Fonds de tiroir



« Le MCG et le peuple votent à l'unisson dans 75 % des cas » de votations cantonales depuis 2013, claironne la « Tribune de Genève » du 13 novembre, en comparant le résultat de 28 votations avec les mots d'ordre des partis, du Grand Conseil et du Conseil d'Etat. Dans 71,4 % des cas, le peuple est d'accord avec le Grand Conseil, dans 64,3 % des cas avec le PDC, dans 60,7 % des cas avec le Conseil d'Etat et avec l'UDC, dans 57,1 % des cas avec le PS et le PLR, dans 50 % avec les Verts et dans 35,7 % avec Ensemble à Gauche. Et on peut en déduire quoi, de ces correspondances ? Ben... rien. Parce que si, plutôt que  prendre les votations cantonales comme référence, on prend les votations mu-nicipales en Ville, on constate que «Ensemble à Gauche» et le peuple votent à l'unisson dans... 100 % des cas, ce qui ne dit pas plus de la force politique d'EàG que ce que la comparaison cantonale dit de la force politique du MCG. Enfin, si ça peut faire du bien de savoir qu'on est d'accord avec le peuple, tant mieux. Même un effet placebo est utile au moral, avant les élections...

Un ancien directeur de Cycle d'Orientation, par ailleurs candidat PDC au Grand Conseil genevois, s'exprimant sur les accusations portées contre Tariq Ramadan d'avoir plus qu'abusé de son statut et de son charisme d'enseignant pour assouvir ses désirs sexuels sur des élèves, nous balance dans la «Tribune de Genève» un plaidoyer pour accepter les «rapports de séduction» entre professeurs et élèves, une séduction « par la matière et la personnalité. Mais aussi une séduction physique ». Ouais, et alors ? On en déduit que sauter ses élèves sur le siège arrière d'une bagnole, c'est une forme normale de concrétisation normale de la séduction nomale qu'exerce l'enseignant normal sur l'élève ? Heureusement que Jean Romain, ancien prof au Collège, et par ailleurs député PLR, rappelle à l'ancien dirlo, et par ailleurs candidat député PDC, que la séduction exercée par le prof doit « porter sur le savoir, la matière, et non le message ». Mais quand même, l'inquiétant est qu'il faille le rappeler...

Eric Stauffer est persécuté : la Chambre civile de la Cour de Justice a interdit à son nouveau parti, « Genève en marche » (ou « Gominator en mou-vement »), d'utiliser son acronyme GEM au motif (assez curieux) que le même sigle a été déposé (quelques heures après le lancement de « Genève en Marche ») par le Groupement des entreprises multinationales. Le risque de confusion entre le parti d'Eric Stauffer et un syndicat patronal de multi-nationales semble assez ténu -mais  la Justice y croit. Et demande à Stauffer de modifier un peu son sigle. Ce qu'il a fait, en râlant : désormais, le sigle sera « J'M ». Pourquoi « J'M », qui n'est pas le sigle du mou-vement et qui phonétiquement ne dit pas grand chose ? J'V, ça aurait été mieux (faire chier le MCG ? J'V...), mais bon, on va quand même pas lui mâcher le boulot, à Gominator.

La répartition des tâches entre les communes et le canton de Genève  ? Un exercice « raté », de l'aveu du président du Conseil d'Etat, François Longchamp, s'exprimant devant des cadres de l'Etat. Mais cette évaluation n'était pas destinée à la publicité (c'est la « Tribune de Genève» qui a vendu la mèche). Officiellement et publiquement, quand le « désen-chevêtrement » des compétences pose des problèmes, le canton assure n'y être pour rien, et en accuse les communes (et tout particulièrement la Ville) et leur association, qui y mettraient de la mauvaise volonté ou poseraient des exigences excessives. Les communes, elles, reprochent au canton son manque d'ambition, et son manque de considération pour leurs demandes. Bref, si on comprend bien, à Genève, on répartit mieux les reproches que les tâches...

Peut-on dénoncer le comportement personnel de Tariq Ramadan sans être taxé d'islamophobie ? Peut-on rappeler le principe de la présomption d'in-nocence sans être accusé de complai-sance avec un gourou priapique ? Apparemment, si on en juge par la difficulté à gauche de défendre l'une et l'autre de ces deux attitudes, l'une et l'autre attirent les reproches, voire les injures. Les choses sont pourtant simples : Tariq Ramadan n'est pas «les musulmans» (même s'il s'en voulait un «intellectuel organique»), pas plus que le curé qui se tape l'enfant de choeur n'est « les catholiques », et le principe de la présomption d'innocence n'est pas là pour protéger les coupables mais pour s'assurer (tant que faire se peut) qu'ils le sont réellement. C'est si compliqué que ça à comprendre ?

Le MCG, qui ne doute de rien, présentera trois candidatures à l'élection du Conseil d'Etat : celle de son Conseiller d'Etat actuel, Mauro Poggia, celle de la présidente du parti, Ana Roch (les deux ont été désignée à l'unanimité des délégués du parti) et celle du Conseiller municipal et député Daniel Sormanni. Qui n'a été, lui, désigné qu'avec deux voix d'avance sur le président du Conseil municipal d'Onex, Jean-Paul Derouette. L'amusant de la situation, c'est que tous les deux sont d'anciens membres (et élus municipaux) du PS. Rien de tel pour égayer notre lecture des journaux locaux que d'y apprendre que deux ex-socialistes se disputent une candidature sans espoir d'élection. Mais un rien nous amuse, dans une pré-campagne électorale.

Le 8e de finale de la Coupe genevoise des clubs amateurs, opposant l'Olympique de Genève à Interstar II, a été reporté après que des menaces de mort contre le directeur technique de l'OG aient été taguées sur le mur du stade de Varembé. Ben ouais, quoi, le sport, c'est une école de civilité, de respect et de « vivre ensemble », mais bon, c'est comme dans toutes les écoles, y'a des récréations...

Bonne question de Laure Zogon Zugravu, dans « Le Temps » du 11 novembre : « comment Tariq Ramadan, ce leader en devenir, qui prêchait déjà une morale rigoureuse et condamnait l'adultère, s'accordait un com-portement licencieux » ?. Et de considérer cela comme « un grand écart surprenant pour un intellectuel musulman qui éla-borait sa pensée autour de la morale et de ses préceptes reli-gieux »... Mais quoi ? N'est-ce pas toute l'histoire des prédi-cations religieuses, que ce «faites ce que je dis, pas ce que je fais » ?


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