Nouveau gouvernement genevois : Pas maudit, Maudet



Le président du PDC genevois se posait "la question de la désignation de Pierre Maudet" à la présidence du Conseil d'Etat, le président des Verts se posait la question de la présence même de Maudet au Conseil d'Etat, la présidente du PS considérait que Maudet ne pouvait plus conserver la tutelle politique de la justice et de la police, le syndicat de la police judiciaire assurait que les policiers ont "perdu toute confiance et tout respect" en/pour Maudet... Résultat des courses ? Pierre Maudet prend comme prévu la présidence du Conseil d'Etat tout en gardant la sécurité et l’aéroport. Serge Dal Busco lâche les Finances mais reprend les transports, Thierry Apothéloz hérite de la culture, des sports etdu social que lâche Poggia, Nathalie Fontanet se retrouve aux Finances, Anne Emery-Torracinta se concentre sur la formation et l'instruction publique, Antonio Hodgers élargit son champ à l'environnement, l'agriculture, le nature et le développement durable, Mauro Poggia lâche le social mais gagne l'inspection et les relations du travail... Chaque camp politique est dans son écosystème : Les finances et la sécurité à la droite, l'environnement, la culture et le social à la gauche, les infrastructures et les transports au centre. On change les noms des départements, on s'échange les services et les offices, on redéfinit les champs, mais on ne bouleverse rien : on réorganise. Un peu. Une sorte de Genferei molle...

"Affaire Maudet" : pas d'emballement, un emballage...

Avant les zélection cantonales genevoises, on avait eu le cas Barthassat, et quelques un-e-s auraient bien voulu qu'on ait un cas Emery-Torracinta, en lui balançant Tariq Ramadan dans les gencives. Et donc, maintenant, les élections cantonales genevoises passées, on a le cas Maudet. Genève, c'est la République qui a toujours une affaire sur le feu. Donc, on vous résume la dernière : du 26 au 30 novembre 2015, Maudet, sa femme, ses trois gosses, son chef de cabinet et un copain entrepreneur dans l'immobilier, Antoine Daher, font une virée à Abu Dhabi pour le Grand Prix de formule 1 du coin. Maudet rencontre sur place le prince héritier de l'Emirat. Il reconnaîtra que le voyage et le séjour (plusieurs dizaines de milliers de francs, quand même) ont été payés par un tiers, Saïd Bustany, un entrepreneur libanais ami de Daher et directeur d'une société présidée par un proche du prin ce héritier que Maudet avait rencontré. Au passage, on apprend que le Ministère Public a ouvert en août 2017 déjà une procédure pour "acceptation d'un avantage". Et que Maudet, retrouvant la tradition papiste des Indulgences, a versé aux églises protestante et catholique l'équivalent du coût de son escapade. Puis on se souvient qu'un appel d'offre lancé par l'aéroport de Genève pour la maintenance au sol juste avant le voyage de Maudet à Abu Dhabi a été remporté peu après par une entreprise d'Abu Dhabi, Dnata. Du coup, de gros nuages pleins de suspicions diverses et variées planent sur la tête de Maudet : est-il intervenu dans le choix de Dnata ? Il ne le pouvait vraisemblablement pas. A-t-il alors prodigué des conseils à kidedroit à Abu Dhabi pour que l'entreprise locale remporte l'appel d'offre ? On ne sait pas. Mais tout le monde s'est emballé, vu que Maudet, mieux élu de tous les nouveaux et renouveaux conseiller-e-s d'Etat, était tout désigné pour prendre la présidence du gouvernement. Pour le syndicat des services publics, qui avait dénoncé les conditions de travail imposées à ses employés par la société, Dnata a bénéficié d'un traitement de faveur et sa concession doit être révoquée. Le président du PDC genevois se posait "la question de la désignation de Pierre Maudet (à la présidence du Conseil d'Etat) vu la symbolique de la fonction". Le président des Verts allait plus loin : c'est "la question de (la place de Pierre Maudet) au Conseil d'Etat" qui  peut se poser... La présidente du PS considérait, elle, que Maudet ne pouvait plus conserver la tutelle politique de la justice et de la police et garantir leur "fonctionnement libre". Et le syndicat de la police judiciaire enfonçait le dernier clou en assurant que les policiers ont "perdu toute confiance et tout respect" en/pour Maudet, et ne pourront plus "jamais s'identifier à celui qui a toujours exigé d'eux une exemplarité à toute épreuve en mission comme dans le privé". En cette fin de printemps, il était déjà habillé pour l'hiver, SuperMaudet. Même par les media qui chantaient ses louanges il y a six mois. Il n'y avait guère que le président du PLR qui assurait que "la situation n'a pas changé" et que la présidence "revient" toujours à Maudet... alors que partout ailleurs dans le marigot politique genevois, on se mettait à chercher qui, au Conseil d'Etat, pourrait devenir président si Maudet ne le pouvait plus. On (surtout Poggia) pensait  à Poggia, à Dal Busco, à Hodgers... Et Maudet, alors, on en aurait fait quoi ? un ambassadeur à Abu Dhabi ? Un prince héritier suppléant ? Il y a une rue du Stand avec un N° 25, à Abu Dhabi ?

"Le Temps" d'hier évoque en édito un "risque d'emballement" de l'"Affaire  Maudet". D'emballement ? D'emballage, plutôt : on s'aperçoit tout soudain que ce ne sont pas les présidents de partis ou la "Tribune (encore) de Genève" qui élisent le président du Conseil d'Etat et répartissent les dicastères entre les membres du Conseil d'Etat, mais les membres du Conseil d'Etat. qui, pour choisir leur président prennent le mieux élu d'entre eux. Il y a de la logique là-dedans. Maudet a donc des faiblesses, des doutes ? Il est faillible ? Pas intouchable ? On nous en dévoilera tant... Au moins en a-t-on fini avec le Maudet justicier et dénonciateur des faiblesses des autres, et, devenu, tout président qu'il soit désormais, Conseiller d'Etat normal, ne pourra-t-il pas nous la jouer "jupitérien"... Et on pourra passer à autre chose.

Commentaires

Articles les plus consultés