Fonds de tiroir


Mercredi, au Conseil Municipal, nous avons proposé, et obtenu, la suppression de la commission des naturalisations dont le Conseil s'était naguère doté et que la droite voulait à toute force maintenir alors même qu'elle n'avait plus de raison d'être, et produisait régu-lièrement quelques raisons pertinentes (dont quelques dérapages discriminatoires) de cesser de se la trimballer dans une procédure de naturalisations pouvant fort bien se passer d'elle. Pour tenter de la maintenir, si contestable que soit son utilité, la droite avait concocté un projet qui avait au moins le mérite d'une certaine cohérence, sa forme étant aussi consternante que son fond : mandat de commissaires « illimité dans le temps » (l'éternité et un jour, quoi...) alors qu'aucun mandat politique ne peut prétendre l'être (du moins dans une démocratie); préavis de commission destinés « au reste du Conseil municipal » comme si les conseillers municipaux membres de la commission ne pouvaient se prononcer sur les préavis de leur propre commission; délai d'audition des candidats à la naturalisation fixé à un mois dans un alinéa, et au « courant du mois » dans l'alinéa suivant;  interdiction de débattre en séance plénière des propositions qui lui sont soumises... et puis peut-être le plus beau : la soustraction des dossiers de candidature à la naturalisation déposés par des ressortissants francophones de l'Union européenne, ce qui équivalait à lui soustraire tous les ressortissants de l'UE puisque parler (et écrire) en français, c'est-à-dire être francophone, est une condition de la naturalisation à Genève... On ne pouvait pas démontrer plus clairement que la majorité du PLR, ainsi que l'UDC et le MCG, étaient prêts à tout pour pouvoir garder une commission procurant à quelques un-e-s de leurs élus municipaux le plaisir de s'inviter chez des futures citoyennes et des futurs citoyens genevois....

Une dizaine de prêtres pédophiles ont été identifiés par le diocèse de Sion, sur témoignages de leurs victimes, mais selon une victime, qui a déclaré en avoir rencontré cinquante autres, les cas seraient bien plus nombreux qu'avoués. Et qu'avouable. Ceux reconnus remontent pour les plus anciens aux années cinquante du siècle dernier, et pour les plus récents aux années nonante. Trois de ces dix prêtres sont toujours en vie. Les autres sont donc morts. Après s'être confessés, sans doute. Et avoir été absouts. De toute façon, tous les cas reconnus sont prescrits (par la justice des hommes, donc).  Mais d'autres cas, plus récents, ont été signalés : entre 2010 et 2018,  250 cas ont été dénoncés à l'église catholique, dont au moins 25 cas qui se sont produits ces huit dernières années. La majorité des victimes des actes dénoncés étaient mineures au moment des faits, qui vont d'attouchements à des viols -dont celui d'une organiste qui en est tombée enceinte, le curé qui l'avait engrossée la poussant ensuite à avorter. Dans les cas les plus anciens, l'église avait couvert les coupables en les déplaçant ou en les mettant au rencart, et les évêques de Sion étaient très certainement au courant de leurs agissements, même si le titulaire actuel de la cathèdre se dit convaincu qu'ils en étaient ignorants. De toute façon, il a demandé pardon pour eux. Que demander de plus ?

A un peu plus d'un mois du vote sur l'initiative « No Billag », qui veut abolir la redevance radio-télé et interdire tout subventionnement fédéral d'une chaîne de radio ou de télé, Billag annonce avoir procédé à 2247 dénonciations de personne ne s'étant pas déclarées comme auditrices ou téléspectatrices, et avoir procédé à 61'000 mises aux poursuites. Qui ne seront même pas annulées si le 4 mars le vote abolit la redevance. On est perclus d'admi-ration devant l'intelligence tactique de Billag et sa capacité à recruter à coup de sommations, de dénoncia-tions et de commandements de payer des dizaines de milliers de soutiens à l'initiative... Bon, il est vrai que le résultat du vote, Billag s'en fout, elle a perdu le mandat d'encaisser la redevance, mais quand même...

A Genève (forcément), un gardien de prison syndicaliste, qui était visé par une procédure disciplinaire que le département de tutelle avait finalement décidé de classer, ne veut pas s'en tenir à ce classement : il veut être « blanchi » parce qu'il estime n'avoir commis aucune faute. Il a donc fait recours auprès de la Chambre administrative contre le classement de la procédure qui le visait : il veut que cette procédure aille jusqu'à son terme, et qu'elle aboutisse au constat de son innocence et de l'invalidité des reproches que le département de SuperMaudet lui adressait : s'être exprimé dans les media (notamment à la télévision), en tant que militant syndical, après une manifestation de soutien des gardiens de Champ-Dollon à leur directeur, muté par le département. C'était pourtant beau, la piétaille de la prison soutenant son directeur contre la tutelle du directeur. Ben non, la tutelle n'avait pas apprécié :  comme dit l'avocat du maton, cette affaire illustre la «volonté politique du chef du département, Pierre Maudet, de museler les syndicats, contrepoids pourtant indispensable dans un Etat de droit ». Quoi ? un contrepoids à Maudet ?  ça relève pas du crime de lèse-majesté, une telle prétention ? Décidément, les syndicalistes gene-vois, ils se croient tout permis...

Grand nettoyage : après le show biz américains, les Frères Musulmans genevois, les Jeunes Socialistes français, l'Union nationale des étudiants de France (UNEF), et sans oublier (comment le pourrait-on ?) l'église catholique : les Jeunes Com-munistes français : plusieurs mili-tantes ont témoigné au « Monde » de harcèlement, d'agressions sexuelles et de viols au sein des JC. La direction du PCF reconnaît que plusieurs enquêtes sont en cours et qu'il s'est passé des « choses inacceptables » lors de « soirées militantes, de camps d'été ou d'événements nationaux ». Une ancienne responsable de l'Union des étudiants communistes a fait une enquête empirique sur 2016 et 2017 : sur 183 réponses (principalement de femmes) à un questionnaire, plus de 40 % font état de « violences sexistes au sein d'une organisation communiste », dans deux tiers des cas de la part d'agres-seurs détenteurs de responsabilités dans ces organisations, et continuent souvent à en exercer, ou à y militer et à y croiser leur victimes. Bon, voilà, les Komsomols, c'est fait, demain on passe à la gauche gene-voise.  Parce que là aussi, y'en a qui confondent neurones et génitoires.

50'000 personnes ont défilé à Thessalonique, en Macédoine grecque, à l'appel de l'extrême-droite et de l'église orthodoxe du coin, pour protester contre le maintien du nom de la Macédoine dans la dénomi-nation officielle de la République indépendante de Macédoine, ex-yougoslave, et revendiquer l'exclu-sivité de l’appellation « Macédoine » pour la seule Macédoine grecque. Bon, ben s'ils n'ont rien d'autre à foutre dans la situation sociale, économique et politique de la Grèce, tant pis pour eux (et pour leur Macédoine à eux)... Nous, ici, on jubile d'avance de la grande manif du MCG, de GEM et de l'UDC pour exiger le changement de nom de Saint-Julien-en-Genevois et dé-noncer la dénomination « Grand Genève » (en oubliant que Genève est un nom propre féminin) d'une région en grande partie française et vaudoise. Non mais.

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