Fêtes de Genève : "Genève Tourisme" soutient l'initiative populaire


Des artifices sans feux...

Les commerçants et les forains s'étaient dits satisfaits de la nouvelle formule des Fêtes de Genève, imposée par le Conseil administratif à "Genève-Tourisme". On est bien contents pour les commerçants et les forains, mais le bilan financier de l'édition 2017 affiche un déficit de 3,2 millions de francs (sur un budget de quatre millions et demi, ça doit tenir du record...), s'ajoutant au déficit de l'édition 2016 : 6 millions (sur un budget de 7,5 millions).  La participation populaire a certes été importante (1,2 million de présences cumulées sur 10 jours), mais elle tient surtout (300'000 à 350'000 personnes, sans cumul) au grand feu d'artifice. Les millions des déficits successifs, et la grogne populaire face à ce que sont devenues ces Fêtes, brièvement rebaptisées "Geneva Lake Festival", viennent de coûter leur poste à deux fusibles : le directeur général de "Genève Tourisme", Philippe Vignon, viré sans délai, et l'organisateur des Fêtes, Christian Kupferschmid, dont le mandat prendra fin dans six mois. Cet artifice (sans feu) donne le ton d'un débat : le 4 mars prochain, les habitants de la Ville voteront sur une initiative populaire qui recalibre les festivités et les recentre, et permettrait de les confier non plus à "Genève Tourisme", qui d'ailleurs n'en veut plus vraiment, mais à la Ville. En somme, "Genève Tourisme" vient d'appeler à voter pour l'initiative. Et sur ce point, on est d'accord avec elle.


"Si on est encore déficitaire en 2018, on se retire" ("Genève Tourisme" dixit). Coït interrompu le 4 mars ?


A qui sont destinées les Fêtes de Genève ? Aux touristes ou aux habitants ? Et à quoi doivent elles servir, à supposer que des fêtes aient à servir à quelque chose d'autre qu'à donner du plaisir à ceux qui y prennent part ? A rapporter des nuitées aux hôtels et des rentrées à l'économie locale (122 millions en 2014, selon une étude contestable) ? C'est bien la question qui sera posées aux Genevoises et vois (de la Ville) le 4 mars prochain. Avec cette autre question, pas si annexe qu'il y paraît : qui doit organiser ces Fêtes (si elles sont maintenues) : une fondation (Genève Tourisme) "fâchée avec les chiffres et dont la mission statutaire est d'attirer les touristes et non de satisfaire les habitants" (pour citer l'édito d'hier de la "Julie"), et qui semble désormais ne plus rêver que d'une chose : se débarrasser de ce boulet, ou la Ville de Genève, qui chaque année, avec la Fête de la Musique, prouve qu'elle sait organiser une fête attirant plusieurs centaines de milliers de personnes ? Poser la question, c'est presque déjà y répondre...

La réduction de vingt-deux à dix jours des Fêtes, la suppression des "pré-fêtes" (qui rapportaient quelques centaines de milliers de francs), rendent impossible l'autofinancement de la manifestation, selon "Genève-Tourisme", pour qui il n'y a dès lors que deux solutions : soit réduire le programme, ce qu'elle apprête à faire, soit obtenir une subvention de la Ville. Or il y a une troisième solution : celle que propose l'initiative populaire  : des fêtes plus conviviales et sur sept jours. Et que la Ville pourrait organiser elle-même (elle sait le faire : la Fête de la Musique en atteste). La Ville d'ailleurs contribue déjà aux Fêtes, par des mises à disposition gratuites d'espaces et de services. Et elle peut maintenir le seul élément qui des Fêtes fasse l'unanimité, mais que "Genève-Tourisme" menace de supprimer : le grand feu d'artifice.

A l'initiative, le Conseil administratif a proposé au Conseil municipal, qui l'a accepté, d'opposer un contre-projet reprenant grosso modo le concept appliqué en 2017, mais n'allant, de notre immodeste point de vue, pas assez loin sur la voie tracée par l'initiative pour que les initiants la retirent, et qu'on cesse, ici, de la soutenir. On appelle donc toujours à la voter. En rappelant que, contrairement aux initiative populaire cantonales ou fédérales formulées, les initiatives populaires municipales ne s'appliquent pas telles quelles, mais donnent mandat au Conseil municipal d'adopter une délibération qui les respecte, quitte à les interpréter. Les aspects contestables de l'initiative, comme le déplacement des forains à Plainpalais peuvent ainsi être recalibrés. En somme, l'acceptation de l'initiative ne ferme aucune porte, sinon celle de "Genève Tourisme"... qui annonçait il y a un mois que "si on est encore déficitaire en 2018, on se retire", annonçait "Genève Tourisme" il y a un mois. Le moment de ce coït interrompu, souhaitable pour les Fêtes autant sans doute que pour "Genève Tourisme" qui est en train d'y claquer ses réserves financières, on y sera le 4 mars, si l'initiative passe.

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