Fonds de tiroir


Donc, le principal soutien de Tariq Ramadan, l'homme d'affaire franco-tunisien Lotfi Bel Hadj, se revendique musulman, républicain et laïc, et assure que ce n'est pas Tariq Ramadan qu'il défend, mais « la présomption d'innocence et les musulmans ». C'est bien aimable à lui, mais ce ne sont pas « les musulmans » qui sont inculpés de viol, mais Frère Tariq. Qui n'est pas « les musulmans » à lui tout seul, même s'il aurait bien voulu.

La fixation des salaires des magistrats communaux était jusqu'à présent de la seule compétence des conseils municipaux : ils les fixaient où ils voulaient, avec comme résultat une inégalité manifeste, explicable seulement par les humeurs desdits conseils. Sous l'impulsion de l'ex-député (et ex-Conseiller admi-nistratif d'Onex) Eric Stauffer, le Conseil d'Etat a décidé de fixer un seuil minimum d'indemnités ou de salaires, de 2000 francs à 15'000 francs par mois en fonction de la taille de la commune (et donc de la charge de travail de ses magistrats), et une quinzaine de communes devront augmenter leurs conseillers admi-nistratifs, maires et adjoints. Toutefois,  en plaçant dans la même catégorie salariale des communes de 3000 habitants et des communes de 49'999 habitants, la « fourchette » proposée a des dents mal réparties : il n'y a pas grand chose de commun entre la charge de travail d'un-e maire de Pregny-Chambésy ou de Satigny et celle d'un-e maire de Carouge ou de Vernier, même si leurs compétences sont les mêmes. Quant à la Ville de Genève, elle est hors barême : ses cinq conseillers administratifs sont considérés, à l'instar des conseillers d'Etat, comme des professionnels, et ont un salaire (et des indemnités) qui dépassent les 200'000 francs par mois. Ce qui correspond à ce qui se pratique dans les quatre autres « grandes » villes suisses. Même pas une petite Genferei? Même pas. On peut quand même pas en pondre tout le temps.

Bonne nouvelle : un nouveau parti populiste de droite est né le 1er mai, sur les décombres du précédent nouveau parti populiste de droite (« Genève en Marche »), lui-même né d'une scission du MCG, parti populiste de droite qui bouffe l'électorat de l'UDC, parti populiste de droite. On est bien contents qu'il y ait encore plus scissipare que la gauche de la gauche : la droite de la droite. Bref, le Conseiller municipal (indépendant) Pascal Spühler, ancien député MCG et candidat de GeM, a annoncé la création du « Parti populaire genevois » (PPGE). Avec pour programme, en gros, le programme de « Genève en Marche » qui était, en gros, le programme initial du MCG, qui lui-même ressemblait au programme de l'UDC. Et on s'interroge : déjà que la scission  de droite du MCG, « Genève en Marche », avait pompé le nom d'un parti français d'aujourd'hui (celui de Macron), voilà que la résurrection de la scission pompe le nom d'un parti français d'avant-hier et de funeste mémoire, le «Parti populaire français» (PPF) de Jacques Doriot -un parti carrément fasciste, antisémite et collabo fondé par un ex-communiste. Pour des francophobes comme le sont nos populistes locaux, il serait temps de s'émanciper des exemples français. surtout quand ils puent autant que le PPF de Doriot...

Le rapport de l'enquête interne visant à faire le point sur la si-tuation au secrétariat de SolidaritéS (« Le parti connaît de sérieux et graves problèmes de fonctionnement interne (...) du machisme mais aussi un déficit dans le fonctionnement démocratique », observe le Conseil-ler municipal Tobia Schnebli) qui a été rendu le 17 mars par Anne-Marie Barone, n'a été présenté à la Coordination du parti (sa direction de fait) qu'un mois plus tard, et seules les trois dernières pages ont été transmises aux parties en conflit (la conseillère municipale Maria Pérez et le désormais député Pablo Cruchon). La correspondante locale du «Temps» y voit « une des bouffonneries dont la gauche de la gauche genevoise a le secret ». Un secret bien partagé : des trucs du genre, on en voit, on en a vu, on verra dans tous les partis. La spécialité de la «gauche de la gauche», c'est seulement de se vouloir «différente» -mais de ne pas l'être. D'ailleurs, au sein , des voix se font entendre au sein de SolidaritéS pour que le « mouvement » se «norma-lise», se dote d'une véritable direc-tion -bref, devienne un parti politique. Une sorte de PS  de gauche de gauche, quoi... Mais qui a besoin d'un PSbis plus petit que le PS? Oui, bon, d'accord, le PS lui-même. Pour sous-traiter le boulot militant...

Donc, à une cérémonie des Vieux Grenadiers genevois (une société patriotico-folklorique fief de l'ancien parti radical), un Conseiller d'Etat PLR (Pierre Maudet) en jeans et une Conseillère administrative socialiste (Sandrine Salerno) en pantalons noir ont passé en revue la compagnie, dans son costume napoléonien. Et un lecteur de la «Tribune (encore) de Genève» a balancé un courrier de lecteur furibard accusant Sandrine Salerno d'avoir affiché « son mépris de la droite » et d'avoir fait preuve d'un «irrespect flagrant» en portant des «leggings ». Qu'elle ne portait d'ailleurs même pas puisqu'elle était en pantalons. En revanche, les jeans délavés de Pierre Maudet ne l'ont pas choqué, le lecteur furibard. Sandrine Salerno regrette qu'au XXIe siècle, à Genève,  on en soit encore à juger les femmes sur leur apparence ou leur vêture, et Micheline Calmy-Rey (qui en a aussi entendu des vertes et des pas mûres sur le même sujet) observe qu'on ne s'offusque guère que des hommes puissent « se présenter avec un gros ventre et mal coiffés » (elle pense à Trump, là ?). Bon, on n'en rajoutera pas, sauf à se demander si on va devoir encore se farcir longtemps les éructations paléolithiques de gens dont on n'a pas franchement envie de savoir à quoi ils ressemblent, eux, physiquement et vestimentairement: le beauf de Cabu ou le gros dégueulasse de Reiser ? Ou un mélange des deux ?

il y a dix jours, un ancien député PLR, René Desbaillet,  s'en était pris au nou-veau Conseiller d'Etat socialiste Thierry Apothéloz : pour Desbaillet, que les Genevois aient préféré élire Apothéloz, qui assume publiquement son homosecualité, plutôt que réélire Lulu Barthassat est « lamentable ». Le PLR laisse dire : « le PLR n'a rien à faire là-dedans », se contente de dire le président du parti, Alexandre de Senarclens. Qui n'a donc rien compris : En fait, Desbaillet annonçait avec dix jours d'avance la journée mondiale contre l'homophobie., et avec huit jours d'avance le lancement par la Ville de Genève d'une campagne contre l'homophobie. C'était vachement subtil comme calendrier : on laisse un connard sortir une connerie, et on l'utilise comme exemple de toutes les conneries auxquelles il s'agirait de mettre fin. Faut juste que le connard ne se rende compte de rien. Et ça bien l'air d'être le cas.

Miettes d'élections :

A l'élection du Grand Conseil, il n'y a plus qu'une commune où le MCG est le premier parti : Chancy. ça vaut bien la peine de cultiver la frontaliérophobie pour n'être en tête que sur la frontière...

On retrouve dans nos vieux papiers l'édito du « Temps » du lendemain de l'élection du Grand Conseil. Titre : «Une journée d'élections, et Genève est de retour en Suisse». Parce qu'elle l'avait quittée ? Ben merde, on nous avait rien dit. Et puis, dans le corps du texte, cette prière : « Dès le 15 mai, les nouveaux députés genevois vont devoir réapprendre le consensus » car « aucune majorité nette n'est en effet sortie des urnes ». Parce qu'il y en avait une avant, de « majorité nette»? Ben merde, on n'avait pas remarqué... Heureusement qu'on lit « Le Temps » pour être au courant...

Hosannah ! Il y aura un tiers de femmes au Grand Conseil, après l'élection du Conseil d'Etat et la «montée» de « viennent-ensuite » à la plaxce des ministres élu-e-s. Un tiers de femmes au parlement alors que les femmes sont majoritaires dans la popu-lation ? On se contente de peu. Faut dire que la part de femmes au Grand Conseil est lourdement plombée par leur totale absence au sein du groupe UDC et leur sous-représentation dans celui du MCG. Et que si elle s'accroît, c'est parce que la gauche, qui tend vers la parité, a progressé... Tout est normal, quoi : tant qu'on devra se farcir des partis de beaufs, on attendra la parité...

Commentaires

Articles les plus consultés