Fonds de tiroir


Donc, après l'« Affaire Buttet », la présidence du Parlement fédéral (les présidences et vice-présidences des deux Chambres) s'est doté d'une structure spécialisée contre le mobbing et le harcèlement  (c'est en-core plus beau en tudesque : la «Fachstelle für Mobbing une Belästigung») qui dispensera en allemand, français et, sur demande, en italien (mais pas en romanche), et dans l'anonymat, des conseils aux élues et élus confrontées et confron-tés, comme victimes ou acteurs, à des cas de harcèlement sexuel. Le Parlement fédéral se plie donc à la Loi fédérale sur l'égalité, qui exige ce type de structures dans les entreprises. Et les élues et élus ont reçu, « avec surprise » précise l'ATS, une notice leur précisant les différences entre flirt et harcèle-ment. Ce qui suppose qu'il fallait le leur préciser. On apprend à tout âge. Et ce sera sans doute le principal legs politique laissé derrière lui par Yannick Buttet. Et on n'ironise pas : la plupart des parlementaires fédéraux n'en laissent pas autant. Certains ne laissent même aucun souvenir. Buttet, lui, aura laissé une trace. De harceleur. Mais c'est vrai que c'est injuste : est-ce qu'on se souvient des excès de vitesse de Filipo Lombardi, de la pochtronnée de Céline Amaudruz, de l'enfant qu'a fait Darbellay à sa maîtresse ou des selfies à poil de Geri Muller ?

Dès la saison 2019-2020, Aviel Kahn, directeur depuis 2008 de l'Opéra des Flandres (qui chapeaute ceux d'Anvers et de Gand) succèdera à Tobias Richter à la tête du Grand Théâtre. Il déclare imaginer « un théâtre actif, immergé dans le tissu social qui l'environne », et vouloir «multiplier les liens avec les acteurs culturels présents pour faire en sorte que l'opéra ne se replie pas sur lui-même ». Fortes résolutions, pour «replacer Genève à la première place parmi les scènes lyriques en Suisse », ce qui n'est guère aimable pour son prédécesseur. Le nouveau directeur est convaincu de pouvoir compter sur « une des plus grandes salles du pays » et sur « un orchestre de qualité », dirigé par un chef qu'il «apprécie beaucoup». Que du bonheur. A condition évidemment que l'« une des plus grandes salles du pays » soit ouverte et pas en travaux, et que l'opéra soit « immergé dans le tissu social qui l'environne », pas dans la nappe phréatique sur laquelle il est construit.

Comme à chaque ouverture des campagnes électorales à Genève, des partis se sont installés la veille de l'ouverture du délai de dépôt des listes en espérant obtenir la liste numéro 1, comme si cela avait quelque effet sur le résultat. Et donc, dans la nuit du 10 au 11 décembre, les militants des trois partis de gauche se sont relayés entre minuit et 8 heures du matin devant la porte du service des votations et élections, pendant que des militants du MCG se relayaient à l'étage d'en dessous. Le député d'Ensemble à Gauche Pierre Vanek témoigne : « j'ai dormi avec le maire de Genève, Rémy Pagani, à côté de moi, et la présidente des socialistes, Carole-Anne Kast, à mes pieds ». C'est du propre. On espère que Rémy ne ronfle pas. Il ne lui manquerait plus que ça, à not'bon Maire, d'empêcher ses camarades de dormir, déjà qu'il donne des insomnies à la droite... Finalement, les trois listes de gauche, apparentées entre elles, obtiennent les numéros 1 (pour Ensemble à Gauche) 2 (pour les socialistes) et 3 (pour les Verts). C'est mignon. Et symbolique, ça fait partie de notre petit folklore politique local, une sorte d'Escalade des escaliers du service des votations et élections...

Selon Reporters sans Frontières, 65 journalistes, blogueurs et colla-borateurs des media ont été tués dans le monde en 2017, ce qui ferait de cette année la moins meurtrière depuis 14 ans pour les journalistes professionnels, ce qui s'expliquerait notamment par le fait que la plupart des journalistes ont quitté les zones les plus dangereuses pour eux (la Syrie, l'Irak, la Libye). La Syrie est le pays le plus meurtrier pour les journalistes (12 tués), devant le Mexique, l'Afghanistan et l'Irak. Et la Suisse ? Ben, en Suisse, on tue pas les journalistes, on tue seulement les journaux.

Les ministres français doivent déclarer leur patrimoine, et cette déclaration est rendue publique. C'est ainsi qu'on a appris que l'écolo Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, avait un patrimoine de 7,2 millions d'euros :  une maison d'un million d'euros en Corse, une co-propriété de 1,9 million en Savoie, une société qui vaut 3,1 millions, des valeurs financières pour 1,17 million...  neuf véhicules à moteur : six voitures (deux 2 CV, une Land Rover, une BMW électrique, une VW et un utilitaire), une moto, un scooter et un bateau avec un moteur de 225 CV. Ben quoi, pourquoi un ministre ne pourrait-il pas être riche, et un écolo motorisé, hein ? Et un socialiste être propriétaire, un libéral être fonctionnaire, un frontiste (ou un udéciste) être étranger et un démocrate-chrétien être priapique ? Et un MCG être frontalier... euh, non, faut pas exagérer quand même...

Les dernières élections municipales à Genève, c'était il y a bientôt trois ans (et donc les prochaines, c'est dans un peu plus de deux ans). Et en trois ans, les conseils municipaux ont déjà consu-mé la majorité de leurs membres. C'était déjà le cas lors de la mandature 2011-2015 (les mandatures municipales ne duraient à l'époque que quatre ans), et ça promet pour la mandature 2015-2020, de cinq ans. Aujourd'hui déjà, des personnes qui n'étaient même candida-tes sont appelées à remplacer des personnes candidates mais pas élues, qui elles-mêmes avaient remplacé des personnes élues mais démissionnaires. De tous les partis, ce sont ceux de l'extrême-droite qui sont le plus frappés de bougeotte : plus de 60 % de leurs élus municipaux avaient renoncé à leur mandat entre 2011 et 2015. Les Verts et « Ensemble à Gauche » ont également subi la démission de la majorité de leurs élus. Le PLR et le PDC ont perdu respectivement 47 % et 44 % des leurs. Le PS est de tous les partis celui qui s'en sort le mieux, avec 36 % de démissions.  Et par communes, c'est à Onex  (72 % de départs) et Vernier (62 %) que les conseils municipaux (tous deux à forte représentation du MCG) sont le plus frappés par cet escapisme. Explications des chefs de partis  : c'est parce que notre présence dans les communes est «rela-tivement nouvelle» (Marc Fuhrmann, UDC), nos élus municipaux ont « sous-estimé le travail et l'implication d'un mandat politique » (Ana Roch, MCG), nous avons plus d'élues et plus de jeunes que les autres partis (Nicolas Walder, Vert), on a vécu un conflit interne en Ville de Genève (Pierre Vanek, En-semble à Gauche), certains élus ne sont pas outillés pour traiter les dossiers, se sentent largués et finissent par se décourager (Bertrand Buchs, PDC), «certaines formations ne s'assurent pas suffisamment de la motivation de leurs candidats » (Carole-Anne Kast, PS). Le président du Conseil d'Etat, François Longchamp, lui, évoque une « perte de culture constitutionnelle et de la connaissance du fonctionnement de nos institutions », et se demande si les conseils municipaux ne sont pas trop nombreux, « compte tenu des compé-tences restreintes des communes à Genève ». Il est vrai que sur les 80 sièges du Conseil municipal de Genève, il y en a qui restent politiquement vides même lorsque leurs titulaires sont assis dessus. Mais on donnera pas les noms. D'ailleurs, on s'en souvient même plus.

Six projets de création de logements, totalisant plus de 4000 logements nouveaux (et permettant de loger plus de 8000 personnes) sont bloqués au parlement genevois.  Par ceux qui accusent les autres (et en particulier l'Asloca) d'empêcher la construction de logements. Bref, par la droite, qui rejette systématique-ment les lois de déclassement en zone de développement, qui a biffé plus de 1000 logements aux Corbillettes (Versoix), gelé le déclassement nécessaire à la création de 2300 à Cointrin, refusé la réalisation de 400 appartements, dont une majorité de logements sociaux, à Vernier, et gelé deux projets à la Seymaz et à Lancy, pour 300 logements. La droite favorise désormais des déclassements en zone ordinaire, sans densité minimale ni contrôle des prix (et donc des loyers), protège les intérêts des propriétaires de villas, et favorise les opérations spéculatives. Ben quoi, c'est pas à ça que ça sert, une majorité parlementaire de droite ?

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