Dulcis in fundo


Une votation budgétaire annulée ? une autre s'annonce...

Le vote municipal sur le budget de la Ville de Genève a donc été annulé, trois jours avant le scrutin, par la Cour constitutionnelle cantonale, sur demande de la droite municipale, not'bon Maire ayant trouvé utile de tripatouiller la brochure officielle de présentation de l'enjeu pour en faire un tract de campagne contre les coupes budgétaires opérées par la droite coagulée dans le projet de budget du Conseil administratif. Résultat : au moins 25'0000 habitantes et habitants de la Ville auront voté pour des pruneaux du Jeûne.  La commune tient donc là un bel argument pour récupérer le prix Genferei, indûment capté cette année par le canton. Mais patience, le vote populaire sur le budget municipal n'est que partie remise : la nouvelle procédure budgétaire municipale à Genève finit toujours par un vote populaire, puisqu'elle commence toujours par un refus de la droite de faire son boulot. On n'aura pas pu voter sur le budget 2017 ? On se rattrapera sur le budget 2018... Dulcis in fundo : le meilleur est pour la fin...


"Vous nous avez fait une belle cacade"


La droite municipale genevoise a donc fait annuler par la Cour constitutionnelle le scrutin de dimanche sur les coupes budgétaires qu'elle avait opérées dans le projet de budget présenté par l'exécutif municipal. Et il est peu probable que l'on puisse simplement organiser un nouveau scrutin avant que l'objet même du vote (le budget 2017) soit devenu parfaitement obsolète, avec l'année sur laquelle il porte : la loi, du moins dans la lecture que nous en avons, ne permet pas l'organisation d'un nouveau scrutin avant la fin de l'année (elle rend certes possible une dérogation au délai normal de fixation d'un scrutin, mais pour les élections, pas pour les votations). On ne votera donc certainement jamais sur le budget 2017 de la Ville. On s'en consolera : rétablir en septembre le projet initial de budget pour l'année en cours depuis neuf mois tenait déjà plutôt de la symbolique que de la décision pragmatique. Le rétablir en octobre, en novembre ou en décembre aurait carrément tenu de la gesticulation, et on a, à gauche, plutôt intérêt à nous concentrer sur des échéances à venir (le budget 2018 et d'éventuels référendums pour contrecarrer les pulsions sécatoriales de la droite coagulée, des initiatives pour pérenniser les engagements de la Ville) qu'à ressasser une occasion perdue.

Dès lors, on se demande si la meilleure solution ne serait pas que le Conseil administratif de la Ville puisse contourner les états d'âme de la majorité du Conseil municipal en soumettant directement au peuple le budget communal de chaque année, à la fin de l'année précédente. Evidemment, ce n'est pas la procédure prévue par la loi et la constitution -mais une loi et une constitution, ça s'adapte. Au fond, c'est comme un corps humain, une procédure : quand un organe est inutile, on s'en passe. Alors, si la majorité du Conseil municipal de la Ville de Genève tient absolument à ce que ledit Conseil ait pour ladite Ville la même utilité que l'appendice vermiculaire du caecum de chacun de ses membres, on n'en voudra à personne de proposer de l'ignorer... et de passer, enfin, grâce à la droite, à une procédure de budget participatif, élaboré par les habitants et finalement adopté par eux.

La droite a donc réussi à faire annuler un scrutin qu'elle craignait de perdre. On ne lui en fera pas le reproche, c'est parfaitement de bonne guerre : on peut aussi gagner une bataille grâce à ses adversaires. N'empêche : Donner cette occasion à la droite municipale genevoise, dans l'état où elle est, on dira en usant d'un euphémisme que c'était une maladresse. Sans euphémisme, que c'était une connerie. Peu importe le terme, d'ailleurs : 25'000 habitantes et habitants de la Ville de Genève auront voté pour rien sur le budget municipal, après que les militantes et militants d'Ensemble à Gauche se soient épuisés à faire aboutir les quatre référendums rendant le vote possible.
Comme disait le Duc de Savoie à ses troupes piteusement défaites en décembre 1602 par les Genevois et les réfugiés huguenots : "vous nous avez fait une belle cacade"...

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