Fonds de tiroir


Le gouvernement espagnol a fermé la représentation du gouvernement catalan à Genève parce qu'elle faisait du « lobbying politique » au lieu de se contenter de faire de la promotion culturelle, économique et touristique. Bouh la vilaine ! Réactions des autorités suisses ? « notre interlocuteur officiel est l'ambassade d'Espagne », déclare le président du gouvernement genevois, et le Département fédéral des Affaires étrangères assure qu'il ne sa-vait pas qu'il y avait une repré-sentation officielle de la Catalogne à Genève, et que donc il n'est « pas au courant » de sa fermeture. Y'a pas à dire, on est gouvernés par des gens courageux.

Vendredi dernier se tenait une Assemblée des délégués de l'Union Syndicale Suisse. Comme lors de l'Assemblée des délégués du PS suisse un mois plus tôt, ce fut l'occasion, pour la direction de l'USS comme pour celle du PSS, de passer un savon aux sections, fédérations, organi-sations qui défendaient le mot d'ordre du « non » à la réforme du système de retraites que l'USS comme le PSS, au niveau national, soutenaient. La ré-forme ayant été finalement refusée, et le « non de gauche » ayant contribué à ce refus (le «non de droite» n'y aurait pas suffi), le président de l'USS, Paul Rechsteiner a évoqué une « occa-sion manquée », et le représen-tant du groupe des retraités, Rolf Zimmermann, a dénoncé la campagne «arrogante et igno-rante» d'une « minorité non-démocratique ». A quoi les repré-sentants de ladite minorité ré-torquent : « nous assumons notre action » et sommes très contents du résultat (Manuela Cattani, présidente de la Communauté genevoise d'action syndicale), et invitent le mouvement syndical suisse à se l'approprier (Alessandro Pelizzari, Unia Genève). Sur quoi, l'Assemblée des délégués de l'USS s'est prononcée... contre le relèvement de l'âge de la retraite des femmes, qui faisait précisément partie du « paquet » refusé en votation populaire -comme le recom-mandaient les minoritaires «arrogants», «ignorants» et « non démocratiques ». La coup-de-pied-au-cul-thérapie, finalement, ça fonctionne. Démocratiquement...

Déçues de leur faible représentation au parlement après les élections législatives de la fin octobre (24 femmes élues contre 39 hommes, soit 38 % de sièges occupés par des femmes), les femmes islandaises pourraient créer leur propre parti -ou plutôt le recréer, puisqu'une «liste des femmes» avait déjà obtenu en 1983 trois sièges sur les 63 que compte le parlement. En octobre 2016, les femmes détenaient 30 sièges et les hommes 33. Un an après, elles ont perdu six sièges et le groupe Facebook «la candidature des femmes» parle d'«un grand pas en arrière pour la liberté des femmes». Quant aux partis traditionnels, ils invoquent la difficulté de trouver des candidates. On croirait entendre l'UDC genevoise. C'est dire si l'excuse est convaincante.

Selon une enquête effectuée pour la Ville de Genève sur les pratiques sportives des femmes, les instal-lations sportives mise à disposition par la commune sont utilisées très majoritairement (voire quasi exclusivement) par des hommes, qui sont ainsi les bénéficiaires directs de 68 % des subventions municipales accordées aux associations sportives, les femmes devant donc se contenter des 32 % restant. Parmi les 18 disciplines sportives les plus soutenues par la Ville, la seule qui soit majoritairement pratiquée par les femmes (à près de 80 %) est la gymnastique. La natation, le volleyball, le ski et l'athlétisme se situent entre 40 et 50 % de pratiquantes, mais la discipline sportive la plus soutenue, le foot (ben voyons) est pratiquée à plus de 95 % par des hommes, et celle qui bénéficie ensuite du plus fort soutien municipal, le basket, à 75 % par des hommes. Quant aux pratiques sportives préférées par les femmes, la plupart (la marche, la course, le vélo) ne nécessitent pas d'installations particulières, ou usent d'instal-lations privées (le fitness). Et même dans l'espace public libre, les femmes sont souvent dissuadées de pratiquer leur exercice sportif par le sexisme qui sévit, de la part des usagers mâles ou du public. La responsable municipale des Finances, Sandrine Salerno, annonce que le Conseil administratif va réfléchir à un budget sportif « genré », tenant compte du sexe des bénéficiaires des subventions. On voudrait pas avoir mauvais esprit, c'est pas notre genre, ni paraître primairement anti-sportifs, c'est pas notre genre non plus, mais il ne nous paraissait pas que c'était sur l'accès à l'aliénation au sport qu'il fallait concentrer la  lutte contre les discriminations de genre. Et même, qu'on pouvait sans regrets laisser ce terrain aux hommes, avec les beuveries de service militaire. Mais bon, le sport étant l'un des rites sociaux dominant, on se fait une raison. Mais une mauvaise.

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