Genève : Les habitants de la Ville rétablissent le budget de la Ville


Budget semi-participatif

N'était le résultat regrettable de l'initiative sur les Fêtes de Genève, refusée, on a passé un bon dimanche de votations, hier. D'autant qu'à Zurich, la gauche a gagné les élections municipales (au Conseil municipal, le PS gagne 4 sièges, les Verts 2 et la liste Alternative 2… et l'uDC perd six sièges. Et la socialiste Corine Mauch est réélue Maire au premier tour). On reviendra sur la claque infligée à "No Billag" et, à Genève et Bernex (mais pas à Chêne-Bougeries) sur le refus des nostalgies pseudo-villageoises. Là, maintenant, c'est la confirmation du refus des pulsions budgétaires sécatoriales et raboteuses de la droite municipale coagulée de la Ville de Genève qui nous réjouit. Ses coupes dans les dépenses générales ont été refusées à plus de 62 % des voix, celles dans la solidarité internationale à près de 53 % (on peut voir dans la différence de force du refus la prégnance d'un réflexe xénophobe, mais on notera tout de même que c’était, sauf erreur, la première fois en Suisse qu’un budget de solidarité internationale était ratifié par un vote populaire), celles dans la culture à plus de 61 % et celle dans l'allocation de rentrée scolaire à plus de 63 % (c'est le refus le pluis net : pas touche aux prestations sociales !). On connaissait le budget participatif façon Porto Alegre : la population fait le budget municipal. On connaît désormais le budget semi-participatif façon Genève : la Municipalité (le Conseil administratif) fait le budget, la droite fait la gueule, la population ratifie le budget de la Municipalité. Et le Conseil municipal et sa commis-sion des Finances, ils servent à quoi dans cette procédure ? Qui ça ? Le quoi ? La quoi ?


Quod omnes tangit debet ab omnibus approbari


Moins de 2 ans après le vote de juin 2016 lors duquel la population avait déjà largement refusé à plus de 60% des coupes opérées par la droite coagulée dans les budgets de l'action sociale et de la culture, le corps électoral de la Ville a confirmé sa volonté de voir maintenus les engagements et les moyens de la commune. La gauche s'en réjouit, le PS espère que "ce nouveau signal fort de la population devra être entendu par la droite dans le cadre du vote du budget 2018". Mais il n'est pire sourds... En attendant que la droite entende quelque chose du message qui lui est adressé, c'est bien la nouvelle procédure d'adoption du budget de la Ville qui a été confirmée, sanctionnant l'état de la réflexion budgétaire de la majorité du Conseil municipal, capable de couper dans les subventions et les allocations qui viennent en aide à la population la plus précarisée et celles qui assurent une politique culturelle respectueuse du pluralisme des besoins, des publics et des modes de création, en expliquant que c'est pour sauver la Ville d'une catastrophe financière qu'elle annonce depuis dix ans sans que les comptes de la municipalité ne la vérifie (bien au contraire). Cette sanction est aussi celle de la propension de la majorité du Conseil municipal d'empêcher celui-ci de faire correctement le travail d'examen budgétaire pour lequel il a été élu -et qui est la compétence originelle de tous les parlements occidentaux depuis à peu près trois quarts de millénaire. Elle est enfin celle du réflexe sécatorial et équarisseur de cette même majorité lorsque, malgré tout, un projet de budget finit, péniblement, par arriver en commissions, réflexe qui aboutit à un budget amputé et tronçonné, puis à un ou plusieurs référendums contre ce bûcheronnage, et enfin, au rétablissement par le vote populaire du projet de budget initial du Conseil administratif, mais plusieurs mois après qu'il ait été présenté au Conseil municipal -et plusieurs mois après le début de l'année budgétaire, entamée sous le système des "douzièmes provisionnels" du fait de l'incapacité ou du refus de la majorité du Conseil municipal de faire son boulot.
C'est à se demander s'il ne conviendrait pas de permettre aux exécutifs municipaux (à commencer par celui de la Ville) de soumettre directement leur proposition de budget pour l'année à venir au vote populaire, sans passer ni par le plénum du Conseil municipal ni par ses commissions. Car ce qui concerne tout le monde doit être approuvé par tout le monde, et là, depuis deux ans, on a pris le bon rythme : Préparons-nous donc à devoir peut-être, pour la troisième fois, rétablir par référendum le budget municipal.

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