Brèves


Nekane Txapartegi, militante basque et ancienne élue de Herri Batasuna, détenue en Suisse en vue de son extradition vers l'Espagne qui l'avait condamnée pour soutien à ETA, a été libérée vendredi dernier, sa condam-nation (réduite en appel) étant prescrite. Cette libération arrange fi-nalement tout de le monde : les défenseurs de Nekane et ses soutiens en Suisse et en Euzkadi, évidemment, mais aussi l'Espagne, qui n'aura pas à se défendre de l'accusation d'avoir obtenu des aveux de Nekane en usant de méthodes tortionnaires, et la Suisse, qui n'aura pas à se fâcher avec l'Espagne en refusant d'extrader une militante dans un pays où elle avait été torturée. Le combat des défenseurs et des soutiens de Nekane aura donc abouti, en réussissant à faire durer la procédure jusqu'à prescription de la condamnation. Du bon usage des procédures judiciaires...

L'armée chinoise (l'Armée Populaire de Libération) est la plus grande armée du monde, avec deux millions de soldats (et soldates). Mais elle n'accepte pas n'importe qui : selon son journal quotidien, 20 % des candidats à l'incorporation ne sont pas retenus, soit parce qu'ils sont trop gros, soit parce qu'ils sont affectés d'une «veine testiculaire hypertrophiée ». Et qu'est-ce qui peut l'hypertro-phier, la veine des couilles ? La branlette. Du coup, l'armée chinoise recommande à ceux qui veulent la rejoindre de renoncer à se masturber. Et c'est ainsi que l'on est passé du « faites l'amour pas la guerre » des hippies à « faites l'armée mais pas la branlette » des Chinois. Mais jusqu'à preuve du contraire, seulement des Chinois. Parce que ce qui est incompatible en Chine ne l'est pas ailleurs. En Suisse, par exemple, selon des témoignages récurrents.

Depuis l'année dernière, une loi cantonale tessinoise interdit le voilage intégral du visage. La motivation de la loi était clairement anti-islamique, d'où son nom commun de « loi antiburqa », mais son contenu ne pouvant pas cibler spécifiquement les femmes musulmanes sans tomber sous le coup de la proscription des discriminations, la loi, inspirée d'une loi française, instaure une interdiction de se cacher le visage dans les lieux publics, sauf d'innombrables excep-tions : sécuritaires, médicales, carnava-lesques, folkloriques, professionnelles ou sportives. Du coup, certaines touristes moyen-orientales ont troqué le voile intégral dit « islamique »... contre un masque anti-pollution. Et tout le monde il est content : le voile «islamique» reste interdit mais les épouses d'islamistes continuent de dissimuler leur visage. Et depuis l'année dernière, seules sept personnes ont été amendées pour avoir dissimulé leur trogne sur la voie publique. Meuh non, c'est pas hypocrite, meuh non... D'ailleurs, on peut envisager d'autres stratégies de contournement de la loi : faute de burqa, un scaphandre, par exemple... Ben quoi, c'est sportif...

Prêt à tout pour être conseiller fédéral, le candidat du PLR tessinois à cette haute fonction, Ignazio Cassis, avait furieusement dragué l'UDC : dans un accord-cadre avec l'Union Europé-enne, l'élément qui le « dérange », déclarait-il à la « Tribune de Genève » du 26 août, ce sont les « juges étrangers. C'est contraire à 700 ans d'histoire suisse ». Ah ouais ? La Suisse est membre du Conseil de l'Europe, signataire de la Convention europé-enne des droits de l'homme, et donc peut être « jugée » par les « juges étrangers » de la CEDH (dont certains sont d'ailleurs suisses) : ça le gêne, le Cassis pas de Dijon, que des « juges étrangers » puissent rappeler la Suisse au respect de ses obligations en tant que partie d'une Convention inter-nationale ? Et que des juges fédéraux pas tessinois puissent se prononcer sur des décisions tessinoises, ça le gêne pas? Et que le canton du Tessin ait été créé par un Acte de Médiation imposé en 1803 par un Corse aux Suisses, ça le gêne pas ? Qu'est-ce qu'on ne ferait et ne dirait pas pour se faire élire... Cassis était même prêt à renoncer à l'une de ses deux nationalités (l'italienne, dans son cas) parce que l'UDC n'aime pas les binationaux. D'ailleurs, elle en a félicité Cassis, l'UDC. En donnant comme expli-cation que si on interdit aux am-bassadeurs d'avoir une double na-tionalité, il faut aussi l'interdire aux conseillers fédéraux, qui sont leurs chefs. Sauf que les ambassadeurs, depuis le 1er janvier, ils peuvent être binationaux,... Même les plus hauts officiers de notre glorieuse armée peuvent être binationaux. Même nos généraux (déjà qu'on n'en a pas souvent, faut une guerre), comme le général Dufour, premier général de la première armée fédérale. Donc, Dufour ne pourrait pas être candidat au Conseil fédéral s'il était encore vivant. Quoi ? c'est un Français qui a éteint le Sonderbund et qui a sa statue équestre au beau milieu de la place Neuve ? Heureusement qu'il est mort. Mais va falloir débaptiser la rue qui porte son nom, et enlever sa statue, à ce traître potentiel.

Bon, à la décharge de Cassis, on notera qu'après avoir dragué la droite de la droite à propos de la binationalité, il s'était mis à draguer la gauche sur la question de la légalisation (contrôlées) des drogues actuellement illégales, dont la cocaïne, pour la légalisation de laquelle il a plaidé début septembre dans l'Aargauer Zeitung. D'où hurlements de ceux-là même qui l'applaudis-saient quand il déclarait qu'on ne pouvait pas être conseiller fédéral en étant binational. Nous voilà donc avec un nouveau Conseiller fédéral qui pour être élu cajolait d'une main l'UDC et de l'autre le PS. On ne dira donc pas qu'il n'a pas de ligne, Cassis : il s'en est même fait deux...

Commentaires

Articles les plus consultés