Fonds de tiroir



Que peut-on faire pour tenter d'exister politiquement dans un parti qui s'obstine à ne pas vous reconnaître comme un phare le guidant sur la juste ligne (de gauche) ? ça doit être la question que s'est posée un membre du PS genevois, en mal de ligne politique quoique s'autoproclamant incarnation de la gauche socialiste, et qui s'est répandu sur les réseaux sociaux en accusant pêle-mêle le parti, ses élus dans les exécutifs, sa section locale (à « nettoyer au kärcher »), des pires turpitudes -sans jamais en donner le moindre exemple, mais en accusant toutes celles et tous ceux qui ne le prennent pas pour le paladin du prolétariat,  d'être « l'aile du PS de la droite macronienne » -lui se présentant évidemment comme un défenseur « des locataires, de l'emploi et des démunis ». Et des propriétaires de chiens. Et des harceleurs de rue (le harcèlement de rue n'étant qu'une sorte de « parade amoureuse »). Fatigués de ses délires, ses camarades de la section Ville de Genève (sans doute tous stipendiés par l'aile droite du parti) ont voté son exclusion. Une mesure un tantinet excessive, puisque c'est la plus lourde des sanctions que les statuts du PS prévoient à l'encontre de l'un-e de ses membres, qu'il ne l'a plus utilisée depuis dix ans et qu'il la réserve à des cas politiquement graves et pas au tout venant du défoulement sur Facebook. Dans la liste des motifs statutaires d'exclusion, on a beau chercher, y'a pas la connerie. Mais bon finalement, le troll a été exclu de la section, va pouvoir se présenter comme la victime d'une purge fomentée par la droite du parti (« on me chasse sur un prétexte uniquement parce que je suis critique à l'égard des conseillers administratifs socialistes »... tu parles, Charles...), et faire recours au parti cantonal contre son exclusion de la section. On n'a pas fini de rigoler. D'autant qu'un autre socialiste en mal de notoriété, et très, très vexé de se retrouver en queue de liste pour le Grand Conseil, a saisi la baballe au bond pour se dire lui aussi victime de persécutions d'on ne sait trop qui, affirmer qu'il est l'objet d'une proposition d'exclusion dont personne n'a trouvé trace, et menacer de passer à « Ensemble à Gauche » ou chez les Verts. Dont on n'a pas l'impression qu'ils l'attendent à bras ouverts. Reste le MCG, qui, lui, ramasse tout ce qu'il trouve. Un troisième socialiste, présenté par « Le Temps » comme une « personnalité importante qui préfère l'anonymat » geint : « au sein de notre parti, cela fait des années qu'il n'y a plus de débat ». De quoi on ne peut que déduire que « cela fait des années » que la personnalité importante (mais prudente) « qui préfère l'anonymat » pour pleurnicher n'a plus foutu les pieds, ni le reste, là où les débats (sur la RIE III, sur la réforme des retraites, pour n'évoquer que les plus récents) ont lieu, ni dans les lieux où elle aurait pu en susciter, des débats. Y'aurait pas chez certains socialistes genevois une petite envie qui les tarauderait sournoisement de se retrouver dans le même état que les socialistes français ? Par solidarité, sans doute. Beautés de l'internationalisme...

L'ancien chef des opérations de la police genevoise, Christian Cudré-Mauroux, sanctionné, dégradé et placardisé par le Conseil d'Etat qui le rendait, à tort, responsable de la cacade de la manifestation «sauvage» du 19 décembre 2015, a été réintégré dans la police et sa hiérarchie opérationnelle : la Chambre administrative de la Cour de Justice a annulé les sanctions qui le frappaient. Le Conseil d'Etat a an-noncé qu'il ne fera pas recours contre cette annulation. On comprend mieux pourquoi Maudet est candidat au Conseil fédéral.

Bakounine a sa rue, inaugurée le 4 juillet à Saint-Imier. Bon, c'est pas un boulevard, c'est dans un futur quartier de villas, mais c'est quand même, sauf erreur, la première rue baptisée du nom de l'anarchiste russe. Et puis, elle est à 300 mètres de là où se trouvait le Restaurant de la Clef, où Bakounine avait exposé ses idées aux ouvriers horlogers de la région, et où avaient ainsi été jetées les bases de l'Internationale anti-autoritaire, opposée à l'Interna-tionale (la Première) sur laquelle Marx et Engels avaient mis la main (en excluant Bakounine). Il y a cinq ans, 3000 anars du monde entier avaient commémoré les 140 ans de la fondation, à Saint-Imier, du congrès fondateur de l'Interna-tionale anti-autoritaire, et de sa Fédération Jurassienne. Et aujourd' hui, à Saint-Imier, deux lieux témoignent de l'imprégnation réciproque de l'anarchisme et de l'Arc jurassien : « Espace Noir », et la rue Bakounine. Alors, à bientôt, à Genève, pour l'inauguration de la rue Luigi Bertoni ?

Donc, Paris et Los Angeles, dans cet ordre, organiseront les Jeux Zolympiues d'été 2024 et 2028. On est supposés être bien contents pour eux. En attendant, c'est Tokyo qui organisera ceux de 2020, et est en plein préparatifs de ce gros machin (qui prend du temps à être organisé) : projets de construc-tion d'infrastructures, aménage-ments des futurs sites olym-piques, tout ça. Et nettoyage social : les pauvres sont repoussés à la périphérie des villes, les sdf n'importe où pourvu qu'on les voie plus. Or 16,1 % de la population japonaise, et un quart des plus de 75 ans, vivent sous le seuil de pauvreté (11'000 francs par an). Et dans les seuls quartiers centraux de Tokyo, on dénombre au moins 4000 sdf. Va falloir nettoyer tout ça pour faire place à la « grande fête du sport mondial ». Paraît que le sport, ça créée du « lien social ». Ouais, mais pas avec n'importe qui : du lien social avec les spon-sors, les athlètes, les touristes, les media, d'accord. Mais avec les clodos, non, quand même pas.

Une initiative populaire cantonale pour interdire (sauf pour les petits commerces) la publicité commerciale par voie d'affichage sur le territoire de la Ville de Genève a été lancée début juillet. L'affichage culturel et associatif ne serait pas concerné par cette interdiction d'une « pollution visuelle » dont on a, pendant quelques jours de janvier, eu le plaisir d'être débarrassés, lorsque le passage d'une société d'affichage à une autre a laissé vierges les panneaux d'affichage, qui ont été ipso facto récupérés par les habitants qui y ont écrit et dessiné ce qu'ils avaient envie de communiquer. L'interdiction de l'affichage commercial (sauf exceptions) ferait certes perdre à la Ville 3,5 millions de francs annuels de recettes, mais sur un budget de plus de 1,1 milliards, c'est supportable. Et qu'une pratique rapporte ne suffit pas à la justifier. Donc on soutient l'initiative, et on vous invite à la signer.

Le PLR présente donc trois candidatures pour le seul siège à repourvoir au Conseil fédéral, et tout le monde appelle ça un «tricket». S'ils avaient quatre candidats, on dirait quoi ? un «quarteron» ? Et cinq, un «quinquet» ? Et six un « sextoy » ?

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