Fonds de tiroir



Autopub : Notre indispensable manuel de survie des socialistes en milieu hostile, « Le socialisme, ou comment NE PAS s'en débarrasser », vient de sortir. Il est publié par les éditions de l'Aire. Qui viennent de sortir le premier bouquin de Didier Burkhalter, « Enfance de terre ». On est très flatté d'avoir le même éditeur qu'un ancien président de la Confédération. Mais faut rien en déduire quand à nos ambitions personnelles : on ne rêve que d'être le gourou de toute la gauche, c'est moins fatigant et on peut se contenter d'une autoproclamation. Qu'on trouvera donc dans toutes les bonnes librairies, et même quelques mauvaises, ou qu'on pourra commander directement à l'éditeur (http://www.editions-aire.ch/)


55 % de la population mondiale vit sans protection sociale : ni retraite, ni indemnités de chômage, ni assurance-maladie... c'est le constat du rapport mondial sur la protection sociale présenté le 30 novembre dernier à Genève. Constat à confronter à l'objectif (l'un de ceux des Nations Unies pour le développement durable) de mettre en oeuvre des systèmes nationaux de protection sociale partout et pour tous d'ici 2030. C'est dans douze ans. Et c'est pas gagné : en trois ans, le pourcentage de personnes couvertes réellement par un système de protection sociale n'est passé que de 27 à 29 %, et ces 2 % de progrès sont dus presque exclusivement à ceux réalisés en Chine. En 2017, seuls 35 % des enfants du monde ont accès à une réelle protection sociale, et la majorité des mères ne perçoivent aucune al-location de maternité. La directrice du département de la protection socia-le de l'OIT résume : « les politiques d'austérité à court terme continuent de saper les efforts de développement à long terme ». Même à Genève, ces politiques sévissent : d'entre les coupes imposées par la droite coagulée dans le budget de la Ville et que la gauche propose d'annuler (on vote le 4 mars...), les moindres ne sont pas celles opérées dans les ressources allouées à la solidarité et à la coopération inter-nationale... Mais, l'essentiel est sauf : nos jetons de présence et indemnités n'ont pas été réduites. Question de priorités politiques, sans doute.

Bonne nouvelle : la Grèce va mieux. Beaucoup mieux, même. Le chômage, le démantèlement de la protection sociale, la baisse des salai-res, la mise en vente du service public ? du passé, dont on peut faire table rase. Pour enfin pouvoir se mobiliser sur des enjeux sérieux : le nom officiel de la République (ex-yougoslave) de Macédoine, par eemple. Ils étaient des dizaines de milliers (140'000 selon la police, 1 million et demi selon les mani-festants), le 4 février dernier, à manifester à Athènes, devant le parlement, pour nier à la Macé-doine le droit de s'appeler Macé-doine (ou Haute-Macédoine, ou Macédoine du Nord) et revendiquer le droit exclusif de la Grèce d'uti-liser le nom « Macédoine », pour désigner l'une de ses régions. Même Mikis Theodorakis, 92 ans aux prunes, s'y est mis, et a appelé à un référendum (en Grèce) sur le nom de la Macédoine pas grecque. Du côté Macédonien pas grec, on essaie de calmer le jeu : le gouvernement social-démocrate de Skoplje a débaptisé l'aéropoprt de la capitale et la principale autoroute du pays, à qui le nom d'Alexandre le Grand avait été donné. Vu qu'Alexandre le Grand, il était macédonien, fils du roi Philippe de Macédoine, qui avait conquis la Grèce. Voila. Zavez suivi et tout compris ? C'est bien. Zavez du mérite. De toute façon, Macédoine, c'est pas seu-lement le nom d'un Etat pas grec et d'une région grecque, ça désigne aussi une salade de fruit.

La Ville de Genève a confié à la société de l'ancien député PLR Frédéric Hohl l'organisation des «Fans Zones» des Mondiaux et de l'Euro de foot de 2018, 2020 et 2022, sur la plaine de Plainpalais. C'est con qu'il ne soit plus député, Hohl, ce chti cadeau l'aurait peut-être incité à ne plus combattre systématiquement les projets culturels du canton quand ils impliquent une collaboration avec la Ville. Mais bon, au moins, comme ça, on n'accusera pas la Ville d'avoir tenté de l'acheter, vu que ça n'aurait servi à rien...

La déploration unanime de la mort de Jean-Philippe Smet nous avait furieusement pompé l'air. Alors, il faut bien l'avouer, l'étripage public de ses héritières et de son héritier nous fait plutôt marrer : alors comme ça, Johnny Hallday a déshérité ses zenfants Laura et David (ce que le droit français exclut, mais que le droit californien permet) mais après leur avoir fait de solides donations, et il a légué tout ce qui restait (un patrimoine de 50 millions d'euros, sans compter les royalties de 1300 chansons bramées par l'idole des jeunes d'il y a cinquante ans) à sa dernière meuf, L-a-e dans l'a-ti-tia (oh pardon, ça c'est du Gainsbourg), opportu-nément domiciliée en Californie, et à ses gniards.  Alors le partage de la douleur des trois familles devant le cercueil de Machin, c'était du flan ? ils se détestent ? finalement, un peu de franchise dans tout ce cirque, ça fait du bien, non ? Et puis, ça rehausse le niveau : on passe quand même de Labiche à Balzac...

L'extrême-droite genevoise est d'une cohérence exemplaire : l'UDC et le MCG se sont apparentés pour l'élection du Grand Conseil alors que les députés de la première n'ont cessé de se faire houspiller par le second, dont ils dénoncent le «virage à gauche» supposé pendant que le MCG accuse l'UDC d'être instru-mentalisée par le PLR et que le parti d'Eric Stauffer, «Genève en marche», propose à la fois une caisse maladie financée par l'impôt et une baisse des impôts, que propose aussi le MCG tout en proposant une hausse des prestations sécuritaires financées par l'impôt qu'on veut baisser. C'est aussi à ça que ça sert, les campagnes électorales : à mesurer la crédibilité de ceux qui y prennent part. Mais là, pour la mesurer, faut une grosse loupe.

L'épouse de Tariq Ramadan a pris la défense de Tariq Ramadan : elle considère que le maintien de son mari en détention malgré son état de santé (il serait atteint de sclérose en plaque) prouve qu'il a été « désigné coupable », qu'il est victime d'un «lynchage médiatique» et qu'elle croit « fondamentalement en son innocence », celle d'un homme « juste et bon » (soutenu par une pétition sur internet, qui avait recueilli 40'000 signatures en trois jours). La justice française, elle, explique que sa détention provisoire (une mesure régulièrement prise dans des affaires de viol)  a été prolongée en raison du risque de fuite (il a un passeport suisse), de pressions sur celles qui l'accusent de viol, et du risque de « trouble exceptionnel et persistant à l'ordre public » que provoquerait son élargissement. En tout cas, Tariq Ramadan n'est pas un détenu lambda : il bénéficie d'un traitement médical et est incarcéré dans le quartier VIP de Fleury-Mérogis. Un privilège. Normal, pour un homme « juste et bon » défendu par Marc Bonnant : on va quand même pas le confondre avec un voleur de bagnoles d'une cité de banlieue. Après tout, il n'est accusé que de viols.

En 2015, aux élections cantonales genevoises, le parti pirate avait présenté une liste. Cette année, il a disparu de la circulation. En revanche, on a un candidat au Conseil d'Etat, Axel Amberger, qui se présente sur une liste « De rien pour arriver à pas grand chose ». Au moins c'est franc (les « pirates », eux, ne pirataient pas grand chose) et ça nous rappelle le Parti sans Payer. Toute notre jeunesse. Allez, Axel, on votera pour toi : ça mange pas de pain, ça nuit à personne et ça nous fait plaisir.

Selon une enquête du « Matin Dimanche », il faut en moyenne sept mois d'attente pour obtenir une place en crèche en Suisse romande, avec de gros écarts selon les communes : d'entre les commune étudiées par le canard, c'est à Lancy et à Vernier que le délai d'attente est le plus long (plus de douze mois, parfois plus de 24 mois à Vernier) et à Gruyère, Martigny et La Chaux de Fonds qu'il est le plus court, vu qu'il n'y a pas de délai d'attente du tout. En Ville de Genève, où 82 % des besoins de place sont couverts, le délai d'attente moyen est de 10 mois. Bah, sept mois d'attente moyenne pour une place en crèche, ça laisse encore (en moyenne...) deux mois au gniard pour sortir de son cocon... alors de quoi ils se plaignent, les parents, hein ? Zont qu'à s'inscrire pour une place à temps, au saut du lit, à la débandade...  Faut être prévoyants, quoi. Même qu'en même temps qu'ils s'inscrivent pour une place en crèche, ils peuvent inscrire leur moutard à l'école, en apprentissage, à l'université, à l'office de l'emploi, à l'aide sociale, dans un ems et à Exit. A quand le guichet unique, d'ailleurs ?

Un soldat conduisant un véhicule militaire a failli se faire flinguer par son sergent alors qu'il roulait à 120 à l'heure sur l'autoroute du côté de Schwytz. Le sergent manipulait un pistolet d'ordonnance chargé et un coup est parti, à 30 centimètres de la tête du soldat. La police militaire a ouvert une enquête, la justice mili-taire a pris le relais et le porte-parole de l'armée a déclaré : «nous enquêtons pour savoir comment une telle chose a pu se produire». Ben on lui explique, au porte-parole de l'armée suisse : quand on charge un pistolet, qu'on met pas le cran de sûreté et qu'on appuie sur la gachette, le pistolet, il fait feu. Ouala. Encore une question ?

Selon le Pentagone (au cas où vous ne le sauriez pas, c'est le petit nom du ministère de la Défense des USA...), les Etats-Unis ont engagé 800 milliards de dollars (on vous le donne en toutes lettres, c'est encore plus effarant : huit cent milliards...) pendant les seize premières années de leur guerre en Afghanistan, en dépenses militaires liées à leurs opérations, en soutien à l'armée afghane, en « aide » aux diverses administrations afghanes. C'est cinquante milliards de dollars par an. Et alors que le contingent américain, qui avait compté jusqu'à 100'000 hommes (et femmes), avait été réduit à 6000 hommes (et femmes) par Obama, Trump a décidé de le regonfler pour le porter à 16'000 hommes (et femmes), et de ne plus donner de limite de temps à l'intervention des USA, avec toujours la même argumentation : éviter des attentats sur sol américain (façon 11 septembre 2001) fomentés par des islamistes liés aux Talibans. Des Talibans que les seize ans de guerre américaine, et les 800 milliards de dollars qu'elle a coûté, n'ont pas réussi à vaincre : ils contrôlent aujourd'hui 40 % du territoire afghan. Mais « la victoire reste possible », a clamé le général Joseph Votel, commandant en chef du Central Command, le 27 janvier. Quatre heures plus tard, un attentat à l'ambulance piégée faisait au moins 103 morts et 225 blessés dans un quartier sécurisé de Kaboul. Les USA ont donc claqué 800 milliards en seize ans de dollars pour une guerre pour laquelle ils sont prêts à en claquer encore quelques centaines de milliards, et qu'ils sont aussi incapables de gagner que les Soviétiques l'ont été avant eux. Mais qu'on se rassure : il y a des gagnants américains dans cette connerie : les marchands d'armes et d'équipements militaires, les industriels de l'aéronautique... le bon vieux complexe militaro-industriel, quoi. Finalement, on est en territoire connu, et les USA n'ont pas pour rien le plus gros budget militaire du monde, loin devant la Chine. Faut bien le dépenser, tout ce pognon... qui suffirait largement à éradiquer définitivement et universellement la faim, l'analphabétisme et toutes les pandémies existantes...

Commentaires

Articles les plus consultés