Budget municipal genevois 2017 : Couper pour couper ?



Le 24 septembre, on votera à nouveau, en Ville de Genève, sur le budget municipal -plus précisément, sur les coupes que la droite coagulée (du PDC au MCG) a décider d'opérer dans un budget pourtant à l'équilibre (il dégage même un petit excédent de recettes). L'année dernière déjà cette droite s'était livrée à cet exercice. Et l'année dernière déjà, la gauche avait lancé un référendum contre la traduction budgétaire de cette pulsion sécatoriale. Et le peuple avait annulé les coupes opérées par la droite. Errare humanum est. Perseverare ? la droite a remis la compresse : coupes de droite, référendum de gauche, le peuple décidera. C'est la nouvelle procédure budgétaire en Ville de Genève : le Conseil municipal ne fait pas son boulot ou le fait mal, c'est au corps électoral d'y suppléer. Il y suppléera donc dans un mois. A moins que la droite réussisse à faire annuler (et reporter) la votation au prétexte que la brochure officielle de présentation de l'enjeu favorise la gauche référendaire au détriment de la droite raboteuse. Il ne reste à cette année budgétaire que quatre mois à vivre : le bon peuple se prononcera-t-il sur le budget de la Ville avant que soit totalement consumée l'année qu'il concerne ? Au fond, ce vote inutile serait la conclusion logique d'un processus qui aura vu une majorité inutile opérer des coupes budgétaires inutiles pour le seule raison de prouver qu'elle peut le faire.

Quatre fois NON pour pouvoir ensuite dire OUI

Ce sont quatre référendums, lancés par Ensemble à Gauche, qui ont abouti contre les coupes opérées dans le budget 2017 de la Ville de Genève par la majorité de droite du Conseil municipal. L'année dernière déjà, il avait fallu combattre par référendum des coupes budgétaires -elles étaient alors de 7 millions de francs, et linéaires, dans les subventions . Cette année, la droite a mis la barre un peu plus bas : elle s'est contentée de couper 2,5 millions, dans l’allocation de rentrée scolaire, l’encouragement à la culture et à la solidarité internationale (dans le même temps où la Ville réitérait son intention d'y affecter 0,7 % de ses ressources). A cela s’ajoute encore une coupe linéaire de 1 million de francs dans les dépenses générales des départements. Mais que le montant des coupes soit plus faible, et leur nature différente, d'une année sur l'autre, ne change pas grand chose à l'absurdité d'une démarche de comptables bornés, incapables de présenter un budget cohérent qui soit une alternative à celui présenté par le Conseil administratif, et se livrant dès lors à l'exercice infantile consistant à cisailler un peu au hasard, à raboter au pifomètre, à n'avoir pour seule ligne politique que celle, obsessionnelle, de réduire le budget d'une municipalité qui, financièrement, se porte fort bien, produit des comptes bénéficiaires chaque année depuis dix ans (ceux de 2016 l'ont été de 2016) et dont le Conseil administratif peut, chaque année, présenter un projet de budget au solde positif.

Il fut un temps où la droite genevoise avait une pensée, un projet, une culture. Elle n'a plus en Ville de Genève que des réflexes, des rancunes et des aigreurs, inconsolable qu'elle est de sa propre incapacité à prendre la majorité à l'exécutif municipal. Faute de programme, d'unité et de candidats crédibles pour y arriver, que lui reste-t-il ? une petite politique de petits coups et de petites coupes, en attendant de pouvoir en opérer de grandes dans le domaine social, dans l'aide apportée par la commune aux plus démunis, dans le domaine de la culture.

Contrairement aux cantons et à la Confédération, les communes n'ont pas la possibilité de reporter des charges sur un échelon institutionnel inférieur -elles n'ont que celle de les reporter sur leurs habitants ou le tissu associatif. Leurs budgets est donc le seul qui finance des prestations publiques qui ne peuvent être reportées sur un autre budget public. Et quand un service public ne peut assumer ses tâches faute d'un budget adéquat, ces tâches ne peuvent être assumées que par le secteur associatif ou le secteur privé -qui ne les assumera que s'il y trouve profit. La droite municipale genevoise n'a d'ailleurs caché son envie de privatiser des tâches publiques rentables (la gérance immobilière, par exemple).

Derrière les 2 millions et demi de coupes dans le budget 2017 de la Ville, ou les 7 millions qu'elle voulait opérer dans le budget 2016, se profile ainsi une attaque contre la commune elle-même, son rôle, ses moyens, ses prestations à la population, sa capacité et sa volonté de réduire les inégalités. C'est à cette attaque que les référendums qui ont provoqué le vote du 24 septembre prochain contribuent à répondre, comme y répondront les initiatives populaires qui seront lancées pour défendre les engagements sociaux et solidaires de la Ville.

Le 24 septembre, on dira quatre fois NON, pour pouvoir dire, ensuite, OUI à une commune assumant sa place, son rôle et ses responsabilités.

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