Fonds de tiroir


Une lettre adressée à la Conseillère d'Etat Anne Emery-Torracinta, en tant que cheffe du Département de l'Instruction publique, et au président du Grand Conseil, demande l'ouvertu-re d'une enquête administrative pour «analyser les dysfonctionnements de l'institution » (le DIP et la direction du collège de Saussure ou enseignait Tariq Ramadan et dont il a même été le doyen), qui n'a pas su « protéger les élèves » de Tariq Ramadan, accusé d'abus sexuels par quatre de ses anciennes élèves dans les années nonan-te . Or les possibilités du Département et de la Conseillère d'Etat sont fort limitées, dans ce cas : les faits sont prescrits et aucun de leurs protagonistes (ni Tariq Ramadan, ni le directeur du collège au moment des faits) ne dépend plus du DIP, dont la secrétaire générale était certes doyenne du collège ou enseignait Ramadan, mais pas à l'époque des faits dénoncés.  Le Conseil d'Etat peut en revanche ouvrir une enquête sur les dysfonctionnements de l'institution à l'époque (voire aujour-d'hui, dans des cas comparables), la Conseillère d'Etat rappelant (et regret-tant) qu'« on ne prenait pas autant au sérieux les abus par le passé », et se félicitant que cela ait changé  : une ligne « Abus Ecoute » a été ouverte : elle a recueilli 50 appels, dont 16 relevaient de l'aide aux victimes, dont un faisait état d'un abus sexuel d'un enseignant sur une élève, les autres de harcèlements sexuels ou scolaires entre élèves, et un professeeur du collège de de Saussure a été suspendu pour comportement «inapproprié» avec une élève). Anne Emery-Torracinta a donc décidé d'ouvrir sur l'« affaire Ramadan » non une enquête administrative mais une enquête indépendante. Une enquête parlementaire pourrait également l'être, si le Grand Conseil en décide ainsi, et en ce cas les personnes déten-trices d'informations pourraient être sommées de les fournir -mais pour-raient refuser de témoigner. Et Ramadan, dans tout ça ? Ben, il nie en bloc. Et à l'entendre, Tariq, c'est carré-ment Jesus sur le chemin de croix. Juste avant la crucifixion.  Amusant, pour un islamiste, non ? Non ? Ah bon...

Faut pas croire qu'à Genève, les harceleurs (voire pire) sexuels ne sévissent qu'au Collège De Saussure : la victime de son entraîneur de judo a raconté dans « Le Temps » comment il avait « pris le contrôle de sa vie et de son corps » et, devenu gourou, l'avait violée. Paraît que le sport est une école de respect et les arts martiaux asiatiques des écoles de maîtrise de soi. Et des autres, apparemment...

Comme on est très, très rarement d'accord avec l'UDC, on ne se privera pas du plaisir de vous citer sa dernière Newsletter genevoise (N° 204 | 19 mars 2018) :
« Du commercial encore et toujours
Dans quel monde vit-on à Genève? Cette question, récurrente, de plus en plus de monde doit se la poser tant le « toujours plus grand » semble ne pas connaitre de limites. Car ce qui frappe est de constater qu’un nombre incroyable d’immeubles s’érigent actuellement sur notre étroit territoire non pas pour loger des person-nes mais pour accueillir des commerces. Dernier exemple en date, et de taille, la construction d’un énième centre com-mercial et de bureaux entre la rue de Lyon, la route des Franchises et la rue de Bourgogne. Ce complexe va accueillir douze bâtiments entiers dévolus à des activités majoritairement artisana-les et industrielles, mais également des activités tertiaires, des commerces de proximité et des locaux administratifs, le tout tota-lisant pas moins de quelque 47’000m2 ! Le projet, baptisé Quartet, a de quoi étonner. Lorsque l’on sait les difficultés qui connaissent déjà de très nombreux commerçants à rentabiliser leur enseigne face aux milliers de Genevois qui font leurs courses de l’autre côté de la frontière pour des raisons économiques, que de plus en plus de per-sonnes font leurs emplettes via internet pour les mêmes raisons et que l’on constate que les surfaces à louer ne cessent de se multiplier, il y a vraiment, vraiment, de quoi s’interroger. Ce projet Quartet est principalement financé par la Zürcher Kantonalbank, autrement dit la Banque cantonale de Zurich, qui a investi 260 millions de francs pour l’occasion. Les dirigeants de cette insti-tution sont-ils informés du fait qu’en face de leur futur giga complexe se situe Planè-te Charmilles ? Un centre commercial qui peine à louer toutes ses arcades, alors même que son affluence est tout à fait correcte (...), et qui compte encore de nombreux bureaux vides également en recherche désespérée de locataires »
Ouala. mais on ne se privera pas du plaisir de rappeler à l'UDC que la plus belle salle de cinéma de Genève, celle du Plaza, est menacée de destruction pour faire place... à un Centre commercial...

On s'amuse toujours autant au Conseil Municipal de la Ville de Genève : Le PLR et des élus PDC, UDC et MCG, réclament à nouveau  (c'est un rite, une manie) la démission du Maire de Genève, Rémy Pagani, coupable cette fois d'avoir participé à la manifestation «Droit à la Ville» de samedi. Alors bon, d'accord, faut bien que le PLR municipal s'occupe un peu, il peut pas se contenter de chasser le burkini dans les piscines et de transformer des allocations sociales en bons d'achat, mais là, quand même, voir la droite faire la campagne de Rémy pour le Grand Conseil, c'est quand même la voir ajouter la bêtise à la vacuité... Enfin bref, on se réjouit d'avance d'un débat en plénière sur cette proposition bouffonne. Même que si la droite demande qu'elle soit traitée en urgence,  on espère bien que toute la gauche votera l'urgence. Pour qu'on puisse tous ensemble se payer une bonne pinte de bon ratafia pré-électoral... Non sans rappeler au passage que le droit de manifester est un droit politique et qu'on ne cesse pas, à Genève, d'être citoyen quand on devient Maire. C'est de l'alphabétisation politique ? Ouais, mais faut bien de temps en temps y sacrifier le moment d'un simulacre de débat en forme, comme dirait Sandrine, de thérapie de groupe...

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