Election du Conseil d'Etat genevois, deuxième Round : un choix clair


Dans une Assemblée générale compacte, le PS genevois a décidé, sans coup férir et sans débat, de présenter la double candidature d'Anne Emery-Torracinta et de Thierry Apothéloz au Conseil d'Etat, Sandrine Salerno s'étant retirée (respect...) pour renforcer les chances d'élection des deux candidats socialistes, et donc de la reconquête d'un siège perdu, alors même qu'elle avait obtenu plus de voix que le PDC Barthassat, figurant pourtant sur la liste unique de l'Entente. En même temps, le PS a confirmé, sans vote, son choix d'une liste unique avec les Verts (et Antonio Hodgers) et "Ensemble à Gauche", (et Jocelyne Haller). Cette liste unique ne se fera pas, mais "Ensemble à Gauche" d'un côté, le PS et les Verts de l'autre,  appellent à voter pour les quatre candidates et candidats de la gauche. 
Ainsi, la gauche genevoise revendique-t-elle une majorité gouvernementale, face à un parlement sans majorité, où la gauche détient un siège de plus que la droite démocratique, et où la droite populiste suisse (UDC) et genevoise (MCG) a perdu douze de ses 31 sièges... Excellentes choses, pour un choix clair, le 6 mai : la droite, en effet, revendique elle aussi une majorité gouvernementale, sur la base d'un programme de casse sociale revendiquée -elle a obtenu pour cela le soutien d'Eric Stauffer. Et de ses sponsors brésilien et thaïlandais ?

« Retour au consensus » ou redécouverte de la cohérence ?


Et maintenant, on fait quoi ? D'abord, on assure le deuxième tour de l'élection du Conseil d'Etat, le deuxième siège socialiste et, si possible, une majorité gouvernementale de gauche. Parce que c'est légitime. D'ailleurs, la droite,démocratique (l'Entente) la revendique aussi pour elle, cette majorité gouvernementale, alors qu'elle n'est pas plus majoritaire que la gauche au Grand Conseil (elle a même un siège de moins, 40 contre 41), ni d'ailleurs dans l'électorat.  La gauche est fondée à revendiquer cette majorité gouvernementale, pour une raison symbolique : parce qu'elle est en progression, et qu'elle est un peu plus forte électoralement et parlementaire que la droite, et pour une raison politique : parce que la droite populiste est en régression, et qu'avec la scission staufférienne et son échec, elle a perdu son aile ultralibérale (qui appelle du fonds de son tombeau électoral à voter pour l'Entente au deuxième tour de l'élection du Conseil d'Etat).

Et puis, il y a la suite de la suite, l'après-élection, les cinq ans à venir. Parce que les élections, c'est un moment, pas une fin, et parce que le parlement et le gouvernement ne sont pas les seuls lieux de l'action politique (surtout dans un  système où le peuple est supposé avoir le dernier mot ».
Dimanche, de sagaces commentateurs politiques, des élus, des présidents de partis, ont prédit, et espéré pour Genève, un "retour au consensus" à la mode helvétique. Un consensus sur quoi ? les modalités de la casse sociale ? Espérons au contraire que si consensus il puisse y avoir, c'est sur la résistance à cette casse, et sur l'invention de nouveaux instruments de solidarité. Un consensus de la gauche, face à la droite, sans le brouillard dissipé par un MCG dévalué. Plus qu'un « consensus » : un réapprentissage de la cohérence entre nos programmes et nos actions, nos proclamations et nos votes.

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