"Discours de Saint-Pierre" du président du gouvernement genevois : Fumeux"contrat de législature"


"Débattons sereinement, avançons conjointement, agissons résolument", a prêché le Maire de Champignac... euh... non, le président du Conseil d'Etat genevois, en un lieu idéal pour un prêche : non un désert mais un temple (celui de Saint-Pierre). Et ce fut prédication de consensus : "Le peuple nous demande de chercher l'entente et le dialogue. Il est fatigué des luttes stériles. Les illusionnistes ne font plus recettes" (ce qui explique sans doute l'absence totale de la fumeuse traversée routière du lac dans le discours du président du gouvernement). Et Maudet d'appeler les partis à passer entre eux (entre eux tous ? du MCG à Ensemble à Gauche) un contrat de législature pour permettre à l'Exécutif de concrétiser ses projets, notamment de réforme de l'imposition des entreprises. Alors, sur quoi le passer, ce "contrat de législature" ? et entre qui ? et avec quel contenu ? Disons que pour le moment, et sans doute pour un assez long moment, les réponses à ces questions sont.... comment dire... assez fumeuses...

"Il n'est pas certain que tout soit incertain"


Avant les élections, la "Tribune (encore) de Genève" s'était fendue d'un sondage auprès de ses lecteurs, sur les problèmes qui leur paraissent être les plus importants se posant à Genève -et donc ceux auxquels une solution devrait être prioritairement apportée. Or aucune solution à aucun de ces problèmes ne fait consensus, ni ne pourrait être contenue dans un "contrat de législature", sauf à produire un contrat totalement dépourvu de la moindre crédibilité. Première préoccupation des Genevois : le logement. Quel consensus entre le PLR et le PS peut-on imaginer pour y répondre, à la lumière de leur prise de position respective sur le PAV ? Deuxième préoccupation : la mobilité. Avec quelle réponse concevable comme commune au MCG et aux Verts ? Troisième préoccupation : la santé. Peut-on attendre une position commune du lobby des cliniques privées et d'"Ensemble à Gauche" ? Et sur l'emploi (quatrième préoccupation), une position commune de l'UDC et des syndicats ? Et sur la sécurité, une nuit de noces politiques entre Maudet et les syndicats de la police ? Et quand les "sondés" recommandent à la fois de développer les transports publics (34 % des réponses), de faire la traversée routière du lac (32 % des réponses) et de maîtriser les dépenses publiques (52 % des réponses), on leur répond comment ? En leur promettant une demie-traversée du petit lac, des transports publics développés sans financement additionnel et des dépenses publiques maîtrisées avec une PF17 qui les plombera de plusieurs centaines de millions ?
On aura au moins noté l'absence totale de la moindre allusion, dans le discours de Maudet, à la traversée routière du lac, comme si nos Magnifiques Seigneurs Syndics s'étaient enfin rendu compte que ce projet hérité du siècle précédent était à la fois impossible à financer et nuisible à construire. Acceptons-en (mais prudemment) l'augure : ça fera au moins un dossier pour lequel on ne perdra pas de temps à chercher un consensus impossible. On doute de pouvoir le trouver sur les autres dossiers, mais on sera bien contents d'être débarrassés de celui-là. Comme disait Pascal (l'autre, celui qui pensait), "Il n'est pas certain que tout soit incertain". L'obsolescence de ce machin, elle, est certaine. On attend seulement que le gouvernement confirme explicitement qu'il l'a transféré aux Archives d'Etat. C'est sa place (au dossier, pas au gouvernement. Pas encore).

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