Fonds de tiroir


Le Conseiller municipal MCG de la Ville de Genève Laurent Leisi, mutique en plénière, se lâche (comme on le dit de ce qui se passe après une purge) sur Facebook (où il est coutumier des flatulences racistes: il avait traité le pape François de « salopard » pour sa compassion envers les migrants), et il a célébré le décès de Pierre Bergé, qualifié de pornocrate, de pédophile, de gauchiste dégénéré : « Sa disparition est un bienfait pour l'humanité. Alors, champagne ! ». Ni le MCG, ni le Bureau du Conseil municipal n'ont la moindre intention de morigéner le badadia : le MCG nie tout caractère homophobe aux propos de son élu, et le bureau du Conseil municipal, sollicité par la gauche pour les condamner, ne s'accorde toute compétence pour intervenir puisque ces propos n'ont pas été proférés sur Facebook. Le PLR et l'UDC sont du même avis, évidemment. Quelqu'un devrait quand même se dévouer pour expliquer à Laurent Leisi que « j'irai cracher sur vos tombes » est le titre d'un polar parodique de Boris Vian, pas un mot d'ordre politique.

Au PS non plus, d'ailleurs, on n'a pas l'intention de sanctionner vraiment ceux qui se lâchent sur Facebook : le candidat au Grand Conseil Manuel Alonso Unica, qui s'en était pris de manière injurieuse aux membres socialistes du Conseil administratif de la Ville, et au comité de la section, ne recevra du parti cantonal, qui a annulé l'exclusion prononcée par la section, qu'un avertissement sans frais, et une condamnation rhétorique de ce propos. Bref, on résume, Manuel Alonso Unica ne sera pas exclu du PS et Laurent Leisi ne sera pas exclu du MCG. Le nouveau parti d'Eric Stauffer vient donc de rater deux adhésions.

En réponse à une interpellation de la Conseillère municipale (Ensemble à Gauche) Ariane Arlotti, demandant ce que la Ville fait « chez elle » contre le sexisme, le Conseil Admi-nistratif de la Ville répond (notamment) que « quant à la lutte au sein du Conseil municipal contre le sexisme, les conseillères municipales et conseillers municipaux ont accès aux formations proposées » aux employés de la Ville, « y compris celles portant spé-cifiquement sur les enjeux d'éga-lité entre femmes et hommes». Ah ouais, même quand il s'agit de la composition de la présidence du Conseil municipal (actuellement trois hommes de droite, aucune femme, même de droite) ? Non, faut pas exagérer quand même, doit quand même y avoir des espaces préservés du modernisme délétère. D'ailleurs, cette formation continue, elle se fait sur une base volontaire. Autrement dit : y'a que celles et ceux qui sont déjà acquis au principe de l'égalité des genres qui la suivent. Peut-être qu'il faudrait imposer aux membres du Conseil municipal de la suivre, cette formation... après tout, c'est comme pour la lutte contre l'analphabétisme : y'a que l'instruction obligatoire qui peut arriver à le faire reculer...

Conseil Municipal de la Ville de Genève, mi-septembre : le Conseil administratif propose un crédit de réalisation du Pavillon de la Danse, qui sera provisoirement installé place Sturm. Un projet prévu au plan financer d'investissement depuis des lustres, mais toujours reporté parce qu'il s'est toujours trouvé une majorité du Conseil municipal pour estimer qu'il y avait plus urgent. Bon, enfin, on est à bout touchant, presque tout le monde, même le MCG, soutient le projet... sauf le PLR. Qui essaie de trouver le moyen de voter contre un Pavillon de la Danse en expliquant qu'il a toujours été pour. Et même, qu'il est à l'origine du projet. Et là, on se marre. Parce qu'à l'origine du projet, il y a l'Association pour la Danse Contemporaine, et trois conseillers administratifs : les deux Verts Vaissade et Mugny, et le socia-liste Kanaan. Alors le PLR, fervent défenseur de la danse contemporaine, ça fait rigoler. A moins qu'il faille remonter jusqu'à Petipa et Bournon-ville. Après tout, pourquoi, le porte-parole de l'UDC, qui a emboîté le pas au PLR, a bien expliqué qu'il y avait plus urgent à faire que loger des tutus. Des tutus, en danse contemporaine ? Petipa et Bournonville, on vous dit...

Commentant la création du nouveau parti d'Eric Stauffer, «Genève en Marche», la présidente du MCG, Ana Roch, dit son optimiste certitude que ça ne nuira pas trop au MCG (fondé par Eric Stauffer), parce que « les électeurs préféreront l'original à la copie ». Ouais, peut-être bien, mais c'est lequel, l'original ? le nouveau parti créé par l'ancien leader de l'ancien parti, ou l'ancien parti dont l'ancien leader créateur du nouveau parti dit qu'il n'est plus ce qu'il était (le parti, donc, pas l'ancien leader) ? Angoisse des mises en abyme politiques...

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