Allocation de rentrée scolaire en Ville de Genève : Salauds de pauvres (ad libitum)
Vous ne l'avez peut-être pas remarquée, cette petite annonce de la Ville de Genève, "sociale et solidaire" : elle appelle les "points de vente intéressés" à faire partie d'un "réseau de point de vente proposant des fournitures scolaires, des articles en lien avec l'enseignement de la musique, des vêtements et articles de sport pour enfants et adolescents, des équipements informatiques et électroniques à vocation éducative" (tous les grands magasins proposent ce genre d'articles, soit dit en passant), et acceptant une "carte électronique de dépense comme moyen de paiement", à s'annoncer. La Ville de Genève ("sociale et solidaire") va donc bien, comme la droite et l'extrême-droite en ont eu l'idée (bien digne de cette majorité de hasard) distribuer des bons aux familles à la place de l’allocation de rentrée scolaire jusque-là versée. Cette mesure toute empreinte de mépris petit bourgeois à l'encontre des allocataires, avait pourtant été reconnue contraire à la libre concurrence et à l'ouverture des marchés, parce qu'elle était au départ restreinte aux seuls commerces de la Ville de Genève ("sociale et solidaire")...
Les bons bons du mépris social

Le 2 octobre 2017, la Commission de la concurrence (COMCO) adressait à la Ville de Genève une recommandation, concernant la modification des modalités de versement de l'allocation de rentrée scolaire : de l'avis de la COMCO, la restriction aux commerces de la Ville de Genève de la validité des bons que le Conseil municipal avait décidé de substituer aux versements était contraire au droit fédéral. Du coup, le prétexte fumeux du soutien au commerce genevois, allégué par les auteurs de la modification du règlement relatif aux aides financières du service social, se retrouve dissout dans sa propre insignifiance. Il ne reste donc comme motivation de cette modification que celle de bien faire comprendre aux bénéficiaires de ces aides en quel mépris on les tient. Le Conseil administratif s'est hélas senti tenu de concrétiser le voeu de la majorité du Conseil municipal (on se demande au passage ce que le PDC, supposé être le "parti de la fa mille" (mais laquelle ?) est allé faire dans cette galère), et a décidé de mettre tout de même sur pied (bot) ce qui tient à la fois de l'usine à gaz et de la stigmatisation sociale. Il le fait sans doute pour pouvoir maintenir une allocation que la droite à, maintes fois, tenté de supprimer, mais ce faisant, il la rend caricaturalement méprisante -et qui plus est, gaspilleuse : le système qui doit être mis en place pour complaire à la nouvelle disposition règlementaire, soit des "cartes électroniques de dépenses" et la "mise en place d'un réseau de commerces partenaires", réseau qui ne pourrait comprendre l'ensemble des commerces de la Ville, impose une charge administrative et bureaucratique, et donc des dépenses, parfaitement inutiles et inefficaces, confinant même à l'absurdité.

Plutôt que de patauger dans le même marigot que la majorité du Conseil municipal, il conviendrait d'en revenir à un système simple, efficace et respectueux de ceux à qui il s'applique, en supprimant purement et simplement l'article bouffon du règlement imposant le retour aux bons de charité du XIXe siècle. C'est ce qui sera proposé au Conseil municipal : renoncer à l'usine à gaz des cartes de dépenses et du réseau de points de vente, en revenir à des versements normaux, et en finir avec les bons bons du mépris social.

On vous tiendra au courant de la suite. Parce qu'il est fort possible que l'obstination étant une des manifestations les plus communes de la stupidité, la majorité du Conseil municipal s'accroche à sa position méprisante et méprisable. En quel cas, il faudra qu'on passe à la vitesse supérieure : une initiative populaire, par exemple... juste histoire de rappeler qu'on est au XXIe siècle, et plus au XIXe, et qu'on devrait donc avoir tiré un trait sur la charité et ses bons...

Commentaires

Articles les plus consultés