"L'initiative 99 %" de la Jeunesse Socialiste : Une question de justice



La Jeunesse socialiste a lancé le 4 octobre une initiative populaire fédérale pour "alléger les impôts sur les salaires, imposer équitablement le capital", dite "Initiative 99 %", proposant de taxer à 150 % la part des revenus excédentaires des plus fortunés des résidents suisses -ceux dont la fortune, précisément, pèse au total près de 500 milliards de francs. Le texte prévoit que les revenus du capital supérieurs à un montant défini par la loi seraient taxés à 150 %, les 100'000 premiers francs étant exonérés et les fonds de prévoyance n'étant pas concernés. Pour les initiants, il s'agit de justice : la richesse créée sans travail, mais grâce aux conditions créées par l'effort collectif, doit profiter à toutes et tous, au lieu que de bénéficier d'une fiscalité plus avantageuse que celle imposée aux salariés. Les ressources fiscales ainsi dégagées (estimées dans une fourchette de 5 à 10 milliards de francs) devraient servir à alléger la charge fiscale des petits et moyens revenus, à financer des prestations sociales, et pourraient également alléger le fardeau (pour les assurés modestes) des primes d'assurance-maladie. Lancée par la JS, l'initiative est soutenue par le PS (dont le président, Christian Levrat, fait partie du comité d'initiativew), les Verts et solidaritéS.

Des feuilles de signatures sont téléchargeables sur
https://99pourcent.ch/

"L'argent ne travaille pas, nous oui"


L'initiative de la JS vise d'abord une "redistribution cohérente" de la fortune. Elle ne vise pas "tous les riches", mais ceux, propriétaires immobiliers, actionnaires, dont la richesse ne provient pas des revenus de leur travail mais de ceux de leur capital. "L'argent ne travaille pas, nous, oui", proclamait la banderole derrière laquelle, lors du lancement de l'initiative sur la Place Fédérale, 99 personnes symbolisaient les 99 % de la population suisse ne faisant pas partie de la caste des "super-riches", ce "petit groupe d’individus qui laissent leur argent travailler pour eux ». Ce sont eux qu'il s'agirait de mettre un peu plus à contribution, dès lors que le moindre centime de leur fortune est en réalité produit par l'activité du reste de la population, et les investissements publics financés par des impôts qui frappent plus lourdement les revenus tirés du travail humain que ceux tirés de l'évolution de la fortune (ainsi, les gros actionnaires ne sont imposés qu’à hauteur de 60% de leurs revenus, alors que les salariés le sont sur la totalité des leurs).

L'initiative vise ensuite à amener de nouvelles ressources aux caisses publiques. Pas pour les thésauriser : pour alléger la pression fiscale sur les salaires, pour alléger les primes des caisses-maladies, pour développer des prestations sociales et des services publics (des crèches, garderies, structures d'accueil de la petite enfance, par exemple).
Enfin, il s'agit d'affirmer un refus du rôle douteux joué par la Suisse dans la concurrence fiscale internationale, et le concours mondial des allégements fiscaux consentis aux plus riches et aux plus puissants : "Avec l’initiative 99%, nous érigeons une politique d’imposition plus solidaire, nous luttons contre les mesures d’austérité et le pouvoir du capital international". C'est beau comme du Jean Ziegler. Mais surtout, c'est juste. Et, peut-être paradoxalement, mais en tout cas opportunément, cela reprend l'un des plus solides lieux communs du discours tenu par la Suisse sur elle-même, ce "petit pays sans ressources naturelles ne tirant sa richesse que du travail de ses habitants". Du travail des humains, pas du "travail de l'argent"...

Alors, vous signez ?
C'est sur https://99pourcent.ch/

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