Budget 2018 de la Ville de Genève : Donner du temps perdu au temps déjà perdu
Ce soir, à l'heure de se sustenter (et pour certains de s'abreuver), le
Conseil municipal de la Ville de Genève votera (il n'a guère le choix :
s'il ne le fait pas, le Conseil d'Etat le fera pour lui) l'entrée dans
l'année budgétaire 2018 sous le régime des "douzièmes provisionnels".
Faute d'avoir été capable d'adopter un budget. Car faute il y a : la
Ville n'aura pas de budget pendant sans doute les premiers mois de 2018,
ce qui aura pour son fonctionnement, mais aussi pour celui des
associations et institutions subventionnées, des conséquences négatives.
Et cela parce qu'une majorité du Conseil municipal, issue de la
coagulation de la droite et de l'extrême-droite, a commencé par refuser
de faire son boulot d'examen du projet de budget déposé fin août par le
Conseil administratif, pour ensuite ne condescendre à le faire, le mois
dernier, qu'en prenant bien soin de s'empêcher elle-même de le faire
dans les temps (au cas où, par inadvertance, elle en aurait eu
l'intention), en expédiant le nouveau projet de budget dans toutes les
commissions spécialisées au lieu que de confier cette tâche à la seule
commission des finances, en charge de rendre le rapport final soumis au
vote du Conseil municipal. Ainsi le parlement de la Ville a-t-il
commencé par perdre trois mois pour pouvoir en perdre encore deux
ensuite. On cite toujours Mitterrand : "il faut donner du temps au
temps". Donner du temps au temps ? oui, mais pour réfléchir, pas pour le
perdre et le faire perdre.
... ces moments où l'on peut mesurer à la fois la relativité des discours et le poids des frustrations...
Dans un communiqué, le PS qualifie de "grève du zèle" la méthode utilisée par la droite municipale genevoise consistant, après avoir refusé d'entrer en matière sur le projet de budget, à le renvoyer trois mois plus tard à l'examen dans toutes les commissions spécialisées pour un examen sans autre enjeu que celui de faire perdre du temps à son adoption finale (ou son refus final). Temps perdu pendant lequel, fonctionnant sous le régime des "douzième provisionnel" (des dépenses mensuelles calibrées sur un douzième des dépenses annuelles du dernier budget adopté -qui se trouve d'ailleurs être combattu par quatre référendums soumis au vote le 4 mars prochain) la Ville ne pourra faire face qu'à un fonctionnement minimum, sans pouvoir garantir réellement les mécanismes salariaux auquel son personnel a droit, et moins encore permettre aux associations et institutions subventionnées qui ont des programmations annuelles à assumer (les théâtres, l'opéra, les festivals) de les garantir. Dans ces conditions, l'expression "grève du zèle" paraît bien aimable -la gentillesse foncière des socialistes leur ayant sans doute interdit d'user de termes plus crûment adaptés aux méthodes utilisées par leurs adversaires de droite (on a pourtant l'embarras du choix de ces termes : prenez votre dictionnaire des synonymes et consultez-le à l'article "stupidité"...).
Rappelons tout de même que le projet de budget présenté par le Conseil administratif est à l'équilibre, qu'il maintient prestations, subventions et droits sociaux et que, dans la durée, les investissements de la Ville sont autofinancés... à 137 %. Mais bon, que peuvent peser des critères aussi trivialement rationnels, face au besoin de chacune des quatre composantes de la droite coagulée (PDC, PLR, UDC, MCG) de se sentir exister politiquement, face à un Conseil administratif de gauche ? Il est ainsi de ces moments, instructifs en diable, où l'on peut mesurer à la fois la relativité des discours et le poids des frustrations. Et où, quoique fort inconfortablement, les vieux sièges fatigués de la salle des séances du Conseil municipal sont comme des divans de psychanalystes. D'ailleurs, ne peut-on voir comme une sorte de lapsus que chacun d'entre nous, élus municipaux, allons toucher (ou laisser l'Office des Poursuites toucher à notre place) comme jeton de présence pour la séance où nous voterons les "douzièmes provisionnels", à peu près l'équivalent du tarif d'une séance chez le psy ?
... ces moments où l'on peut mesurer à la fois la relativité des discours et le poids des frustrations...
Dans un communiqué, le PS qualifie de "grève du zèle" la méthode utilisée par la droite municipale genevoise consistant, après avoir refusé d'entrer en matière sur le projet de budget, à le renvoyer trois mois plus tard à l'examen dans toutes les commissions spécialisées pour un examen sans autre enjeu que celui de faire perdre du temps à son adoption finale (ou son refus final). Temps perdu pendant lequel, fonctionnant sous le régime des "douzième provisionnel" (des dépenses mensuelles calibrées sur un douzième des dépenses annuelles du dernier budget adopté -qui se trouve d'ailleurs être combattu par quatre référendums soumis au vote le 4 mars prochain) la Ville ne pourra faire face qu'à un fonctionnement minimum, sans pouvoir garantir réellement les mécanismes salariaux auquel son personnel a droit, et moins encore permettre aux associations et institutions subventionnées qui ont des programmations annuelles à assumer (les théâtres, l'opéra, les festivals) de les garantir. Dans ces conditions, l'expression "grève du zèle" paraît bien aimable -la gentillesse foncière des socialistes leur ayant sans doute interdit d'user de termes plus crûment adaptés aux méthodes utilisées par leurs adversaires de droite (on a pourtant l'embarras du choix de ces termes : prenez votre dictionnaire des synonymes et consultez-le à l'article "stupidité"...).
Rappelons tout de même que le projet de budget présenté par le Conseil administratif est à l'équilibre, qu'il maintient prestations, subventions et droits sociaux et que, dans la durée, les investissements de la Ville sont autofinancés... à 137 %. Mais bon, que peuvent peser des critères aussi trivialement rationnels, face au besoin de chacune des quatre composantes de la droite coagulée (PDC, PLR, UDC, MCG) de se sentir exister politiquement, face à un Conseil administratif de gauche ? Il est ainsi de ces moments, instructifs en diable, où l'on peut mesurer à la fois la relativité des discours et le poids des frustrations. Et où, quoique fort inconfortablement, les vieux sièges fatigués de la salle des séances du Conseil municipal sont comme des divans de psychanalystes. D'ailleurs, ne peut-on voir comme une sorte de lapsus que chacun d'entre nous, élus municipaux, allons toucher (ou laisser l'Office des Poursuites toucher à notre place) comme jeton de présence pour la séance où nous voterons les "douzièmes provisionnels", à peu près l'équivalent du tarif d'une séance chez le psy ?
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