Brèves


Dernière séance du Conseil Municipal avant la pause estivale : on a brillé de tous nos feux, grâce à un projet de délibération déposé par la droite dilatée (PLR, PDC, MCG, UDC) accordant au Conseil administratif, qui n'en voulait pas, l'autorisation de claquer 340'000 francs pour étendre la zone « VIP » de la patinoire des Vernets, afin d'améliorer le confort des dits VIP. Et de leur permettre d'avoir leur buvette à eux tous seuls, de pas se mélanger avec la plèbe des supporters moyens qui sentent la transpiration, la saucisse et la bière tiède. Paraît que c'était urgent. On ne sait pas pourquoi, mais il a fallu qu'on traite de cette insignifiance avant les vacances. Et vous nous connaissez: on nous donne une insignifiance, on en fait un débat fleuve. Et fleuve il le fut : deux heures pour en venir à bout. Et tout ça pour financer des travaux qui ne se feront pas, ou pas avant des mois. Alors on y a mis notre grain de sel, en déposant quelques amendements frappés au coin de ce bon sens qui fait tout notre charme, et qui ont tous, évidemment, été refusés par la droite dilatée, pressée de caresser le VIP et le Genève Servette Hockey Club (une société anonyme au financement opaque) dans le sens du poil. Ainsi les heureux bénéficiaires des aménagements de la zone « VIP » de la patinoire des Vernets n'auront-ils nullement à les compenser financièrement, même en partie, même en timbres-poste. C'est qu'elle les aime, les VIP, la droite muni-cipale, et quand on aime on ne compte pas. D'ailleurs, fin mai, Genève a vu deux grosses manifs des supporters valaisans (6000 participants) et bâlois (4000) lors de la finale de la Coupe de Suisse de foot qui auront coûté au moins 300'000 balles à Genève : le coût du dispositif de sécurité rendu nécessaire par le respect de la «tradition» de la manif de supporters (plus de 400'000 francs, dont 100'000 payés par l’Association Suisse de Football. Le reste, c'est Genève qui paiera. On le répète : quand on aime (le sport), on ne compte pas. Ou alors sur ses doigts.

Donc, un Conseiller d'Etat (Luc Barthassat, par exemple) n'a pas le droit de faire « sauter » des amendes. Un Conseiller administratif (André Hediger, par exemple) non plus d'ailleurs : c'est ce que « l'autorité de tutelle du service des contraventions» (c'est-à-dire le Conseiller d'Etat Pierre Maudet) a rappelé à l'« autorité de tutelle de la Fondation des Parkings » (c'est-à-dire le Conseiller d'Etat Luc Barthassat), qui avait tenté de faire annuler une bûche de 40 balles pour station-nement interdit, ce qui « aurait clairement relevé d'un abus d'autorité » si la première « autorité de tutelle » (Maudet) n'avait pas mis son veto a la tentative de la deuxième « autorité de tutelle » (Barthassat), en estimant que cette tentative  « semblait dénoter une méconnaissance des procédures ». Ouala. On est à G'nêêêêve, donc, au cas où vous n'auriez pas compris. Où donc pourrions-nous être, d'ailleurs, pour qu'une affaire de cette ampleur prenne la moitié de la deuxième page du « Matin Dimanche » ? A Alep ? Heureusement qu'on a tout ce qu'il faut comme « autorités de tutelle » parce que sinon, ça serait carrément le bordel, à Piogre. Manque juste une  « autorité de tutelle » des « autorités de tutelle »...

Le calvaire de Nekane Txapartegi continue : la militante basque, naguère élue municipale, condamnée en Espagne pour avoir (selon des aveux extorqués sous la violence, voire sous la torture) fourni à des militants de ETA des faux passeports, des planques ou des véhicules, risque toujours d'être extradée par la Suisse (qui l'a détient depuis un an) vers l'Espagne : le Tribunal pénal fédéral a en effet rejeté son recours contre cette extradition en se refusant à examiner les accusations de torture en expliquant que l'Espagne étant désormais un Etat démocratique, on ne saurait y torturer. Et que donc, puisque Nekane n'a pas pu être torturée en Espagne puisque l'Espagne est un Etat démocra-tique qui ne torture pas, son extradition ne peut être contestée. Comme quoi la justice suisse sait produire des sophismes. On applaudirait le jeu intellectuel si son résultat n'était détestable.

Le candidat du PDC à la Municipalité de Zurich, Markus Hungerbühler, est homosexuel, vit en partenariat en-registré et est père d'un enfant issu d'une mère porteuse américaine (pratique interdite en Suisse), alors que son parti défend la famille tradi-tionnelle, s'était opposé au partenariat enregistré, et s'oppose toujours au mariage homosexuel. « On peut être à la fois conservateur et incarner de nouvelles formes de familles », explique le candidat. Certes. Mais on est conservateur de quoi, alors  ?

Faut bien avouer que, dès la fin de l'année scolaire, le militant socialiste de base commence à se faire un peu chier : plus de réunions, plus d'assemblées, plus de commissions... alors on meuble. Par exemple, pour peu qu'on ait eu une assemblée générale de désignation de candidats au Conseil d'Etat et au Grand Conseil un peu avant, disons à la mi-mai, et qu'on n'apprécie pas les choix de l'assemblée, on se fait un petit caca nerveux public. Et on dénonce des magouilles, des adhésions suspectes en masse dans certaines sections (la Ville de Genève, Vernier) dont une candidate (Sandrine Salerno) et un candidat (Thierry Apothéloz) sont membres. On y voit un complot. Et on  exige une enquête. Et on l'obtient. Et il en sort un rapport. Qui fait feuilleton dans la presse locale. Il dit quoi, le rapport ? Que dans les cinq mois qui ont précédé l'Assemblée générale de désignation des candidats, y'a eu 124 adhésions au parti (dont des adhésions collectives de familles), et dans les trois mois précédant l'assemblée, 99 adhésions. Pour l'effet de masse, c'est un peu ristrett', ça compense tout juste les départs naturels (décès, déménagements hors du canton, démissions, radiations pour non paiement des cotisations). Sur ces 124 nouvelles adhésions, 58 l'ont été à la section de la Ville de Genève, soit en gros la proportion de membres de cette section par rapport au nombre total des membres du parti cantonal (en gros, 40 %). Et seuls 23 nouveaux membres de la section Ville (sur 173 de ses membres au total) ont participé à l'assemblée de désignation des candidats. Pas de quoi faire basculer les votes, même en supposant que ces 23 aient toutes et tous voté de la même manière (alors qu'il y avait trois candidatures issues de la section Ville :; celles de Sandrine Salerno, de Carlo Sommaruga et de Romain de Sainte-Marie). La section de Vernier, la deuxième plus importante du canton après celle de la Ville, a reçu 25 adhésions : elle avait fait une campagne d'adhésions. Le rapport note aussi que neuf personnes présentes à l'Assemblée Générale du PS ont pu y voter (et y élire) alors qu'elles n'en avaient pas le droit (leur demande d'adhésion n'avait pas encore été validée, ou elles n'avaient pas payé leurs cotisations). Neuf personnes (dont, sauf erreur, aucune n'était membre, même frauduleusement, de la section Ville) sur 441 votants. Ce qui n'a rien changé au résultat final pour le Conseil d'Etat (la désignation de Thierry Apothéloz, de Sandrine Salerno et d'Anne Emery Torracinta, avec 25 voix d'avance sur Carole-Anne Kast). Ouala. Et le premier qui dit que tout ça, c'est beaucoup de bruit pour rien n'a rien compris au poids de l'ennui qui s'empare du militant socialiste genevois de base sitôt la Fête des Promotions terminée, et de la nécessité pour lui de se faire un petit feuilleton pour meubler les longs crépuscules estivaux. Ferait mieux de tenir un stand de signatures pour les multiples initiatives et référendums qu'on a lancé ou qu'on soutient, le militant de base. Feignasse, va...

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