Echec de la réforme PV2020 des retraites : Qui a marqué l'autogoal ?


Le Parti socialiste suisse et l'Union syndicale Suisse sont certes des organisations démocratiques. Et pluralistes. Mais ça n'empêche pas leurs directions respectives d'être quelque peu rancunières : après l'échec de la réforme des retraites (PV2020) qu'elles soutenaient toutes deux, et que soutenaient la majorité de leurs délégués, de leurs sections, de leurs fédérations, elles s'en sont prises aux minorités qui, en leur sein, appelaient à voter "non" à ladite réforme. Comme le PS genevois, la Jeunesse Socialiste ou la Communauté genevoise d'action syndicale. Et avaient ainsi contribué à son rejet dans les urnes. Une "erreur historique" dont se serait rendu coupable "un quarteron d'apparatchiks", selon le président du PSS, Christian Levrat, un "autogoal" selon sa vice-présidente, Géraldine Savary. Mais un "autogoal" marqué par qui ? Réponse de la présidente du PS genevois : "si la PV2020 a été rejetée, ce n'est pas à cause du PSG ni à cause des JS, mais parce que, comme ailleurs en Europe, l'électorat naturel de la social-démocratie voit de moins en moins dans le consensus et les compromis au sommet de perspectives à la résolution de ses problèmes". Bien dit, Carole-Anne...

La coup-de-pied-au-cul-thérapie, ça fonctionne, finalement. A condition de n'en pas abuser.


Il y a une quinzaine de jours se tenait une Assemblée des délégués de l'Union Syndicale Suisse. Ce fut l'occasion, pour la direction de l'USS comme pour celle du PSS lors de l'Assemblée des délégués du Parti un mois plus tôt, de passer un savon aux sections, fédérations, organisations qui avaient défendu le 24 septembre le mot d'ordre du "non" à la réforme du système de retraites (PV2020) que l'USS comme le PSS, au niveau national, soutenaient. La réforme ayant été finalement refusée, et le "non" de gauche" ayant contribué à ce refus (le "non" de droite n'y aurait pas suffi), le président de l'USS, Paul Rechsteiner évoque une "occasion manquée", et le représentant du groupe des retraités, Rolf Zimmermann, dénonce la campagne "arrogante et ignorante" d'une "minorité non-démocratique". A quoi les représentants de la minorité rétorquent : "nous assumons notre action" et sommes très contents du résultat (Manuela Cattani, présidente de la Communauté genevoise d'action syndicale), et en invitant le mouvement syndical suisse à s'approprier ce résultat (Alessandro Pelizzari, Unia Genève). Sur quoi, l'Assemblée des délégués de l'USS s'est prononcée... contre le relèvement de l'âge de la retraite des femmes, qui faisait précisément partie du "paquet"refusé en votation populaire, contre l'avis de l'USS (et du PSS), et comme le leur recommandaient les minoritaires "arrogants", "ignorants" et "non démocratiques". C'est ainsi que la lumière, finalement, vint à la faîtière syndicale. Et qu'on ne désespère pas totalement qu'elle finisse aussi par éclairer la faîtière socialiste. La coup-de-pied-au-cul-thérapie, ça fonctionne, finalement. Même s'il ne faut pas en abuser.

Les urnes ayant parlé, et parlé comme on souhaitait à Genève qu'elle parlent (malgré le tir d'une balle dans leur propre pied par l'USS et le PSS... et non par le PSG ou la CGAS) on peut clore le chapitre de PV2020, et passer à la suite des débats, entre nous d'abord, et avec la population ensuite. Parce que le dossier du système des retraites est toujours ouvert, lui. Et qu'il va bien falloir que la gauche y place son propre projet, celui d'un système de retraites solidaire, renforçant réellement l'AVS sans reporterl'âge de la retraite de qui que ce soit, face à celui de la droite de sauver la "prévoyance professionnelle" en dégradant l'AVS, mais aussi face aux tentatives gouvernementales et parlementaires de ménager la chèvre, le chou, le berger et le loup. Or il n'y aura pas de projet de gauche qui ait la moindre chance de s'imposer si le PSS et l'USS ne s'y mettent pas. Et renoncent à entretenir les aigreurs de l'après-défaite de septembre.

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