Fonds de tiroir


Le Consistoire de l'Eglise protestante genevoise ayant pris son courage à deux mains, il a décidé de constituer un groupe de travail sur la bénédiction des couples de même sexe, pour tenir un débat sur la question. Bon, le débat, ça fait vingt-cinq ans qu'il a été ouvert, et cinq ans que l'Eglise protestante vau-doise a validé un rite pour les couples de même sexe, mais les protestants gene-vois pourront toujours se dire plus rapides que les catholiques. Une sorte de course entre escargots et tortues, quoi...

Dans plusieurs communes genevoises, à la suite de démissions successives d'élues et d'élus, puis de leurs remplaçantes et remplaçants (les « viennent ensuite » des listes électorales), les partis ont été amenés à désigner directement des conseillères municipales et des conseillers municipaux qui n'étaient même pas proposés sur les listes au moment des élections. Le Conseil d'Etat a ainsi annoncé hier que dans trois communes (Bernex, Onex et Meinier), «en l’absence de «vient-ensuite» sur la liste électorale, des élections complé-mentaires par dépôt prioritaire (...) ont eu lieu » pour pourvoir des sièges PLR, MCG et « Entente communale » vacants. La droite dans les communes, ça commence à ressembler furieusement à un panier percé...

Tout ça pour ça ? Ben ouais, tout ça pour ça : après des mois de polémique foireuse, le Conseil d'Etat de la République et Canton de Genève a rendu son (auguste) verdict dans l'affaire picrocholine de la brochure électorale relative à la votation municipale du 24 septembre 2017 sur les coupes opérées par la droite dans le budget 2017 de la Ville. On se souvient (comment pourrait-on l'oublier?) que le Maire de Genève, Rémy Pagani « avait pris la charge, en sa qualité de maire, de la préparation de celle-ci, n'a pas obtenu une formalisation appropriée et n'a pas prêté suffisamment attention aux interrogations exprimées par des collaborateurs de l'administration. Ce faisant, il a persisté à vouloir maintenir un ordonnancement particulier de la brochure, prenant ainsi le risque, qui s’est concrétisé, de donner à cette dernière une orientation de nature à influencer de manière inacceptable les électrices et électeurs » (c'est le Conseil d'Etat qui parle, là). La votation avait du coup été annulée et le Conseil d'Etat avait ouvert une procédure disciplinaire contre Rémy Pagani. Procédure qui, annonce le gouvernement, a permis de constater « de nombreuses lacunes dans le cadre du processus d'établissement de la brochure électorale relative à la votation municipale du 24 septembre 2017. (...) Sur le fond, le Conseil d'Etat considère comme grave le comportement consistant à prendre le risque, par imprévoyance, de voir la votation annulée, tel que l’a adopté M. Pagani, magistrat communal garant dans sa commune du bon exercice des droits politiques, dont le respect constitue le fondement même de la démocratie suisse ». Le tocsin patriotique sonné, on y met toutefois une sourdine : « La procédure a toutefois mis en évidence qu’à aucun moment M. Pagani n’a menti ou voulu dissimuler des textes à ses collègues du conseil administratif. En ce sens, M. Pagani a reconnu avoir fait une erreur d’appréciation et s’en est excusé ». Ouala. Et donc, annoncent nos Magnifiques Seigneurs, après avoir constaté que le Maire n'avait commis aucun délit, juste une grosse connerie, comme d'autres avant lui (même des conseillers d'Etat...), « statuant en sa qualité d’autorité de surveillance des communes, le Conseil d’Etat a infligé à M. Rémy Pagani, conseiller administratif de la Ville de Genève, une amende de 5000 francs, pour violation de ses devoirs de fonction par négligence ou imprudence graves ». 5000 balles pour une « imprudence grave » ? soit c'est donné, soit l'« imprudence » n'était pas si grave que ça... Tout ça pour ça, donc... Et maintenant, on peut passer aux choses sérieuses ? On peut. On doit même : le PS (qui note au passage que le Conseil d'Etat se garde bien de s'appliquer à lui-même les règles qu'il applique aux magistrats communaux) souhaite ainsi que « le débat se recentre sur le véritable enjeu de la votation du 4 mars 2018 : le refus des coupes budgétaires voulues par la droite ». Parce que faudrait pas l'oublier, l'enjeu : c'est pas le destin politique de Rémy Pagani, c'est « de faire barrage à des coupes antisociales (...) fragilisant la classe moyenne ainsi que les personnes vivant dans la précarité », sans que la situation financière de la Ville y soit pour quelque chose, si peu que ce soit.

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