Fêtes de Genève : Une occasion perdue


La Ville de Genève n'organisera pas les Fêtes de Genève. Elle ne les subventionnera même pas. Ainsi en ont décidé, comme le leur demandaient le Conseil administratif, le Conseil municipal, le PS et le PDC, les votantes et votantes de la Ville dimanche : ils ont refusé (à 54,5 %) l'initiative populaire "pour des Fêtes de Genève plus courtes et plus conviviales". Plus courtes : une semaine. Plus conviviales : leur forme et leur contenu devait être déterminé par les habitants des quartiers du pourtour de la rade (les Pâquis et les Eaux-Vives). Le contre-projet du Conseil municipal a, lui, été accepté à 54,6 % des voix : les Fêtes dureront onze jours, dont deux week-ends. Mais après les cacades financières à répétition qui ont marqué leurs deux dernières éditions, elles se limiteront cette année, pour l'essentiel, au grand feu d'artifice de rigueur, que tout le monde voulait d'ailleurs maintenir, et au champ de foire sur les quais. Comme Ensemble à Gauche, on regrettera ici l'échec de l’initiative sur les Fêtes des Genève et l’acceptation d’un contre-projet qui n'avait pour fonction que de pérenniser les Fêtes dans leur format actuel. On notera cependant que ledit contre-projet a repris plusieurs intentions de l'initiative, et que celle-ci n'a donc pas été inutile. Sauf qu'elle était plus claire. Et obligeait à repenser complètement des festivités qui ont précisément besoin d'être complètement repensées. Une occasion perdue...

"Etats généraux" et serment du jeu de paumés

Sous le message donné de l'attachement de la population genevoise aux festivités estivales, il y a peut-être aussi celui, paradoxal, adressé aux autorités municipales et cantonales à la fois ne pas organiser elles-mêmes les Fêtes mais de "prendre la main" sur la fondation privée qui les organisait et avait exprimé son désintérêt pour l'organisation de l'événement, après avoir manifesté son incompétence à l'organiser elle-même, alors que, de facto, elle était payée pour. Le peuple des contribuables croit avoir refusé de subventionner les Fêtes, ils les subventionne pourtant : "Genève Tourisme" est une fondation privée, mais dont les ressources (son budget annuel est de l'ordre de la dizaine de millions de francs) proviennent de taxes instituées par la collectivité publique. De plus, pour les Fêtes de Genève, ce sont plus de deux millions de francs qui sont à la charge du canton et de la Ville sous forme de prestations en nature et en actes, non facturées.

Des "Etats généraux du tourisme" ont été annoncés pour le 15 mai. S'ils arrivent à "définir une stratégie touristique" en même temps que "le public cible ainsi que l'avenir" des Fêtes de Genève, comme l'attend Sami Kanaan, et être capables de "penser sans tabou" et de réfléchir "à l'échelle transfrontalière" comme l'attend Pierre Maudet, ils ne seront pas inutiles. Mais s'il n'aboutissent qu'à poursuivre dans la voie suivie jusqu'à maintenant, celle de la promotion de Genève comme ville de week-end pour touristes friqués, en même temps que ville de congrès pour notables mondialisés, ils ne seront qu'un raout de plus, et on aura beau les avoir baptisés "Etats généraux", on pourra attendre longtemps qu'il en sorte autre chose qu'un serment du jeu de paumés.

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