza, c'est se battre pour sauver le lieu d'un miracle.

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