Fonds de tiroir


Les putes, c'est bon pour les Pâquis, mais ça n'a rien à faire aux Tranchées... non, ce n'est nous qui proférons cette forte parole, ce sont des habitants du quartier (huppé) genevois des Tranchées, entre le quartier (huppé) de Champel et la Vieille-ville, qui l'ont couiné au Conseil d'Etat. Qui les a bien entendu, et a décidé, sans consulta-tion avec Aspasie (l'association de soutien aux travailleuses du sexe) d'étendre aux rampes qui montent du boulevard Helvétique vers les Tranchées l'interdiction existante d'exercer le plus vieux métier du monde sur le boulevard, parce que le métier s'y exerçait n'importe où (en bagnole, contre un arbre, dans une allée...) faute de bordels dans le coin. En plus, les tarifs y sont cassés (et menacent même ceux des Pâquis), jusqu'à « la passe à cinquante balles ». La loi prévoit que la prostitution peut être interdite dans les quartiers ayant un caractère prépondérant d'habita-tion. Ce qui n'est pourtant pas le cas du boulevard Helvétique. Mais ce qui est le cas des Tranchées. Et des Pâquis aussi. Mais les Pâquis, c'est les Pâquis. C'est popu, les Pâquis. Donc, c'est pas dommage. D'ail-leurs, personne ne s'y plaint de la prostitution, elle fait partie du paysage. Les Tranchées sont le seul quartier de Genève où la prostitution est interdite. Sous peine de contravention. Ah ben faut ce qu'il faut, hein, pour préserver la peinartitude des quartiers résiden-tiels. Notez bien que la prostitution qui est interdite aux Tranchées, ça n'est que celle des corps. Celle des esprits peut continuer à y régner.   Faut bien, vu le nombre de cabinets de « professions libérales » qui y s'y sont installés.

Le GHI de la semaine dernière nous rassurait un peu : y'a pas qu'en Ville de Genève et à Onex que des élus municipaux ont été hackés par des malveillants. Y'avait pas de raison. Donc à Cartigny, Cologny, Satigny, Versoix, Vanoeuvres et Chêne-Bougeries aussi des mairies et des zélus ont été piratés. Il manque encore quelques communes à la liste, mais aucun doute : elles y viendront. Et tout le monde sera content, parce que chacun et chacune aura la certitude d'intéresser un hacker. Ou au moins un logiciel de hacking. Une sorte de like, quoi. On vit dans un monde moderne, faut assumer.

Le MCG et Ensemble à Gauche unis pour défendre les retraites des policiers genevois, c'est émouvant. On est donc émus. Une majorité (PLR, PDC, UDC et Verts) du parlement cantonal ayant accepté une proposition du Conseil d'Etat imposant aux policiers montant en grade (et donc en salaire) de rattraper à ses frais le manque de cotisations au 2e Pilier nécessaire pour que sa pension de retraite soit fonction de son dernier salaire (le plus élevé), ce qui est déjà le cas dans d'autres secteurs publics, le MCG et Ensemble à Gauche ont annoncé lancer un référendum pour défendre le statu quo. Et le PS a suivi. Mollement, mais a suivi. Que le MCG défende les policiers, c'est dans l'ordre des choses, il s'est toujours présenté lui-même comme leur parti politique (et a fait élire députés, conseillers municipaux, et même Conseiller national, des policiers en exercice ou à la retraite). Mais quand Ensemble à Gauche explique sans rire qu'il défend le système avan-tageux des retraites des policiers, et combat sa mise à niveau des autres systèmes de retraite, « parce que l'évolution des grades est program-mée dans ce type de carrière à la différence des autres métiers de la fonction publique », là, on se surprend à ricaner doucement, mais amèrement. Les ex-gauchistes défen-dant le carriérisme et le système hiérarchique policiers, ça nous rap-pelle que mai 68, c'était y'a long-temps. Bientôt un demi-siècle. Ah ben là, on a un coup de vieux... allez Papy, une chtite tisane, et au lit!

Dimanche 12 novembre, de la rotonde du Mont-Blanc au parc Mon-Repos, les sociétés militaires de Genève feront, comme chaque année depuis 1921, cortège pour une «cérémonie à la mémoire des soldats de Genève morts au service de la patrie ». Trois jours avant, la gauche genevoise aura fait rassemblement à la mémoire des militants et des passants de Genève tués le 9 novembre 1932 par des soldats suisses au service du gouvernement genevois. C'est le consensus helvétique dans toute sa splendeur, quoi. Même si on ne sait pas au service de quelle «patrie» sont morts les « soldats de Genève » qu'on honore : la Savoie jusqu'en 1536, Genève jusqu'en 1798, la France jusqu'en 1814, la Suisse depuis 1815, toutes ensemble ? Mais bon, puisqu'il est supposé s'agir des « soldats de Genève », que viennent faire dans la céré-monie de cette année l'Amicale des anciens parachutistes (d'Indochine et d'Algérie?) de Thonon-Chablais? Et l'Associa-zione nazionale volontari di guerra (en Libye, Abyssinie, Albanie, Grèce ?) ed Arditi ? de la figuration intelligente ? représenter l'Europe des massacres coloniaux ?

Nous sommes en 2017. Toute l'Europe vire à droite. Toute l'Europe ? Non, une petite île d'irreductibles résiste : en Islande, le week-end dernier, la coalition de gauche a remporté la majorité des sièges du parlement. Bon, à un siège près, mais quand même. Pourquoi il est pas allé se réfugier en Islande, Puigdemont ?

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