Solidarité internationale, coopération au développement : Le prix d'une coupe budgétaire


Le report en mars 2018 de la votation municipale sur les coupes opérées par la droite dans le budget 2017 de la Ville de Genève va laisser ces coupes exercer leurs méfaits. Il y a un domaine sur lequel ces méfaits sont particulièrement inacceptables, et auraient du, et pu, être évités c'est la coopération au développement : 340'000 francs ont été supprimés de la contribution de la Ville de Genève à une solidarité internationale qui ne se contente pas de rhétorique, mais qui a l'ambition de se traduire le plus concrètement possible sur le terrain. La Ville de Genève célébrait cette année les cinquante ans de son engagement solidaire -la droite coagulée (PDC, PLR, UDC, MCG) de son Conseil municipal a choisi de célébrer ce cinquantenaire d'engagement par une réduction des moyens qui lui sont alloués, et sont alloués à des projets que la Ville soutient directement comme à des projets soutenus par la Fédération Genevoise de Coopération, soutenue par la Ville

Clochemerle, capitale mondiale du monde mondial


On parle ici de solidarité internationale, de coopération au développement. On parle aussi de l'objectif d'y consacrer 0,7 % du budget communal, objectif affiché par la Ville, et ratifié par le même Conseil municipal qui coupe dans les moyens qui permettraient de l'atteindre (la Ville en était à 0,61 % en 2016, les coupes budgétaires opérées par la droite coagulée la fait redescendre à 0,57 %). Que ces termes et cet objectif soient incompréhensibles ou odieux pour l'UDC et le MCG, insignifiants pour le PLR, ne nous surprendra guère. Il nous semblait en revanche que ces mots étaient du vocabulaire du PDC, et que cet objectif lui convenait. On se trompait : le PDC a donné au PLR, à l'UDC et au MCG les votes nécessaires pour que leurs rabots et leurs sécateurs puissent devenir des outils budgétaires.
Ce sont ainsi une trentaine de projets portés par des associations membres de la FGC qui sont frappés, et devront être supprimés, ou, au mieux, reportés à des temps budgétaires meilleurs, que la persistance des pulsions équarrisseuses de la droite rendent peu probables. La moitié de l'aide apportée par Genève à des projets (de formation, de scolarisation, de santé, de soutien à l'agriculture) au Burkina Faso est remise en cause. On s'entend dire qu'une coupe de 340'000 francs, finalement, c'est peu de chose. Outre que ce "peu de chose" a le poids d'un quinzième du budget municipal de coopération, ce qui n'est pas négligeable, Terre des Hommes l'évalue en termes plus concrets, plus humains, moins comptables : 340'000 francs, c'est une aide directe à 70'000 personnes.
"La coopération va bien au-delà des clivages politiques", veut croire dans "Le Courrier" le président de la Fédération Genevoise de coopération, René Longet. En Ville de Genève, il semble au contraire que le clivage politique entre un Conseil administratif à majorité de gauche et un Conseil municipal à majorité de droite quand se coagulent les trois partis qui ne sont pas représentés à l'exécutif (le PLR, l'UDC et le MCG) et le PDC qui, lui, y est représenté, soit tel que la coopération au développement et la solidarité internationale en devienne otage. Et que finalement, la capitale mondiale du monde mondial ne soit pas, quoi qu'elle en croie, Genève, mais Clochemerle.

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