Fonds de tiroir


La série des révélations et des dénonciations de pratiques de harcè-lement sexuel continue : le dernier épisode en date s'est produit à Genève, au sein de la section de Vernier du PS. Un Conseiller municipal et candidat au Grand Conseil, qui avait multiplié les avances auprès d'une camarade et en avait coincé une autre dans les toilettes, sans présumer que la liste de ses pratiques s'arrête-là, a été exclu de la section et du parti, et viré de la liste des candidats au Grand Conseil, où il avait réussi à figurer en faisant adhérer en masse des membres de sa famille. Lui nie les faits, bien sûr. Et se plaint de ce que ces révélations «nuisent à l'avenir d'un jeune» comme lui. Pauvre petit...

A Corsier et à Genève, des conseillers municipux Verts ont demandé à toucher 10 % (pourquoi seulement 10%?) de leurs jetons de présence en Lémans, la monnaie locale de la «Grande Genève». A Meyrin, Carouge et au Grand Saconnex, ce sont les Conseillers administratifs Verts qui ont fait la même demande. Et plusieurs députés (Verts, toujours) au Grand Conseil genevois, et une députée au Grand Conseil ont emboîté le pas. Et c'est un bon pas. 450 commerces et professionnels acceptent les lémans en paiement (un léman vaut un franc suisse). Et si on veut soutenir l'économie de proximité, c'est tout de même plus intelligent de se faire payer soi-même en lémans que d'imposer aux bénéficiaires d'alloca-tions de rentrée scolaire (pour prendre un exemple au hasard) de recevoir leur allocations en bons. On dit ça, hein, c'est juste histoire de causer...

« Au nom de ma liberté d'éditeur et de ma sensibilité à mon époque, je suspend (le projet de rééditer les pamphlets antisémites de Céline), jugeant que les conditions méthodologiques et mémorielles ne sont pas réunies pour l'envisager sereinement », a annoncé l'éditeur Antoine Gallimard, début janvier. Gallimard envisageait de republier trois textes parfaitement nauséa-bonds sur le fond, et assez médiocres (pour du Céline) sur la forme, «Bagatelles pour un massacre» de 1937, « L'Ecole des cadavres » de 1938, « Les Beaux Draps » de 1941. Des textes qui n'avaient jamais été interdits en France, qu'on pouvait sans problème trouver sur internet, qui avaient même été réédités au Québec en 2002, mais dont Céline lui-même avait interdit la réédition. Des textes de merde, à mille lieues en dessous des grands textes de Céline, Le Voyage au Bout de la Nuit, D'un Château l'autre, Rigodon. Mais des textes de Céline, tout de même. Et qui ont donc forcément, même s'ils sont à dégueuler, leur place dans son oeuvre complète. Parce qu'on peut être un écrivain de génie, et Céline l'était, et un infâme salopard politique, et Céline l'était aussi. Et qu'on peut bien sûr distinguer l'un de l'autre, mais qu'on ne peut pas les séparer, pas plus qu'on ne peut (comparaison n'est pas raison, mais seulement illustration) l'Aragon des saloperies staliniennes de l'Aragon des grands poèmes et des grand romans : c'est le même bonhomme, et c'est la même plume. Et dans les plus grands textes de Céline, dès le Voyage, transparaît une obsession antijuive qui sera un véritable programme politique. Bref, les pamphlets antisémites de Céline ne seront pas réédités en France : le Conseil représentatif des institutions juives de France et l'Association des Fils et filles de déportés juifs de France avaient appelé Gallimard à y renoncer. Il y a renoncé. Qui y gagne ? Ceux qui ne veulent voir dans Céline que l'un des plus grands écrivains de langue française, et refusent d'admettre qu'il a été aussi dans la même langue l'un des plus ignobles polémistes racistes (antisémite, mais pas seulement).  Ceux qui inventent un Céline qui n'aurait pas été antisémite. Un Céline à leur goût. Un Céline qui n'existe pas.

Frère de Violeta, oncle d'Angel, d'Isabel, de Carmen, grand-oncle de Tita, doyen des lettres hispaniques, ennemi de toutes les autorités établies, Nicanor Parra est mort mardi 23 janvier, à l'âge de 103 ans. Gracias a la vida quand même...

Le député Vert au Grand Conseil genevois François Lefort a déposé deux projets de loi pour interdire aux TPG et aux HUG d'exter-naliser le recouvrement de leurs créances en faisant appel à des sociétés privées de recouvrement, genre Debitors, qui « facturent des frais de dossier fantaisistes » et utilisent des « méthodes agressives » pour faire payer les débiteurs. Les TPG et les HUG répondent qu'ils ne veulent pas renoncer à ces externalisations, même si elles ne leur permettent qu'un recouvre-ment très partiel de leurs créances (entre 20 et 25 % des dossiers transmis à Debitors par les TPG, soit quelques centaines de milliers de francs sur les deux millions de francs réclamés). Les HUG, eux, recourent à la sous-traitance du recouvrement des créances pour celles à l'encontre de débiteurs résidant à l'étranger, soit environ 2 % de la facturation totale. On peut poser une question bête ? Oui, on peut : pour des volumes financiers aussi margi-naux, est-ce que les régies et insti-tutions publiques ne pourraient pas faire appel à un service public voué au recouvrement des créances, l'Office des Poursuites, plutôt qu'à des sociétés privées dont les pratiques tiennent souvent du comportement des hyènes ou des vautours, et en tout cas de  ceux des parasites ?

Selon un sondage Tamedia du début janvier, réalisé auprès e 20'000 personnes (avec pondération des données), si les élections fédérales avaient lieu en ce moment, on prendrait les mêmes dans le même ordre : l'UDC est à 30,8 % des intentions de vote (elle passe la barre des 30 %), le PS à 18,7 %, le PLR à 16,4 %, le PDC à 9,1 % (il tombe sous la barre des 10 %), les Verts à 7,4 %, les Verts libéraux à 6,1 % et le PBD à 3,7 %. Tous les autres partis (Lega, MCG, gauche de la gauche etc...) se partagent les 7,8 % restants. Ce qui, en gros, et avec une marge d'erreur de 1,2 point, nous fait un parlement encore un peu plus à droite que l'actuel, qui ne l'est déjà pas mal, et une gauche plus près du quart que du tiers des suffrages. Mais s'il n'y a pas de changement dans les intentions de vote, il y en a dans le classement des « préoccupations des Suisses » : les coûts de la santé sont évoqués par 69 % des sondés, la prévoyance vieillesse par 64 %, les relations avec l'Union européenne par 54 %, comme la migration, et l'asile par 50 %. Quant à savoir quelle cohérence il y a entre ces « pré-occupations » et les intentions de vote, on peut toujours chercher... A part ça, 55 % des sondés ne sont pas satisfaits du travail du parlement, insatisfaction majoritaire à l'UDC, au PS et chez les Verts, alors que les sympathisants du PLR et du PDC sont majoritairement contents des Chambres. Ouala. Et on est bien contents que les élections fédérales n'aient lieu que l'année prochaine, ça nous laisse un peu de temps pour les préparer et faire un peu mieux que ce qu'annonce ce sondage.

On a loupé ça et on le regrette, parce que ça devait être jouissif : le MCG canal habituel d'un côté du bassin du Molard, le MCG canal historique, rebaptisé « Genève en Marche », de l'autre, GEM prenant un malin plaisir à faire bisquer le MCG, y compris en paradant en tracteur drapeaux au vent, Eric Stauffer au volant, Carlos Medeiros debout derrière, fiers comme Artaban, le MCG faisant désespérément mine de ni les voir ni les entendre... Les cam-pagnes électorales, ça peut être très long et très chiant, mais y'a toujours des moments qui vous réconcilient avec le folklore politique local.

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